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relles & inanimées, qui lui défend d'atta- CHAR cher fon amour à aucune autre chofe qu'au IL fouverain Etre puifqu'il ne le peut faire fans fortir de fon ordre, & fans s'abaifler au-deffous des chofes qui lui font infericures ou inégales. C'eft cette juftice divine qui brille dans nos efprits, comme dit le même faint Auguftin, qui nous rend aimable tout ce qui y eft conforme, quand même nous n'y trouverions rien d'ailleurs qui attirât notre amour. Ce n'eft qu'en aimant & en fuivant cette juftice, que les hommes font juftes; & qu'en s'en éloignant, qu'ils font injuftes & pecheurs.

Ce font ces jugemens & ces juftifications dont David parle fi fouvent, c'eft-à-dire les regles & les ordonnances juftes & laintes qui inftruifent l'homme de ce qu'il doit faire, & qui font écrites dans Dieu même, parcequ'elles ne font autre chofe que fa VOfonté toute jufte & toute équitable. C'est cette fageße dont parle le Sage dans tous les livres, qu'il faut fans ceffe defirer, qu'il faut chercher comme l'argent, qui nous fert de guide dans notre chemin, & qui habite en Dieu & avec Dieu. Omnis Sapuntia à Do- Eccli. I. mino Deo eft, & cum illo fuit femper, & eft ante avum.

V. I.

Ce font ces préceptes que l'Ecriture appelle éternels, & qu'elle nous commande d'avoir toujours devant les yeux, & de conferver dans notre cœur ; qui doivent marcher avec nous; qui ne nous doivent point quitter dans le fommeil même, & qui doivent ête Prov. 6. le premier objet de nos penfécs à notre ré- v. 21.

II. Prov. 6.

CHAP. laveris, gradiantur tecum, cum dormieris cuftodiant te, & vigilans loquere cum eis. C'eft cette lumiere qui tait que nous fommes enfans de lumiere & qui fait lės uns marchent dans les tenebres, & les autres dans la lumiere, felon qu'ils l'abandonnent, ou qu'ils la fuivent. Quia mandatum luarna eft, & lex lux.

23.

Rom. I. 17.

Jean. I.

છે.

que

C'eft cette verité, felon laquelle il eft dit des juftes, quis marchent dans la veritè, qu'ils font dans la verité, & qu'ils font la verité. Enfin c'eft Dieu inênic, puifque tous ces noms ne fignifient que la volonté de Dieu, & que la volonté de Dieu eft Dieu même.

Cette juftice, cette loi, cette verité divine nous eft manifeftée par l'Ecriture fainte, & principalement par l'Evangile. Et c'eft un des fens de ce verfet de faint Paul: La justice de Dieu nous y eft revelée, la justice qui vient de la foi, & Je perfectionne dans la fol. JUSTITIA enim Dei in eo revelatur ex fide in fidem. Mais la revelation exterieuré ne fert de rien, fi Dieu n'éclaire interieurement nos efprits, s'il ne luit en eux comme verité & comme lumiere, & s'il ne leur découvre la beauré de fa juftice. Et c'estpourquoi il eft dit, qu'il y a une veruable lumiere qui éclaire tout homme qui vient au monde : ERAT lux vera que illuminat omnem hominem venientem in hunc mundum. C'est-àdire, que les homines ne font eclairés qu'au tant qu'il plait a cette lumiere divine & increée de luire dans leurs efprits.

C'eft en fuivant cette juttice, en s'y conformant, en l'aimant,‍& en ́la delirant, le

que les hommes juftes croiffent en juftice. CHAP. C'eft en s'en éloignant qu'ils font injuftes, IL méchans, corrompus, déreglés, parceque cette juftice eft l'ordre effenciel, la vertu effencielle, la fainteté effencielle. Et comme cette juftice eft Dieu même, il eft clair que l'amour de cette juftice eft l'amour de Dieus que c'eft la même chole que la charité ; & qu'agir par l'amour de la juftice, c'eft agir par charite, & par principe d'amour de Dieu.

Et par la on peut voir qu'on poffede quel quefois la charité, & qu'on agit par principe de charité fans le favoir; & qu'on eft quel quefois fans charité, & que Ton agit fans charité, quand on croit en être vivement touché. Car il y a des perfonnes qui ne fentant point de devotion fenfible envers l'humanité de J. C. en lifant quelquefois fa Paf, fion fans attendriffement & fans ferveur, s'imaginent qu'elles n'aiment pas JelusChriit, parce que leur amour n'eft pas accompagné de cette devotion fenfible. Mais fi ces perfonnes ont une grande horreur de l'injuftice & du peché, fi elles aiment la juftice & la loi de Dieu, fi elles la trouvent jufte & fainte, fi elles obéillent avec amour, & qu'elles ne vouluffent pas même pecher, quand Dieu leur promettroit Pimpunité, elles aiment veritablement Je fus-Chrift comine Dieu, parcequ'il eft cette juftice, cette fagefle, cette loi éternelle qu'elles aiment. Il y en a au-contraire qui reffentent quelquefois des mouvemens fenfibles pour Jefus-Chrift, qui yerlent des larmes en lifant ce qu'il a fouffert pour nous, & qui néanmoins n'ont aucun veritable

y

Pf. 18.

2.

Ibid.

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amour pour Dieu parcequ'ils n'aiment point la justice & le jugement, comme parte Ecriture, qu'ils ne font point penetres d'un certain fentiment qui fait trouver la loi de Dieu toute aimable, & toute juste, & qui nous y foumet avec amour.

CHAPITRE III.

Combien David étoit touché de l'amour de la loi de Dieu. Excellence du Pfeaume: Beati immaculati.

'Eft de l'amour de la loi de Dieu que

C'est touche lorfqu'il

ibid. v. 9.

ibid.

10.

::

s'écrie dans fes Pleaumes: La loi de Dicu eft toute pure, elle attire les ames par sa beauté Lex Domini immaculata convertens animas. Les ordonnances de Dieu font fidelles, on n'eft jamais trompé en les fuivant. Elles donnent la fageffe, non aux orgueilleux qui y refiftent, inais aux humbles qui s'y foumettent: Teftimonium Domini fi dele, fapientiam præftans parvulis. Les jultices, c'eft-à-dire, les volontés toutes juftes du Seigneur font la droiture même, & elles comblent les ames de joie : Juftitia Doming rcle, latificantes corda. Ses commandemens font pleins de lumiere, & ils éclairent les yeux de l'ame: Preceptum Domini lucidum, illuminans oculos. La crainte du Seigneur eft fainte, elle ne paffe pas comme celle des homes, elle demeure éternellement : Timor Domini fanctus, permanens in feculum fal Les jugemens de Dieu font la verké

même, & ils font juftes par eux-mêmes: CHAP. Judicia Domini vera, juftificata in femetipfa. III. Ils font plus defirables que toutes les ri- ib. v. 10. cheffes du monde, & plus doux que le miel le plus délicieux: Defiderabilia fuper aurum ib. v. II.

lapidem pretiofum multum, & dulciors Super mel favum. Toutes ces expreflions viennent d'une ame tranfportée de la beauté de la loi de Dieu, de fa juftice, de fa droiture, de fa douceur, & qui s'efforce d'exprimer les mouvemens qu'elle reffent, & que Dieu forme en elle, au même tems qu'il fait briller cette loi divine dans fon cfprit.

Auffi l'Eglife eft fi perfuadée que cer amour de la loi de Dieu, eft le fondement de la pieté chrétienne, que c'eft en quoi confifte la vraie charité, & que la méditation de cette loi doit être notre entretien continuel, qu'au-lieu qu'elle partage en des jours differens les autres inftructions de Ecriture & les autres Pleaunes, & qu'elle ne nous oblige pas de nous y appliquer chaque jour; elle nous donne pour notre nourriture de tous les jours, ce Pleaume * Le Pf. admirable où David demande à Dieu par 118. tant d'expreffions differentes la connoiffance & l'amour de fa loi. Et cela, afin qu'en le recitant à toutes les heures de jour, ce nous foit un avertiflement continuel de ne perdre point de vue cette divine lumiere, qui nous peut feule conduire dans les tenebres de cette vie, & fans laquelle nous fommes toujours dans l'égarement.

Tout ce que contient ce Pleaune, fe reduit à cette priere de faint Paul: Domine

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