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cœur. C'eft-là, Meffieurs, la principale partie de l'éloge de M. le Duc d'Aumont. Mais nous ne devons pas oublier ce qui nous regarde plus précisément, & qui n'a pas peu fervi au progrès de la connoiffance des Médailles affez négligée dans les fiécles paffés. M. le Duc d'Aumont a long-tems affemblé chez lui l'élite des perfonnes fçavantes & curieufes. Sa grande politeffe les y attiroit avec joie, & fa magnificence leur fournissoit tous les jours les antiques les plus rares pour exercer leur critique. Son propre goût aidoit à former celui des autres, donnoit de l'émulation à tout le monde ; & ces affemblées qui occupoient fi honorablement fon loisir, ont produit des éclairciffemens confidérables fur l'Hiftoire & fur la Chronologie an¬ cienne.

Lorsque le Roy a augmenté cette Compagnie, il jetta d'abord les yeux fur M. le Duc d'Aumont, comme fur l'un des fujets les plus propres à l'orner par fa perfonne, & à l'aider par fes connoiffances & par fon goût exquis dans tout ce qui regarde les Arts. Nous l'avons vû affifter avec plaifir à nos affemblées; & fans fes continuelles occupations, nous fçavons que fon affiduité auroit été plus grande. Pour tout dire enfin, l'Académie a perdu en lui ce qu'elle aura peine à réparer. M. le Duc d'Aumont étoit né avec toutes les graces corps, avec une grandeur d'ame qui ne s'eft jamais démentie, plein de valeur & de conduite, fidéle à tous fes devoirs, libéral & magnifique. Il a été regretté du Roy, de toute la Cour, & particuliérement de cette Compagnie, qui honorera & chérira toujours fa mémoire.

du

1705.

publique

ques.

ELOGE

DE M. PAVILLON.

Q

UAND la louable coutume établie dans cette Compagnie Affemblée ne m'obligeroit point à faire l'éloge d'après Pâ- de feu M. Pavillon, il y auroit quelque efpéce d'ingratitude à moi de manquer à lui rendre ce pieux devoir. M. Pavillon, foit par quelque inclination naturelle dont il m'eft doux de me flatter, foit par l'attachement qu'il remarqua en moi pour fa perfonne, me donna, dès mes plus jeunes ans, beaucoup de part dans fon amitié. Mon amour pour les Lettres, joint à un extrême defir d'apprendre & de me former fur de bons modéles, l'invita à cultiver le peu de génie qu'il crut trouver en moi

pour

pour l'Eloquence & pour la Poëfie, & il m'affocia à tout ce que la France avoit alors de plus fublimes & de plus rares efprits. Si j'avois eu affez de talent pour profiter d'une Société fi avantageuse, quel ne vous paroîtrois-je pas aujourd'hui ! avec quelles graces ne vous peindrois-je pas le plus aimable des hommes ! quelles fleurs ne jetterois-je pas fur fon tombeau! Mais heureusement ce n'eft pas ici le lieu des panégyriques, je dois me reftraindre dans un fimple éloge, pour satisfaire en même tems à mon devoir & à l'amitié que je dois à sa mémoire.

Etienne Pavillon eft né à Paris en 1632. Son pere, petit-fils d'un - des plus célébres Avocats du Parlement de Paris, étoit alors dans une fortune affez confidérable; & par l'alliance que le mariage de fa foeur

Tome I.

B

lui avoit procurée avec une des plus puiffantes familles de la Robe, il pouvoit raisonnablement fe promettre des établissemens confidérables & éclatans pour un fils capable 'des plus grands & des plus brillans emplois. Il ne fe contenta pas de le faire inftruire dans toutes les bonnes lettres, il voulut encore lui donner en entrant dans le monde, une éducation solide, qui lui fervît de guide dans tout le refte de fa vie. Pour cet effet il l'envoya près du faint Evêque d'Alet fon frere, dont la piété a été fi connue. Ce fut-là que notre illuftre Confrere prit goût à l'étude de l'Ecriture-Sainte & des Peres, dans laquelle il fit de grands progrès, & qui lui donna une facilité merveilleuse pour s'expliquer fur toutes les matiéres de la Religion. A fon retour il fut pourvû de la

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