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les idées les plus fimples, que l'homme doit à la nature, ont acquis cette élé vation & cette fublimité , qui les laifTent bien loin d'elle; de favoir de quelle manière des notions les plus communes, font forties les découvertes les plus hardies; enfin de s'assurer par quelle forte de miracle une main mortelle a pu mefurer l'infini, foumettre à des caleuls la marche irrégulière, quoique majestueuse, des aftres qui nous éclairent, & dévoiler à la fois & le fecret du Créateur dans la formation de la foudre, & fes opérations mystérieuses dans le centre de la terre pour la génération des métaux. J'ai déjà mis au jour ces dernières découvertes (*). Il s'agit dans l'Ouvrage que je publie aujourd'hui, de rendre compte de celles qu'on a faites dans les Sciences intellectuelles: j'appelle ainfiles

(*) Voyez l'Histoire des Sciences exactes, & celle des Sciences Naturelles.

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Sciences qui ont l'entendement humain pour objet : de forte que j'expose ici l'origine & les progrès de l'art de penser, de raisonner & de diriger les opérations de l'esprità la connoissance de la vérité,. à celle de l'être en général, & en particulier de la nature de l'ame & des attributs de la Divinité. C'est-là cette grande partie des Sciences intellectuelles qu'on appelle Metaphysique.

Mais l'ame, étant unie au corps, est souvent trompée par ses paffions; & pour foutenir avec fermeté toutes les tempêtes qu'elles élèvent dans le cœur, & même pour les diffiper, ceux d'entre les membres de la République des Lettres, qui se sont dévoués à l'étude des principes qui peuvent conduire à ce but, (c'est ce qui forme la Morale) ont fait connoître ce qui est essentiellement bon & abfolument nécessaire, afin de tirer l'ame de la preffe, & de con

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server ce calme bienfaisant, cette dou ce tranquillité, qui font le bonheur de la vie. De là les Réglemens & les Loix pour maintenir la paix dans une société; l'usage des Langues, pour communiquer les idées, & le talent de la parole, afin de les embellir & de les faire valoir.

Ce font les opinions qu'on a eues, les conjectures qu'on a formées, & les systemes qu'on a imaginés sur ces objets importans, & encore les découvertes qu'on y a faites, qui composent l'Hiftoire des Sciences intellectuelles. On y verra beaucoup d'écarts; car, en suivant pas à pas toutes les démarches de l'ef prit humain, dans l'invention des Scien ces & des Arts, on rencontre souvent des nuages qui les couvrent, des ténè bres qui les dérobent à la recherche, & de fausses lueurs qui égarent, Tout cela forme cependant l'Hif

toire des Sciences que je viens de nommer; parce que les erreurs, en Métaphysique & en Morale, servent souvent de marche-pied aux vérités les plus fenfibles.

Ainfi donc j'enregistre dans cette composition ces vérités d'autant plus belles, qu'elles font les lumières de l'efprit, comme j'ai consigné dans l'Histoire des Sciences exactes & des Sciences naturelles, celles qui en font l'ornement & la gloire.

Pour completter cette entreprise, peut-être faudroit-il joindre à ces productions, l'Histoire des progrès de l'efprit-humain dans la Science de la nature (ou l'Histoire naturelle); mais c'est au Public à décider s'il fuffit de mon zèle pour le fatisfaire sur un sujet fi digne de sa curiofité. J'observerai seulement qu'on ne fauroit trop se hâter de mettre à l'abri des tems & des révolutions, nos richesses Philofophiques, & de prévenir la corruption du goût, qui fait tous les jours des progrès réels.

On l'a dit: il y a une Philofophie qui corrompt l'esprit, tandis qu'elle prétend l'élever & le fatisfaire : c'est celle qui régne depuis plusieurs années. Après avoir brillé avec le plus grand éclat dans le fiècle de Louis-le-Grand, les Sciences ont dégénéré dans celui de Louis le Bien-Aimé. Comme si l'esprit s'étoit épuisé par de trop grands efforts, on l'a vu tomber dans l'affoiblissement. Le mauvais goût a trouvé des approbateurs, & le faux Savant a été protégé. D'abord on a donné dans le précieux & le Néologifme. On a enfuite abandonné les principes de cette invention in génieuse, par laquelle on savoit, il y a peu de tems, nous inftruire en nous amusant; & nos plaisirs froids & lan

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