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fameufes

par fa défaite le vainqueur Le 8 François fe rendit maître de Suze & de Août. Carmagnole, tandis qu'un Corps de troupes de la même Nation réduifoit toute la Savoye.

Les Puiffances maritimes eurent part aux malheurs & à la honte de leurs Alliés; leurs flottes combinées furent vain- Le 10 cues & diffipées dans la Manche par celle Juillet. de France qui demeura maîtreffe de l'une & de l'autre Mer.

Mais le lendemain de cette défaite dont les fuites épouvantoient toute l'Europe, Guillaume III. raffura fon Parti Le 16 Juillet. en gagnant la bataille décisive de la Boyne; fon infortuné beau-pere fut fe confoler en France de la perte de trois Couronnes dans les exercices de la plus fublime piété, & dans l'amitié de Louis XIV. on combattit encore pour lui en Irlande, mais enfin lorfqu'on s'apperçut qu'il avoit fait à Dieu le facrifice de fes Couronnes, la guerre languit, & fes principaux partifans, les fideles Irlandois, vinrent le joindre en France, qui devint pour eux, comme pour lui, une feconde Patrie; l'élection du Roi d'Hongrie à la dignité de Roi des

T

Romains, confola la Maifon d'Autriche des victoires de fa rivale ; l'heureux Léopold eût pu voir fon fecond fils l'Archiduc Charles, Roi d'Efpagne, s'il eût écouté les confeils des partifans qu'il avoit dans ce Royaume; mais il crut trop que la fucceffion de CharlesII. ne pouvoit lui échapper; ce qui aida encore à le tromper, fut le crédit immenfe que prit d'abord en Espagne l'époufe qu'il avoit donnée au Roi; il s'en falloit pourtant bien que Marie-Anne de Neubourg(a)fût autant aimée & respectée que celle dont elle rempliffoit la place. Les Efpagnols, en la voyant, regretterent davantage leur derniere Reine; ils n'appercevoient en celle-ci ni le génie, ni l'affabilité, ni les graces qui leur avoient rendu Louife d'Orléans fi chere; ils ne pouvoient lui pardonner de recevoir comme des ora

(a) Marie-Anne de Neubourg, après avoir été long-tems détenue par les vents contraires fur les côtes d'Angleterre, arriva le vingt-fept Mars à la Corogne fur une efcadre de vaiffeaux Anglois & Hollandois ; le Roi & toute la Cour. furent au-devant d'elle jufqu'à Valladolid où le mariage fut célébré avec affez de trifteffe, attendu que le Roi avoit le cœur plein de sa chere Louise d'Orléans.

cles les décifions d'un Capucin & d'une femme de chambre qu'elle avoit emmenés de fa Patrie, & qui compofoient tout fon confeil dans lequel elle admettoit quelquefois le Comte de Malgar, (D. Thomas Enriquez de Cabrera ), qui parvint depuis à la dignité de premier Miniftre par la protection de la Reine. Ce qui acheva de lui aliéner les cœurs, fut l'opiniâtreté avec laquelle elle foutint les intérêts de fon neveu, l'Archiduc Charles qu'elle vouloit porter fur le thrône, au lieu d'accoutumer les Peuples à ce jeune Prince, & de l'attirer en Espagne; elle fouffrit que l'Empereur, en cela plus condamnable qu'elle, l'élevât dans un mépris choquant & injurieux pour les mœurs, les coutumes & les perfonnes des Efpagnols. Nous ne pouvons nous empêcher, en paffant, d'obferver que rien ne contribua plus à tranfporter dans une maison étrangere les vingt-deux Couronnes qui compofoient la Monarchie Espagnole, que la connoiffance qu'eurent les Peuples, que le maître qu'on leur deftinoit ne les aimoit, ni ne les eftimoit.

On verra dans la fuite que

ni les ver

tus de ce Prince, ni les forces de l'Europe, ni les fuccès les plus imprévus ne purent faire changer en fa faveur les fentimens d'une Nation trop fiere & trop généreufe pour pardonner le mépris. 1691. Le Roi Guillaume, vainqueur du malheureux Stuard, paffa au commencement de cette année à la Haye où il jouit de la gloire de voir les Ambaffadeurs de toutes les Têtes couronnées de l'Europe, & prefque tous les Souverains de l'Empire au nombre de fes courtifans; mais dans le tems que cette multitude de Princes & de Miniftres encenfoit fes fuccès & fes talens, & qu'elle fembloit attendre de lui comme d'un Dieu la foudre qui devoit les venger de la France. Louis XIV. parut devant Mons avec cent mille hommes les mefures néceffaires pour le fuccès de cette entreprife éclatante avoient été concertées avec une fageffe fupérieure; loin de s'attendre à une telle expédition, l'Europe croyoit que Louis XIV. feroit heureux de fe tenir fur la défenfive, & de ne perdre que quelques Places; le Roi Guillaume & tous les Miniftres dont il étoit environné furent merveilleufement déconcertés; cependant il

fe

le hâta de raffembler fon armée, & de la mener vers l'ennemi, mais il n'approcha de Mons que pour être témoin de fa prife (a); le Maréchal de Luxembourg à qui Louis XIV. avoit confié fon armée, contint toute la campagne celle des Alliés plus nombreuse, & la termina en battant à Leuze avec vingt-huit efcadrons foixante & douze efcadrons Anglois, Hollandois, Allemands & Efpagnols foutenus d'un grand Corps d'infan

terie.

Si on ne fut pas plus heureux du côté Le 19 des Alpes, ce n'étoit ni faute de Géné- Sept. raux, ni faute de troupes : le Duc de Savoye, l'Electeur de Baviere, le Prince Eugene & le Marquis de Leganès qui, tous ensemble, commandoient l'armée compofée d'Espagnols, d'Allemands, d'Italiens, de François réfugiés, & de Suiffes, ne purent empêcher les François de s'emparer du Comté de Nice & du Marquifat de Saluces; cependant le Prince Eugene plus habile que tous fes Col

(a) Mons défendue par le Prince de Bergues capitula le neuf Avril après feize jours de tranchée ouverte.

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