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V SIECLE.

n. 1.

de Mergamite, accompagnerent la rétractation de Léporius
d'une letre adressée aussi à Procule et à Ciline. Cette letre
est très honorable à la mémoire de Procule en particulier.
'En y disant qu'il a repris à propos et avec juste sujet Lépo-
rius de ses erreurs, ils rendent témoignage et à son zéle con-
tre l'erreur, et à sa sagesse pour ramener à la vérité ceux qui
s'en étoient écartés. Ils nous font comprendre que Procule n. 1. 2.
reprit d'abord Léporius dans un esprit de douceur, qu'ensui-
te l'aïant trouvé indocile, il avoit usé de la rigueur que l'A-
pôtre veut que l'on emploie envers les inquiets, et l'avoit
excommunié; qu'enfin le voïant rebelle et incorrigible, il n. 7.
l'avoit chassé de son Diocèse. Ils louënt la conduite que Pro- n. 2.
cule a tenue dans cette affaire, et ne font pas même difficul-
té d'avouer que sans la sévérité dont il avoit usé envers Lé-
porius, le soin qu'ils avoient pris de le ramener à la vérité,
auroit peut-être été inutile. Ils lui disent qu'ils lui envoïent n. 3.
à lui et à Ciline la rétractation de Léporius, qu'ils sont per-
suadés leur devoir être très-agréable. En les priant de la ré-
pandre dans les Gaules, afin de lever le scandale que ses er-
reurs y avoit causé, ils prient Procule en particulier de leur
écrire.

Ce fut apparemment une des dernieres actions de la vie de nôtre grand Evêque, qui sera mort vers le même temps que le Pape Zosime en 418 ou 419. Il paroît presque certain qu'il n'a pas vêcu au-delà de ce terme. Car il faut se souvenir que 46 à 47 ans auparavant, il avoit assisté au Concile d'Aquilée, comme député des Gaules, et comme aïant déja par conséquent quelques années d'Episcopat. Il ne nous reste plus aujourd'hui ni letres ni aucun autre monument du scavoir de ce grand Evêque.

II CONCILE DE VALENCE

DANS LA VIENNOISE.

N met un Concile à Valence dans cette partie de la Cone. Supp. p. 20.
Viennoise que nous nommons aujourd'hui le Dau-

phiné, au sujet de Maxime Evêque de cette Ville mais il
ne paroît ni actes de ce Concile, ni aucune preuve certai-

V SIECLE.

Conc. t. 2. p. 1585.

p. 1584.

Ibid.

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:

ne qu'il se soit tenu à Valence ou ailleurs seulement' il est certain que le Pape S. Boniface en indiqua un dans les Gaules pour être célébré avant le premier jour de Novembre de l'an 419. La letre circulaire pour sa convocation est dattée du 13 de Juin de la même année, sous le Consulat de Monaxe, et adressée à quatorze Evêques nommés, et en général à tous ceux des Gaules et des sept Provinces. Les Evêques qu'elle nomme, sont Patrocle d'Arles, Hilaire de Narbone, Castor d'Apt, Léonce de Fréjus, Constantin ou plutôt Constance d'Orange, Remi, Maxime, Sevére, Valere, Julien, Jean, Montan, Marin, et Maurice, desquels on ne sçait pas certainement les Sieges.

'Le sujet de la convocation de ce Concile étoit pour juger la cause de Maxime, Evêque de Valence. Les Ecclésiastiques de cette Ville avoient présenté une Requête au Pape, pour accuser leur Evêque de divers crimes que l'on prétendoit qu'il avoit commis à la vûe de toute la Province. Selon la letre de S. Boniface, on prétendoit même montrer par les actes d'un Synode, qu'il avoit été engagé autrefois dans la Secte des Manichéens : ce qu'il faut entendre des Priscillianistes, qui suivoient plusieurs de leurs erreurs, et qui s'étoient répandus dans les Gaules, comme nous avons dit sur le siecle précédent. On alléguoit encore d'autres actes où il paroissoit que Maxime avoit été appliqué à la question par ordonnance des Juges civils, et condamné même comme coupable d'homicide. Les Papes prédécesseurs de Boniface avoient souvent ordonné qu'il seroit jugé par les Evêques de sa Province; et cela paroissoit, ce semble, par les actes de quelque Concile mais Maxime avoit évité toûjours de comparoître, et se tenoit caché en quelque lieu, où il retenoit néanmoins le titre d'Evêque. On ne sçait point quel est ce Concile dont il est parlé dans cette letre, et l'on ignore si celui qu'ordonna S. Boniface se tint effectivement. On n'a pas plus de lumiere sur ce que devint dans la suite toute cette grande affaire de Maxime.

V SIECLE.

S. SEVERE SULPICE,

PRÊTRE D'AQUitaine.

S I.

HISTOIRE DE SA VIE.

E saint si illustre dans l'histoire, avoit pour nom propre Till. H. E. t. 12.

C celui de Sévere, plus ordinaire parmi les anciens qui

1

hist. 1. 2. n. 57.

a Gen. vir. ill.c. 19.

parlent de lui et pour surnom celui de Sulpice. Ce dernier est néanmoins devenu le plus commun dans nôtre usage. On n'en sçauroit donner de raison précise; à moins que de dire que c'est peut-être parce qu'il se nomme toûjours ainsi dans ses dialogues. 'Il marque bien clairement qu'il n'étoit pas Gaulois, Sulp.dial.1.n.20.| c'est-à-dire de la Celtique, mais de l'Aquitaine, a comme Gennade le dit positivement. L'opinion commune le fait de la ville d'Agen, "sur ce qu'en parlant de S. Phébade, il l'ap- Sulp. hist. 1. 2. n. pelle nôtre Evêque. Mais on peut assûrer que ce fondement 59. p. 408. est très-équivoque; 'puisqu'un peu auparavant il donne la n. 57. p. 401. même qualification à l'Evêque Gavidius, qui se trouva avec S. Phébade au Concile de Rimini. Ainsi il veut seulement dire que ces deux Evêques étoient d'Aquitaine comme lui. 'Sulpice étoit plus jeune que S. Paulin de Nole son ami intime. C'est ce qui fait croire qu'il ne sera né qu'après 353. 'Il étoit d'une famille illustre, et considerable par les titres qui font la grandeur du monde. Il avoit l'esprit doux et si plein de bonté, qu'il ne pouvoit refuser qu'avec peine et confusion. Il se mit dans le Barreau, comme tous les jeu

2

1 C'est ce qui paroît comme certain, 'en ce qu'il se nomme lui même Sulpice Sévere dans quelques-uns de ses écrits: car nous avons déja remarqué ailleurs, que la coûtume des Romains de ces temps-là vouloit que le dernier nom fût le nom propre d'une

2 Hoc ego Gavidium Episcopum nostrum....referre solitum audivi. Il y auroit même plus de raison à faire S. Sulpice du

Paul. ep. 5. n. 1. 4.
Till. ibid. p. 586.
Genn. ibid. Paul.
Paul. ep. 5. n. 5. 6.

vit. M 1.5. v. 195. |

personne qui en portoit plusieurs. Que si Sulp. ad Bass. p.
nôtre Saint a dans ses dialogues prend le 489.
nom de Sulpice, c'est peut-être qu'il a a Till. ibid.p.689.
voulu imiter les anciens Romains, dont la 1.
maxime en cela étoit différente de celle des
Romains postérieurs.

Diocèse de ce Gavidius; puisqu'il paroit Sulp. hist. 1.2.n.37.
avoir eu avec lui une familiarité particu-
liere.

V SIECLE.

nes gents de qualité avoient accoûtumé de faire en ce tempslà. C'étoit la porte la plus ordinaire par laquelle on entroit dans les grandes dignités. Sulpice parut extrêmement sur ce théâtre du monde. Il y acquit même la gloire de surpasser les autres pour l'éloquence, et d'exceller soit dans les letres, soit dans les dons de l'esprit. 'Gennade le qualifie en effet un Paul. ep.11.n.11. homme illustre pour l'érudition; 'et S. Paulin assure que ses ouvrages étoient aussi éloquents que chastes.

Genn. ibid.

Sulp. vit. M.pr.p. 438.

c. 12.

'Sulpice n'avoit pas une si haute idée de lui-même : car il prétend n'avoir jamais acquis une capacité fort grande pour écrire, et qu'en écrivant la vie de S. Martin vers 397, il avoit Voss. hist. lat. 1.2. oublié le peu qu'il avoit sçu. 'Cependant cette vie même et encore plus son Histoire Sacrée, passent aujourd'hui, au jugement des plus habiles dans les Letres, pour les ouvrages les mieux écrits, que nous aïons en latin entre les Auteurs Ecclésiastiques. Ainsi Sulpice par ces expressions ne veut appaPaul. ep. 5. n. 6. remment dire autre chose, sinon 'qu'après avoir embrassé la profession du silence et de la piété, il avoit renoncé à la lecture de Ciceron, et à toute autre étude de la Literature profane, comTill. ibid p. 589. me le dit S. Paulin de Nole son ami. 'L'on voit cependant par ses écrits, qu'il conserva plus que S. Paulin, l'air d'Orateur qu'il avoit pris dans le monde.

Paul. ep. 5. n. 5.

'Il épousa une femme fort riche d'une famille Consulaire, Till. ibid. p. 587. peut être de celle des Basses, que Prudence met entre les familles Patriciennes, qui avoient embrassé des premieres la Religion Chrétienne : mais elle le laissa bien-tôt veuf, dans la jouissance des grands biens qu'elle lui avoit apportés, et ne lui donna point d'enfants; au moins l'Histoire ne nous en apprend Sulp.adBass.p.489. rien. 'Elle étoit fille de Bassule, qui semble avoir été de TouPaul. ep. 5. n. 6. louse, 'et dont S. Paulin parle souvent avec éloge, et comme 19. ep. 31. n. 1. d'une Dame de la plus éminente piété.

ep.5.n.5. ep.11. n. 5.

'De la maniere que le même Saint nous représente la vie de Sulpice dans le monde, où ils avoient lié une amitié trèsétroite, il paroît qu'elle avoit été plus conforme aux inclinations corrompues de la nature, qu'aux sentiments de Sulp. ad Aur. p. la grace de J. C. 'Sulpice ne fait pas lui-même difficulté

487. vit. M.

Paul. ep 5.

d'en convenir, avoüant que sa conduite n'avoit pas été telle, qu'elle pût servir d'exemple aux autres. 'Mais un mouvement puissant de l'Esprit Saint par un miracle visible, lui fit rompre en un moment tous les liens qui l'attachoient au siecle; quoiqu'il fût alors à la fleur de son âge, estimé généralement

de

de tout le monde, et en possession de beaucoup de richesses. Il méprisa avec la même générosité la réputation qu'il s'étoit acquise par son esprit, 'et renonça à toutes sortes d'études profanes.

V SIECLE.

Ibid. | Sulp.vit.M.

pr. p. 438.

Paul. vit. M. 1.

v. 193-198.

Till. ibid. p. 588.

'Sulpice suivit donc J. C. de tout son cœur, et devint plus illustre dans l'Eglise par l'amour qu'il conçut pour l'hu- Genn. ibid. milité et la pauvreté Chrétienne, qu'il ne l'auroit pû être dans le siecle par toute la noblesse de sa race, et par l'éclat de son éloquence. 'Certaines circonstances font juger qu'il se convertit vers l'an 392. 'La visite qu'il rendit alors à S. Martin, et l'exemple de la vie pénitente de S. Paulin, que le Saint lui mit sous les yeux, pour le porter à quitter le monde, et à se donner à J. C. opererent sans doute avec grace cet heureux effet sur son cœur. 'S. Martin fit voir dial. 2. n. 14. dès lors l'estime qu'il faisoit de Sulpice, en lui donnant un

la

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Sulp. vit. M. n.

26.

accès particulier auprès de sa personne, 'et en le choisissant n. 15. même quelquefois pour l'accompagner dans ses voïages. Il ad Aur. p. 485. conçut pour lui l'affection d'un véritable pere; et Sulpice lui 487. voüa réciproquement toute la tendresse d'un fils.

489.

'Il semble que son pere, qui vivoit encore, le deshérita, Till. ibid. p. 389. voïant qu'il avoit pris le parti de la pieté. Mais outre le bien qu'il eut de sa femme, 'il trouva une mere très-libérale en Sulp. ad. Bass. p. la personne de Bassule sa belle-mere. C'est apparemment ce qui lui fit quitter le païs de sa naissance, pour se retirer dans quelqu'une des terres de sa femme, ou de Bassule vers Toulouse. Il y fit sa demeuré au moins depuis 393, jusqu'en 405. Till. ibid. p. 593. Ce fut-là que vivant éloigné du monde en une compagnie de gents qui ne songeoient qu'à servir Dieu, il pratiqua toutes les observances d'un véritable Moine. S. Paulin dans ses letres nous a laissé une description aussi touchante qu'instructive de la vie pauvre et pénitente, que son illustre ami mena dans sa retraite. Sulpice cependant ne porta pas d'abord la pauvreté aussi loin que S. Paulin. 'Il avoüoit dans une letre Paul. ep. 11. n. 12. qu'il lui écrivit vers 397, qu'il admiroit et sa pauvreté et son dénuëment de toutes choses; mais qu'il ne l'admiroit qu'avec fraïeur. Qu'il souhaittoit de l'imiter, et de se réduire au simple nécessaire, sans penser au lendemain ; mais qu'il n'en avoit pas encore la force.

'Gennade assûre que S. Sulpice étoit Prêtre; et l'on n'en Genn. ibid. doute nullement aujourd'hui: mais il est très-difficile de dire

précisement en quelle année il fut ordonné, ' et les plus ha- Till. ibid. p.689.2.

Tome II.

N

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