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fans, le Prince d'Orange fuivi des Efpagnols & de fes Hollandois, vint affiéger Voerden; mais le Duc de Luxembourg accourut avec une armée inférieure, le vainquit, & lui fit lever le fiége; l'afcendant que prit l'immortel Luxembourg dans cette journée fur le Général des Hollandois, ne fe démentit jamais; on fçait qu'il eut depuis la gloire de le vain cre par-tout. Le Prince d'Orange, avec de nouveaux renforts, rétablit fon armée & vint affiéger Charleroi, mais le malheur le fuivoit par-tout; il fut obligé de lever le fiége, & de fuir.

Ce Prince qui faifoit un apprentiffage fi malheureux de la guerre, étoit le plus heureux négociateur de fon fiécle; il avoit foulevé la moitié de l'Europe contre l'ennemi qu'il combattoir; il reçut alors de la Cour de Madrid un honneur perfonnel auquel il n'avoit guères lieu de s'attendre; fon Envoyé fut traité comme ceux des Ducs de Savoye & de Lorraine. Si on eût dit à Guillaumé le Taciturne profcrit & tué par les ordres de Philippe II. que fa poftérité & la République dont il étoit le fondateur, feroient un fiécle après défendus, proté

gés & honorés par l'Efpagne, quel eût été son étonnement? C'est ainsi que les intérêts, les vûes & les alliances changent avec le tems & les circonstances. C'eft ainfi que les Oracles des Politiques ne font prefque toujours que des menfonges.

Cependant la protection accordée à la Hollande fut, comme nous verrons, fatale à l'Espagne; il n'avoit pas tenu aux Miniftres de Louis XIV. qu'elle ne lui eût déjà été funefte; quelques-uns d'eux avoient confeillé à leur Roi de donner la paix aux Hollandois, & d'envahir les Pays-Bas. Le motif de cette guerre eût été légitime, & la victoire certaine. L'hiftoire qui ne pardonne rien aux plus grands Rois, reproche cette inaction à Louis XIV. comme une de fes plus grandes fautes.

L'Italie étoit auffi le théâtre de la guerre entre le Duc de Savoye & la Ré publique de Gènes; la France protégeoit le Duc: il falloit que l'Efpagne fecourût la République ; mais il en fut de cette guerre comme d'une infinité d'autres qui font oubliées, lorfqu'elles n'ont produit d'autres évenemens que la mort de quel

ques

milliers d'hommes; on ne fe fouvient que de celles qui ont changé la deftinée des Etats: au refte, la paix fuccéda bientôt à la guerre par un traité conclu l'année fuivante.

1673. La Régente figna un traité avec la Hollande, par lequel elle s'obligeoit de déclarer la guerre à la France toutes les fois qu'elle en feroit requife par les Etats Généraux; la guerre fut en conféquence: déclarée à la France, & le Prince d'Orange nommé Généraliffime des armées. Efpagnoles dans les Pays-Bas ; la Flandres, le Rouffillon, l'Alface & enfuite la Sicile devinrent le théâtre de cette guerre, une des plus malheureufes que l'Efpagne ait effuyées; l'Empereur, PElecteur de Brandebourg, prefque tout l'Empire & Ja Hollande combattoient avec l'Efpagne; le Roi de France, malgré ce nombre infini d'ennemis, conquit en perfonne l'importante place de Maeftricht; mais il fut obligé d'évacuer toutes les conquêtes en Hollande; le Duc de Luxembourg raffembla l'année fuivante une armée difperfée dans quarante Places, & la ramena en France, malgré les obftacles que tâcha d'y apporter le

Prince d'Orange avec une armée infiniment fupérieure; l'Electeur de Brandebourg vaincu en détail, & pourfuivi par Turenne, dont l'armée étoit inférieure des deux tiers à la fienne, avoit été obligé de recevoir un traité de neutralité avec la France, pour ne pas expofer fes, Etats; mais voyant la moitié de l'Europe déclarée contre la France, il fe joignit de nouveau aux ennemis de Louis. XIV. malgré la foi du traité qu'il venoit de figner.

La Franche-Comté étoit le théâtre des troubles; cette Province qui l'année précédente avoit demandé & obtenu un Gouverneur Efpagnol, fe plaignoit que, ce Gouverneur avoit déjà enfraint fes priviléges les plus grands qu'aucun Pays it jamais eus; le Marquis de Difimieux, de l'illuftre Maifon de Beaufremont, étoit à la tête des Mécontens, & demandoit hautement qu'on rappellât le Gouverneur. La Cour céda, le Gouverneur fut rappellé, & la Province rentra dans le devoir; la foibleffe du Gouvernement Espagnol fi fenfible en cette occafion, eût peut-être moins de part à cette condefcendance que la jufte crainte de voir

la Franche-Comté fe jetter entre les bras de la France; mais comment expliquer la conduite de la Cour, elle paroiffoit craindre que Louis XIV. ne conquît cette Province, & cependant elle ofa rejetter les offres que ce Prince lui propofoit, de laiffer la Franche-Comté neutre ; la Reine demanda en vain aux Suiffes paffage pour les troupes Efpagnoles & Al lemandes deftinées à la défense de cette Province. Louis XIV. avoit pris les devants, & l'or de la France rendit les Suiffes fourds aux prieres de la Maifon d'Autriche.aavoli endoga. Lori

Dom Pedre, Régent de Portugal, découvrit à Lisbonne une confpiration formée contre lui, & appuyée par l'Efpagne en faveur du Roi déthrôné; il donna ordre à fon Ambaffadeur Govea de fe plaindre vivement à la Reine d'Espagne; Govea exécuta avec fierté les ordres de fon Maître, & employa les menaces; mais le Peuple de Madrid trouva fes plaintes fi injurieufes à la Nation, qu'elle viola à fon égard le droit des Gens; on l'affiégea dans fon Palais, on pilla fes équipages, on maffacra fes domeftiques," &l'Ambaffadeur lui-même n'évita un pa

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