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ment du dixiéme fiecle. On ne peut pas dire d'ailleurs, que les deux premiers Princes de la troifiéme Race de nos Rois n'ayent pas aimé á former des Bibliotheques, ni à réunir ensemble Fragm, des Sçavans; puifqu'un Duc d'AquiHiftor. taine qui vivoit alors fe fit un devoir in Hift. de cultiver les Sciences par ces deux

Aquitan

Univer endroits, nos Rois durent encherir Parif. T. fur le zéle d'un Prince qui leur étoit inférieur.

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Je pofe ces principes généraux, pour empêcher qu'on ne fe figure tout-à-fait le dixiéme fiecle, comme un fiecle de fer, un fiécle d'ignorance, & qu'on ne croye pas qu'il y eût eu aucune interruption dans la Doctrine. Il y eut certainement toujours une chaîne de Maîtres qui enfeignerent jufqu'au tems du Roy Robert les mêmes principes facrez & profanes qu'on avoit, pour ainfi dire, reffufcitez fous Charlemagne. Cette chaîne qui n'a paru affoiblie que depuis l'an 880. ou environ, fut continuée par le célébre Remi d'Auxerre, qui forma le grand Odon de Cluny, dans l'ordre duquel fut elevé le fameux Gerbert Maître du Roy Robert, de l'Evêque Fulbert, & autres.

Je puis donc dire que,. s'il y parut quelque vuide dans la littérature de France à la fin du neuviéme, ou au commencement du dixiéme fiécle, ce fut peut-être parce que Elfrede Roy d'Angleterre en avoit tiré quelquesunes des meilleures têtes, pour faire fleurir les Etudes dans fon Royaume. Mais cela n'empêcha pas, que fous Louis le Begue, il n'y eût pour grand Maître des Etudes du Palais un Sçavant diftingué (a), & la même attention fe retrouva fous le Roy Hugues Capet, qui fut intereffé à gagner le cœur des François par cet endroit, comme par le refte.

(a) C'étoit le Philofophe Mannon fort connu par fes Difciples. Voyez du Boulay T. 1. Hift. Upiv.

nunc.Reg

SCIENCE DES LANGUES.
Etude des Auteurs Profanes,
Grammaire & Humanitez

PP'état des Sciences, je commenOur entrer dans quelque détail fur cerai par les Profanes, qui conduifoient à la Science Sacrée, ou Science Bibl. Col. de la Religion. On vit dans la fuite du 360; neuviéme fiécle augmenter les Trai3454.3. tez d'Orthographe, qu'Alcuin avoit compofé pour apprendre à écrire éxactement le Latin (a). Ce fut un article par lequel on fit la guerre à l'ignorance, auffi-bien que par les Traitez qui bid. donnoient l'explication des abregez & des figures qui étoient differens de nos Lettres Romaines. La connoiffance des Langues ne contribua pas peu à rendre habile. On vit plufieurs Sçavans dans la Langue Grecque. Louis

(a) On continua de donner aux caracteres de l'Ecriture prefque la même reffemblance avec les caracteres Romains, qu'on leur avoit donnée fous le regne de Charlemagne. On parut même quelquefois en.. sherir.

le Débonnaire l'entendoit mieux qu'il ne la parloit. Eginhard, Hilduin, Jean Scot, Pafcafe - Radbert, Hincmar Heric, Chreftien - Drutmar, Remi d'Auxerre la fçurent au neuviéme fiécle. Heric fait à ce fujet un éloge magnifique de la France dans la lettre qu'il adreffe à Charles le Chauve. Ön vit des traductions de quelques ouvrages venus d'Orient, peu intelligibles à la vérité; mais qui furent telles que le tems le permettoit. Les Livres Grecs ne manquerent pas dans les Bibliotheques. L'on voit dans Spicil le Catalogue de la Bibliotheque devil. 2.. Saint-Riquier de l'an 831. l'Evangile en grec & en latin. Une preuve qu'on s'attacha aux Langues fous Charles le Chauve, eft qu'alors on donna même connoiffance à la postérité des caractéres dont les Normans fe fervoient pour conferver la memoire de leurs chanfons, aufquels caracteres ils don-Cod. Regs. noient le nom de Runftabath; & on les joignit à ceux que le Cofmographe Ethicus avoit inventez, & que faint Jerome avoit figurez (a).

(a) Loup de Ferrieres, Ep. 70. & 91. dit, que l'u Lage de la Langue Germanique étoit fort necefaire

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3810.71

B.

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555.

A l'égard de la Langue Grecque on peut confulter la difcuffion que l'Empereur Louis le Begue fit du nom Duchêne de Bafileus contre Bafile Empereur d'Orient, qui vouloit que Louis qui étoit notre Roi prît le nom de Protofymbolos. Louis lui fit fort bien remarquer, que David n'a pas été appellé Protofymbolos, & qu'on lit dans les Pleaumes, Reges Arabum & Saba: que les Rois d'Arabie étoient appellez par les Orientaux, ou du nom de Roy, ou du nom d'Archton. Le même Empereur fit auffi obferver que le nom de Riga dont Bafile auroit voulu que Louis fe fût fervi, eft un nom barbare, & qui n'auroit pû être traduit en grec que par Bafileus.

Il fuffit d'ouvrir la vie Poëtique de faint Germain par Heric, pour reconnoître qu'il étoit inftruit dans la Langue Grecque. Hincmar fit voir qu'il s'appliquoit à cette Langue dans la difpute qu'il eut avec Gothefcalc & Ratran de Corbie fur le Trina Deitas, qu'il traduifit par Triteoteia, voulant que tri fût rendu par ter, & difant que

alors, & que l'on envoyoit à Pruym les Moines de FerKieres pour l'apprendre.

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