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CHAP. le magafin des fantaifies des hommes, VII. s'imagine que l'on feroit très-heureux, ou du moins bien habile, fi on favoit tout ce qui eft contenu dans ces amas de volumes, & ne les regardent pas autrement que comme des tréfors de lumieres & de verité. Mais ils en jugent bien mal. Quand tout cela feroit réuni dans une tête, cette tête n'en feroit ni mieux reglée, ni plus fage, ni plus heureufe. Tout cela ne feroit qu'augmenter fa confufion, & obfcurcir fa lumiere. Et après tout elle ne feroit differente d'une bibliotheque exteguere rieure. Car comme on ne peut lire qu'un livre à la fois, & qu'une page dans ce li vre; de même celui qui auroit tous les livres dans fa memoire, ne feroit capable de s'appliquer à chaque heure qu'à certain livre, & à une certaine partie de ce livre. Tout le refte feroit en quelque forte autant hors de fa penfee, que s'il ne le favoit point du tout: & tout l'avantage qu'il en tireroit, eft qu'il pourroit quelquefois fuppléer à l'abfence des livres en cherchant avec peine dans fa memoire ce qu'elle auroit retenu, encore n'en feroitil pas fi affure, que s'il prenoit la peine de s'en inftruire à l'heure même dans un livre.

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Bornes étroites de la fcience des hommes: notre efprit racourcit tout. La verité même nous aveugle fouvent.

Prince hommes, il faut defcenOur comprendre donc ce que c'eft que dre comme par divers degrés iufques aux bomnes où elle est réduite. Elle feroit peu de chofe quand notre efprit feroit capable de s'appliquer tout à la fois à tout ce que nous avons dans la memoire, parceque nous ne connoitrions toujours que peu de verités. Cependant, comme je le viens de dire, nous ne fommes capables de connoitre qu'un feul objet, & une feule verité à la fois. Le refte demeure enfeveli dans notre memoire comme s'il n'y étoit point. Voilà donc déja notre fcience réduite à un feul objet. Mais de quelle maniere encore le connoît-on ? S'il renferme diverfes qualités, nous n'en regardons qu'une à la fois. Nous divifons les chofes les plus fimples en diverfes idées, parceque notre esprit eft encore trop étroit pour les pouvoir comprendre toutes enfemble. Tout eft trop grand pour lui. Il faut qu'il racourciffe tout ce qu'il confidere, ou qu'il en retranche la plus grande partie pour les proportionner à la petitefle.

La vie de notre efprit eft à peu près femblable à celle de notre corps; je veux dire qu'elle eft auffi fuperficielle & auffi bornéc,

des

CHAP. Nos yeux ne penetrent point la, profondeur
VIII. corps, ils s'arrêtent à la furface. Plus
ils étendent leur vue, plus elle eft confu-
fe: & pour voir quelque objet exactement,
il faut qu'ils perdent de vue tous les au-
tres. Que fi les objets font éloignés, ils les
reduifent par la foioleffe de l'organe qui en
reçoit l'image, à la petiteffe des moindres
corps que nous avons auprès de nous. Ces
mafies prodigicufes qu'on appelle des écoi-
les, ne font qu'un point à nos yeux, &
ne nous paroiffent prefque que des étincel-
les. C'eft-là l'image de la vue de notre ef-
prit. Nous ne connoiffons de-même que
fa furface, & l'écorce de la plupart des cho-
fes. Nous en détachons comme une feuille
délicate pour en faire l'objet de notre pen-
fee. Si les objets font un peu étendus, ils
nous confondent. Il faut neceffairement
que nous les confiderions par parties, &
fouvent la multiplicité de ces parties nous
rejette dans la confufion que nous voulions
éviter. Confufum eft quidquid in pulverem se-
Etum eft. S'ils ne font pas préfens à nos fens,
nous ne les atteignons fouvent qu'en un
point, & nous nous formons des idées fi
foibles & fi petites des plus grandes & des
plus terribles chofes, qu'elles font moins
d'impreffion fur nous, que la moindre de
celles qui agiflent fur nos fens.

Ce n'eft pas encore tout. Quoique ce que
notre efprit peut comprendre de verité foit
fi
peu de chofe, la poffeffion ne lui en eft
pas néanmoins ferme ni aflurée. Il y eft
fouvent troublé par la défiance & lincerti-
tude; & le faux lui paroît 1evêtu de cou

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leurs fi femblables a celle du vrai, qu'il ne CHAP. fait où il en eft. Ainfi il n'embraffe fon ob- VIIL jet que foiblement & comme en tremblant, & il ne fe défend contre cette incertitude que par un certain inftinct, & un certain fentiment qui le fait attacher aux verités qu'il connoît, malgré les raifons qui femblent y être contraires.

Voilà donc à quoi fe réduit cette fcience des hommes que l'on vante tant, à connoître une à une un petit nombre de verités d'une maniere foible & tremblante. Mais de ces verités combien y en a-t-il peu d'utiles? & de celles qui font utiles en ellesmêmes, combien y en a-t-il peu qui le foient à notre égard, & qui ne puillent devenir des principes d'erreur? Car c'est encore un effet de la foibleffe des hommes, que la lumiere les aveugle fouvent auffibien que les tenebres, & que la verité les trompe auffi-bien que l'erreur. Et la raifon en eft que les conclufions dépendant ordinairement de l'union des verités, & non d'une verité toute feule; il arrive fouvent qu'une verité imparfaitement connue, prife par erreur comme fuffifante pour nous conduire nous jette dans l'égarement. Combien y en a-t-il, par exemple, qui fe précipitent dans des indifcretions par la connoiffance qu'ils ont de cette verité particuliere, que nous devons la correction au prochain? Combien y en a-t-il qui autorifent leur lâcheté par des maximes très-veritables touchant la condefccndance chré→ tienne?

étant

Si l'on ne voit point de chemin, on s'é

Vil des corp is eten fe:& p i fac

mes. O reduifen reçoit COLDS maties les, ne

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