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THEOLOGIE DES INSECTES,

ου

DEMONSTRATION

DES PERFECTIONS

DE DIEU,

DANS TOUT CE QUI CONCERNE

LES INSECTES;

TRADUIT DE L'ALLEMAND,

DE M. LESSER,

AVEC DES REMARQUES

DE M. P. LYONET:

LIVRE Í Í

CHAPITRE I

Des fens des Infectes.

res aux

ES fens font abfolument né- Les fens
ceffaires aux Animaux. Pour- néceffai-
roient-ils échapper au danger, Infectes
s'ils ne voyoient point? Com-
ment difcerneroient-ils les alimens qui
leur conviennent, fans le goût & l'odo-
Tome II.

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jufques à

un cer

tain point.

Du Toucher.

rat? N'eft-il pas néceffaire pour leur confervation, qu'ils entendent le bruit que fait leur ennemi, afin que, fçachant de quel côté il vient, ils puiflent l'éviter? Privés du Tact,comment diftingueroientils l'agréable du douloureux ? Comment fçauroient-ils s'ils font malades ou en fanté ?

Quand je dis que les fens font abfolument néceffaires aux Animaux, je ne prétends pas qu'ils ne fçauroient fe paffer d'aucun de ceux que nous appercevons chez nous. Il fuffit que le Créateur leur en ait donné autant qu'il eft néceffaire à leur confervation, dans l'état où il les a placés. C'est le cas des Infectés : ils n'ont pas toujours cinq fens comme les hommes. Les uns font privés de la vûe; d'autres de l'odorat; d'autres encore de l'ouïe; mais toujours felon que le genre de vie qu'ils menent leur permet de s'en paffer.

Le Tact ou le Toucher eft commun à tous les Animaux (1). Ce fens n'est autre chofe que le mouvement des Efprits, ou du fuc des nerfs, qui fe communique jufqu'au cerveau & affecte l'ame. Ce mouvement s'excite fous la peau par l'impulfion

de

(1) Plin. H. N. L. X. C. 70. Tactus, fenfus, omnibus eft, etiam quibus nullus alius: Nam & oftreis & terreftribus vermibus quoque.

de quelque corps; il fe communique aux nerfs, dont la tenfion le porte dans l'inftant jufqu'au cerveau, & y cause une fenfation de plaifir ou de douleur. Il arrive aux nerfs, qui correspondent toujours à la tête, ce qui arrive à une corde bien tendue. Le moindre mouvement, qui s'y fait, fe communique d'abord à fes deux extrémités. Ce qu'il y a de bien remarquable dans ce fens, c'est qu'il réfide dans toutes les parties du corps; au lieu que la tête seule est communément le fiége de tous les autres (2). Par ce moyen les animaux font avertis de tous les dérangemens, tant extérieurs, qu'intérieurs, qui peuvent arriver chez eux.

Ce que j'ai dit dans le Chapitre précédent, fait voir évidemment que les Infectes font doués du fens du Toucher. L'on a pû remarquer qu'ils fe garantiffent avec foin du vent, de la pluye, de la chaleur, du froid; &c. Ce qu'ils ne feroient affurément pas, s'ils étoient privés de ce fens. La délicateffe des organes de ce fens n'eft pas la même chez tous. L'on en voit qui font fenfibles au moindre petit attouchement (3); tandis que d'autres ne paroiffent

(2) Cicero. Toto corpore autem tactus æquabiliter fufus eft, ut omnes ictus, omnefque nimios & frigoris & caloris appulfus (entire poffimus.

(3) Telles font les Araignées. On fie fçauroit toucher à

De la

vûe.

roiffent pas fentir un mouvement plus fort (4); & qu'ils affectent une infenfibilité prefque ftoïque. On a quelques raifons de croire qu'il y a des Infectes qui n'ont point d'autres fens que celui du Toucher (*).

La vision est une efpece de Toucher: les rayons qui partent d'un objet, venant à tomber fur l'œil, affectent la retine; le mouvement qu'ils y caufent fe communique au cerveau par le moyen des nerfs optiques, & il produit le fens de la vûe. Quoiqu'il y ait un grand nombre d'Infectes doués de la faculté de voir, ce fens n'eft cependant pas commun à tous (5). Quelques-uns de ceux qui en jouiffent l'emportent à cet égard fur l'homme. Leur vûe eft fi jufte qu'elle porte, s'il faut ainfi dire, fur un atôme (6). Nous ne pou

vons

leur filet qu'elles ne le fentent. Telles font encore les Abeilles qui s'apperçoivent du moindre coup que l'on donne à leur Ruche.

(4) J'ai trouvé de groffes Chenilles brunes qui ne donnoient aucun figne de fentiment, quoiqu'on les preffât affez fort.

(*) Que celui du toucher. L'Auteur ne réfléchit pas que, comme tous les Infectes mangent, au moins pendant un certain tems de leur vie, & qu'ils ne mangent pas indifféremment tout genre de nourriture; mais qu'ils s'attachent feulement à celle qui leur convient, il eft très-apparent que tous ont auffi un goût pour les difcerner.

(5) Plin. L. XI. H. N. C. 37. Nec lumbricis ulli funs culi vermiumve generi.

(6) Cela fe voit aux Araignées vagabondes. Elles ne

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