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tion, & qui n'elt jamais fans danger.
Ainfi la pente & l'inftinct d'un homme
de bien eft de tendre au filonce autant qu'il
lui eft poffible, parceque la lumiere de cette
vie confifte principalement à bien connoi-
tre la profondeur de fon ignorance. De
forte qu'au lieu que ceux qui avancent
dans les fciences humaines en deviennent
ordinairement plus décififs, ceux qui avan-
cent dans la fcience de Dieu, deviennent
au- contraire plus retenus, plus refervés,
plus portés à fe taire, moins attachés à leurs
fens, & moins hardis à juger des autres;
parcequ'ils découvrent de plus en plus com-
bien nos connoiffances font obfcures &
incertaines i combien on fe trompe fou-
vent dans les chofes que l'on croit le mieux
favoir combien la précipitation à juger
fait commettre de fautes; combien on cau-
fe souvent de defordres par des avis & des
jugemens temeraires.

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La devife d'un payen étoit qu'à mesure. qu'il vicillifloit, il apprenoit tou ours plufleurs choles, γηράσκω δε ἀεὶ πόλλα διδασκόμε Vos. Mais un Chrétien pourroit en quelque forte en prendre une toute contraire, & dire, qu'a mefure qu'il vicillit dans l'exercice de la vertu, il defapprend toujours plufieurs chofes; c'eft-a-dire, qu'il recon→ noit toujours de plus en plus qu'il y a une infinité de chofes que le monde avance hardiment, & qu'il foûtenoit autrefois avec les autres, comme des velités certaines, qui non-feulement ne le font pas mais qui font au- contraire très- faulles

2

CHAP.

X.

X.

CHAP. cer air présomptueux & décifif, & de cette multitude de imaximes témeraires que les perfonnes peu eclairées propofent d'ordinaire fans défiance & fans fcrupule.

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aug

сит

C'eft peut-être la raison pour laquelle l'Ecriture reprefentant l'état d'un homme qui a commencé a porter le joug du Scigneur dès la jeuneffe, & qui a ainfi menté la grace de l'innocence par une pratique continuelle des vertus, ne lui donne point d'autre exercice que de fe tenir en Jerem. repos & de fe taire. Bonum eft viro Thren. portaverit jugum ab adol jamia fua. Sede3. v. 27. bit folitarius & tacebit. La folitude & le 28. filence font le terme & la recompenfe out l'accroifiement de la pieté nous conduit, & où l'on arrive par l'innocence de toute la vie, parcequ'il n'y a que cet état qui foit conforme aux fentimens que la grace nous infpire, & aux lumicres qu'elle nous

donne.

Plus on connoît Dieu, plus fa loi paroit profonde, admirable, infinie, plus on la refpecte, plus on craint de la bleffer; plus on regarde avec étonnement l'infinite des voies de Dieu, & limpuillance où l'homine eft de ls comprendre, plus on eft perfuadé des tencbres & de la foiblefle de l'efprit hunain, plus on hait fa préfomption & fa hardielle. Et toutes ces difpofitions portent a parler le moins que C'est ce qui peut. eft admirablement exprimé par ces paroles de l'Ecriture: Deus Eccli. S. 1. enim in calo, tu fuper terram ; idcirco pana fint fermones tui: Ceft-a-dire, que Dieu eft dans le ciel où habite une lumiere inac

lon

ccffible

ceffible aux hommes, & que nous fommes CHAP fur la terre plongés dans les tenebres & dans X. l'ignorance: & que cette double connoiffance nous oblige de parler peu de ce qui regarde Dicu: Idered fint pauci fermones tui.

Plus auffi on aime Jefus-Chrift, plus on le regarde dans fes freres; & ainfi on craint plus de les bletter, de les condanner, & de jes fcandalifer par des jugemens temeraires, ou par de fauffes maximes.

Ce font des mouvemens naturels de la gra→ ce chrétienne; ceux qui ne les fentent pas doivent les exciter en eux en confiderant les verités qui les produifent, & tâcher d'éteindre ou d'amor de plus en plus chaque jour cette préfomption inconfiderée, qui porte à condanner temerairement les autres, ou à avancer fur la morale chrétienne des maxiines au hazard, que l'on n'a jamais examinées, & que le plus fouvent même on le doit croire incapable d'examiner, parce que l'on n'a pas affez de connoillance des principes dont elle dépend. Qu'ils le défallent aujour d'hui d'un de leurs jugemens temeraires, & demain d'un autre : & par ce progrès conti nuel ils arri veront enfin à une difpofition de retenue & d'humilité, qui leur fera regarder avec étonnement cet état, dans lequel ils parloient de toutes chofes au hazard, qui leur étoit infenfible, lorfqu'ils y étoient.

FIN.

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DES ENDROITS DE L'ECRITURE fainte expliqués dans ce Volume.

GENESE, chap. 17. verf. 1. chap. 38. & 39.

,

PROVERBES, chap. 1o. verf. s.

PSEAUME 118. verf. I.

verf. 3.

verf. 120.

Is. verf. 2.

28. verf. 5.

SAGESSE, chap. 9. verf. 15.

22. ver.33.

ECCLESIASTIQUE, ch. 3. V. 19.

ISATE, chap. 2. verf. 3.

HABACUC, chap. 2. verf. 4.

page 88

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173

ACTES des Apôtres, ch. 9. v. 6. 69. & §. 14. verf. 1,.

EPITRE aux Romains, ch. 1. verf. 17. aux Philippiens, chap. 4. verf. 7. aux Coloffiens, chap. 1. verf. 9. EPITRE de S. Jacque, chap. 1. v. 19. APOCALYPSE, ch. 14. V. 19. & 20

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