Imágenes de páginas
PDF
EPUB

2. 10.

2. I.

,

CHAP. quid me vis facere? ou à ce vertet d'un au III. tre Pieaume: Doce me facere voluntatem Pf. 142. tuam, quia Deus meus es tu. APPRENEZmoi à faire votre volonté parceque vous êtes mon Dieu. Tous les verfets de ce Pleaume merveilleux ne dilent que la même chofe, quoiqu'en une infinite de manieres differentes. Par exemple, quand le ProphePf. 118. te dit dès le commencement: Beati immaculati in via, qui ambulant in lege Domini HEUREUX ceux qui fe confervent fans tache dans la voie qui marchent dans la loi du Seigneur. Il temoigne à Dieu qu'il admire le bonheur de ceux qui obfervent fa loi, & par-là il fait voir le defir qu'il a de leur être femblable. Or ce defir expofe aux yeux de Dieu, eft une priere par laquelle on lui demande qu'il nous fafle la grace de connoî tre cette foi, & qu'il nous donne la force de l'accomplir. Quand il dit de même que ceux qui commettent des crimes, ne marchent .v.3. point dans les voies de Dieu Non enim qui operantur iniquitatem, in viis ejus ambulaverunt, c'eft comme s'il jettoit un regard d'indignation contre la vie des perfonnes déreglees, & un regard d'amour, & d'une fainte jaloufie vers la vie des gens-de-bien; & ce double regard enfermant l'amour de la juftice, & la haine de l'injuftice, cft une double pliere par laquelle il demande à Dieu la connoiffance & l'amour de la loi. Il ne feroit aife de parcourir ainfi tous les autres verfets, pour montrer qu'ils fe rapportent tous au même but.

[blocks in formation]

Reflexion fur la priere de faint Paul: Sei gneur, que voulez-vous que je fafle? 1. Qu'il faut demander à Dieu de connoître fes propres devoirs. Comment la connois·fance des devoirs d'autrui nous peut deve nir propre.

fe par laquelle on A repetition fi frequente que l'Eglife

LA

demande de connoître la volonté de Dieu, fait voir qu'il n'y en a point de plus importante. C'eft pourquoi il eft bon d'en bien penetrer le fens, & de favoir à quoi elle s'étend; & c'est ce que nous pouvons apprendre de la maniere dont faint Paul fa exprimée, en difant: Seigneur, que voulezvous que je faffe? DOMINE, quid me vis facere? On y doit remarquer, 1. qu'il ne demande pas feulement à Dieu en géneral ce qu'il faut faire; c'eft ce qu'un Chrétien eft obligé de faire; mais qu'il lui demande ce qu'il devoit faire en particulier. Il ne defire pas feulement d'être inftruit des devoirs communs, mais auffi de fes devoirs particuliers. Car il y a des loix de Dieu qui font en quelque forte generales, parcequ'elles doivent être obfervees par tout le monde, & il y en a de particulieres qui dépendent de nos differentes difpofitions. Chacun a fon don de Dieu, & il faut prendre garde de ne pas vouloir le fervir dans le don d'un autre. Dieu ne demande pas les mêmes cho

IV.

CHAP. fes à tous. Ce qui eft vertu a l'un, pen être un vice à un autre. Nous avons en quelque forte chacun notre voie differente pour aller à Dicu, & il lui faut demander qu'il nous fafle connoitre, non-feulement la voie commune, mais auffi cette voie qui nous eft propre. Domine, quid me vis facere?

Ainfi ces paroles prifes en ce fens peuvent fervir à nous préferver d'une illufion ordinaire aux perfonnes de picté, qui eft de méditer peu fur leurs propres obligations, & de s'appliquer beaucoup a celles des autres. Il y en a qui favent fort bien ce que doivent faire les Rois, les Grans, les maitres & les ferviteurs, les Confeffeurs, les penitens, les riches, les pauvres, & qui ne favent pas ce qu'ils doivent faire eux-mêmes. Ils appliquent tout aux autres, & rien à eux. Ils font pleins de difcours d'edification pour l'inftruction d'autrui, & ils font pauvres & fteriles pour eux-memes. C'est qu'ils ne demandent' pas à Dieu fincerement qu'il leur faffe connoitre ce qu'il veut qu'ils faffent. Car une des premieres lumieres que Dieu leur donneroit, ce feroit qu'il veur qu'ils s'appliquent beaucoup à eux, & peu Zach. 3. aux autres : Que precepit tibi Deus, cogita illa femper PENSEZ toujours à ce que Dieu vous commande, dit le Sage. Il ne nous refte donc point de tems pour penfer a ce qu'il commande aux autres à moins qu'il ne nous commande lui-même d'y penfer, & que ces penfees mêmes ne falfent une partie de nos devoirs, & ne nous fervent à nous en acquitter plus fi lellement. Car il n'eft pas ablolument mauvais de méditer fur les

22.

obligations des differentes conditions; mais CHAP. il n'en faut pas demeurer là, & il faut s'ap- IV. pliquer à foi-même ce que l'on aura décoùvert des devoirs des autres.

:

Pourvu que l'on ait cette vûe, il n'y a prefque point de réflexion fur les devous d'autrui qui nous foit interdite car il n'y a prefque point de connoiflance qui fe rapporte tellement aux autres, qu'elle ne produife en nous quelque devoir & quelque obligation particuliere, & que l'on ne pût reduire en pratique pour fa propre édification, fi l'on avoit le même foin de tirer du profit des richeffes fpirituelles qui paffent par notre efprit, que les avares en ont de profiter des richeffes temporelles qui leur paffent par les mains.

Nous connoillons, par exemple, les dangers de l'état des Grans, la multitude des devoirs dont ils font chargés, les difficultés qu'ils ont à s'en acquiter. Remercions Dieu de ne nous avoir pas fait naître Grans; prions pour ceux qui le font; rendons graces à Dieu pour ceux qui s'acquitent de leurs devoirs; admirons leur vertu; édifions-nous de leur exemple; humilionsnous en nous comparant à eux. Nous con-' noiffons la difficulté de la vie des Prêtres: Que cette penfee eeigne en nous tout defir d'un état fi haut & fi dangereux; qu'elle nous porte à demander a Dieu qu'il donne des Pretres faints a fon Eglife, & qu'il fanctifie ceux qui le font. Nous avons quelque lumiere pour reconnoître le relâchement de. plufieurs Monafteres? Que cela nous porte 2 en gemir devant Dieu, & à entrer dans

des fentimens de crainte; puifque ce font autant de marques de la colere de Dieu fur l'Eglife, dont nous devons craindre de ref fentir les effets, fi nous n'avons foin de les prévenir par l'humiliation & la penitence. Ainfi nous faurons pour nous-mêmes tout ce que nous faurons pour les autres ; & ces connoiffances au-lieu de nous tirer hors de nous, ferviront au-contraire à nous y rap peller.

Pf. 118.

10. S.

CHAPITRE V.

2. Reflexion. Qu'il faut demander des lumieres de pratique; & regler encore plus les mouVemens interieurs, que les actions exterieures. 3. Reflexion. Qu'il faut demander à connoître la volonté de Dieu toute entiere.

A feconde réflexion qu'on peut faire

demandant a Dicu ce qu'il vouloit qu'il fit, il ne lui demande pas des lumieres fpeculatives qui lui cuffent été inutiles pour la conduite, mais il lui demande celles qui lui étoient neceflaires pour agir. Domine, quid me vis facre? Et cela nous apprend que les lumieres qu'il nous eft permis de rechercher, & de demander à Dieu, font celles d'actions. Ce font celles qui nous font neceflaires conduire nos pas. Votre parole eft une lampe qui éclaire mes piés, & une lumiere qui_ine fait voir les fentiers où je dois marcher. LuCERNA pedibus meis verbum tuum, & lumen femitis meis. Nous ne devons pas de

pour

« AnteriorContinuar »