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cord à la tierce, dont il eft refté en France un ancien veftige dans les Offices de l'Eglife, fut perfectionnée par le jeu de l'orgue. Gerbert l'ame de toutes les fciences au dixiéme fiécle, Epift.9. s'employa pour en faire venir d'Italie à l'Abbaye d'Orillac. Il écrivit à un Moine de Fleury, qu'il s'offroit d'enfeigner l'art d'organizer à ceux de cette Abbaye qui voudroient l'apprendre. Ce n'eft que par le moyen des inftrumens qui pouvoient accompagner une voix à la tierce ou à la quinte qu'on peut expliquer ces fortes d'organizations.

Bened. T.

3.p.173.

Les Moines ne connurent pas feulement l'Orgue; il y en avoit eu à Saint-Gal dès le regne de Charles le Chauve, qui fçurent jouer des inftrumens à cordes & à vent: tel fut un nommé Tutilon difciple d'Ifon mort Annal. en 871. Ce fut auffi de ces quartierslà qu'émanerent les Sequences de la Meffe à la fin du neuvième fiecle, & qui fe répandirent fi fort en France & en Allemagne dans le dixiéme; ouvrages où l'on porta le chant à toute l'étenduë que peuvent avoir les plus fortes voix humaines, & dans l'éxecu

tion defquels on ne faifoit pas de difficulté de nommer à Dieu ou aux Saints, ou même aux Fidéles les noms grecs des pieces qu'on chantoit, jufqu'à y parler de magadization (a). On donna auffi à quelques-unes de ces Sequences les noms de Frigdora, d'Occidentale & de Clarella qui font reftez à deviner.

Quoique le regne du Roi Robert fût fort diftingué par la Science de la Mufique, il l'eût été davantage, s'il n'eût point un peu précedé la découverte que Guy Aretin fit en Italie d'un nouveau fecret d'enfeigner & de noter le chant. J'avoue qu'on en trouve quelques indices préliminaires dans la Annal chronique de Corbie à l'an 986. Mais 4. p. 3. le Religieux Italien Benedictin que je viens de nommer n'en parle pas moins pour être Inventeur des fignes du chant par échelles & par clefs.

Bened. F.

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(a) Pangat plectrica voce fumma omnis concio, atque tanta fuccinat perplexa ordine armonia terminalis magadis refultet fonora., Profa. S. Carilefi ex mf. Floriacenti 64. On y voit tous les termes du merier.

Prome caftra concio carmina, organa fubnectens hypodorica. In pluribus Millal, ab undecimo feculo.

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ETAT DE LA POESIE.

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Es deux fiecles dont je fais la peinture ne furent pas moins fertiles en Poëtes qu'ils l'avoient été en Muficiens: on peut même dire qu'il y en eut davantage, & que le grand nombre concourut à gâter le goût, puifque chacun s'étant voulu mêler de verfifier, on vit paroître une foule de très-foibles productions. Toutes les Poëfies de ces tems-là ne furent point cependant également mauvaises. De même que fous le regne de Charmagne, Théodulfe furpafla Alcuin en ce genre, il y eut auffi fous les regnes fuivants des Poëtes qui furent beaucoup au-deffus du commun. Sans parler du même Théodulfe qui continua de briller fous Louis le Débonnaire, & que l'Eglife à immortalifé en adoptant fon elegie, Gloria, laus & honor, Que ne peut-on pas dire de Florus de Lyon & de Walafride Strabon? Ce dernier principalement a donné des Poëfies fur tant de fujets differens & fi

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bien écrites, qu'il peut paffer pour le Virgile de fon tems. Il y a dans fa defcription des plantes, quelques endroits incomparables & dignes du fiecle d'Augufte (a). Florus n'eft pas tout-à-fait fi poëtique, mais toujours eft-il au-deffus de ces faifeurs d'épitaphes & de ces écrivains de vies des Saints qui voulurent s'ériger en Poëtes à la fin du neuviéme fiecle, & dans le dixiéme.

J'ai déja remarqué ci-deffus que l'on fit r'écrire plufieurs Poëtes profanes pour l'ufage des Ecoles de Cathédrale. On voit que dans les celebres Abbayes telles que Saint-Riquier, les ouvrages de ces anciens Poëtes figuroient dans les Bibliotheques comme les autres Ecrivains. Homere & Virgile font nommez dans l'inventaire de cette Bibliotheque fait en 831. Thegan écrivain de la vie de Louis le Débonnaire, connoiffoit les

(a) Voyez fa defcription de la citrouille. Je n'ai découvert dans fon vafle recueil publié par Caniffus qu'une feule tmefe: c'eft quand il dit:

Hildigrim ftruxit, Hadabaldus Epifcopus Archi
Sanctificavit, honor certus utrumqué manet.

On trouve chez cet Auteur des Epigramines, des énigmes. Il y a même un logogryphe intitulé Verfus Thalia.

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beaux endroits de Virgile. Il en fait Duchene une application affez jufte à Ebbon T. Archevêque de Reims; & il ajoute, que pour dépeindre la mechanceté de ce Prélat il auroit fallu être, ou Smyrnaus vates, ou vetuftus Homerus Mincianufque Maro cum Ovidio. Ermoldus Mura Nigellus Abbé d'Aniane en Langue-tori in Scrip. doc écrivit en vers élegiaques qua- Ital. T. tre livres à la louange de Louis le .. Débonnaire qui l'avoit exilé, & fes vers font affez bons. Raban compofa Duchene en vers quelques épitaphes, qui font T. 2. p. voir qu'il étoit meilleur Canonifte & Théologien que Poëte. Il eut un dif- ParisT.. ciple qui le furpaffa, c'eft Heric 173 Moine d'Auxerre dont on a une vie de Saint Germain, qui peut être regardée comme l'un des beaux morceaux du regne de Charles le Chauve. Elle fut trouvée fi digne d'attention, qu'on l'expliquoit publiquement dans les Ecoles des Monafteres, ainfi qu'il paroît par un manufcrit de Compiegne & par un de Saint-Germaindes-Prez.

La poëfie patut dégenerer à mefure qu'on approcha de la fin du neuviéme fiecle, & & que les guerres des

398.Hift.

Univ.

176.

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