reil fort que par une prompte fuite; la foibleffe feule du Portugal l'empêcha de venger tant d'outrages. L'Impératrice Marguerite d'Autriche, fœur du Roi & de la Reine de France, mourut cette année à l'âge de vingt-trois ans; elle ne laiffa qu'une fille, époufe de l'Electeur de Baviere: de ce mariage vint un fils unique, le Prince Electoral mort dans le tems qué fes grandes deftinées, les voeux de l'Efpagne, & les convenances de l'Europe l'appelloient au throne de Charles II. L'Empereur parut pénétré de la mort de fon époufe, Princeffe d'un mérite fupérieur ; fa douleur & fes regrets furent tels qu'il protella qu'il auroit abdiqué l'Empire, s'il avoit eu un fils fur qui il pût fe décharger du fardeau du Gouvernement; la Maifon d'Autriche étoit alors réduite à Charles II. & à Léopold. a Le Parlement d'Angleterre força fon 1674 Roi Charles II. l'ami & le Penfionnaire de Louis XIV. de faire un traité de paix particulier avec la Hollande; l'Efpagne qui eut beaucoup de part à cette récon ciliation, n'oublia rien po grande Roi Anglois à entrer dans la grande al D liance, mais fes intrigues furent inutiles; l'Electeur de Cologne & l'Evêque de Munfter allié des François, fuivirent l'exemple de l'Angleterre. Le Roi de France fut réduit à fes propres forces; l'Espagne & fes Alliés efpererent alors humilier à leur tour Louis XIV. Les foldats de l'Allemagne, l'argent de la Hollande, & fa marine qui n'avoit point fuc combé fous les efforts de la marine Angloife & Françoife, fortifioient encore les efpérances des Potentats ligués; mais il s'en fallut que le fuccès répondit aux projets; l'Efpagne fur tout éprouva les défaftres les plus grands, & fournit la matiere des plus infignes, triomphes à la France. Au refte, à voir le peu d'efforts que que firent les Efpagnols pour le défendre, foit par une véritable impuiffance, foit plutôt par l'indolence & l'incapacité de la Reine; on n'auroit jamais, cru qu'ils euffent la guerre avec le Roi le plus redoutable de l'Europe 3 eux mêmes n'auroient pu fe. l'imaginer, fi la conquête des Pays-Bas, celle de la Franche-Comté, & de la Sicile prefqu'entiere, & lạ deftruction des reftes de leur marine, ne leur euffent appris que la guerre n'étoit que trop réelle. On avoit eu quelque efpérance de la paix au commencement de cette année; les Miniftres des Puiffances belligérantes s'étoient affemblés à Cologne pour travailler aux moyens de la rétablir; mais une action violente de l'Empereur qui, au mépris du droit des Gens, ofa faire enlever de Cologne le Prince Guillaume de Furftemberg, Miniftre de l'Electeur de Cologne, renverfa l'attente de l'Europe. Le fier Louis XIV. demanda réparation de cet outrage, l'Empereur n'y répondit qu'en faifant inftruire le procès du Miniftre de Cologne ; le Roi de Suéde dont on avoit accepté la médiation, fe déclara en faveur du Roi offenfé,& occupa par une puiffante diverfion les armes du Dannemarck & du Brandebourg. Cependant Louis XIV. en moins de fix femaines & pendant les rigueurs de l'Hyver avoit conquis la Franche-Comté; Dom François d'Alveyda défendit avec quinze mille hommes cette Province mieux qu'elle ne l'avoit été en 1668; mais que pouvoit-il contre cinquante mille hommes commandés par Condé & Luxembourg fous les ordres du Roi; la Comté de Bourgogne, cette Province |