Imágenes de páginas
PDF
EPUB

SCIENCE DES MEDAILLES inconnuë.

ETAT DES ARTS & furtout

DE L'ARCHITECTURE.

Uoique je me fois beaucoup étendu à faire voir le goût excellent que quelques particuliers eurent pour la littérature dans le neuviéme & le dixiéme fiécle, je n'y ai rien rapporté qui prouvât qu'on eût pouffé la curiofité jufqu'à rechercher les anciennes ftatues & les anciennes monnoyes pour en orner des cabinets, ou pour éclaircir l'Histoire profane. Alberic parlant des differentes Sciences que Gerbert cultiva, dit : In multis quippe ftudebant antiqui que bodie habentur derifui: C'eft en cette occafion qu'on pourroit dire le contraire, & affurer certainement, que les Médailles & Statues antiques que nous eftimons infiniment, ont été meprifées par les anciens.

Je trouve néanmoins qu'il y avoit

[ocr errors]

au Palais de Louis le Débonnaire quelques Statues antiques entre autres une Statue du Tyran Tetricus. Walafride Strabon en fit une defcription, non en profe, comme font les Sçavans de nos jours, mais en poëfie. Il nous apprend, que cet Empereur y étoit representé à cheval prefque tout nud, portant à fon côté un carquois garni de flêches dorées ; & il regrette que ce Tyran qui avoit tant fait d'expeditions & tué tant de Grands pendant fa vie, ofât encore préfenter sa face devant le Palais Impérial au grand fcandale des Chrétiens. Dans l'exhortation que le Poëte Ermoldus Nigellus Abbé dans le Languedoc fit à Heriold Prince des Danois, il ne lui dit pas de conferver dans son cabinet les Idoles de Jupiter & de Neptune comme des curiofitez; mais de fondre l'un pour en faire une marmite, & l'autre pour en faire une aiguiere: De Jove fac ollas nigras fulvofque lebetes,

Ignem femper ament autor ut ipfe
Juus.

Neptuno fabricetur aqua gerulus tibi

jure

Vrceus &laticum femper ha

2

bebit honos.

murac. S.

Duchêne T. 2. P.

Comment en effet auroit-on aimé alors à faire reparoître les Statuës des anciens Empereurs ou des fauffes Divinitez, puifqu'on refufoit même celles des Princes vivans lorsqu'ils étoient encore engagez dans l'Idolatrie. Ai- Aimoin moin marque que Richard Duc des Parif. de Normans voulut donner à l'Eglife de Germ. Saint-Germain de Paris une Statuë d'or qui le reprefentoit, mais il ajoûte p. 65 8. qu'on la rejetta comme étant fouillée par le Paganifme. Les Religieux de Fleury fur Loire n'en firent pas de même à l'égard de Raynold autre Chef des Normans. Aimoin leur con- Aim. frere écrit que la mémoire de cet hom- Floriac. me exécrable fût reftée dans l'oubli, Bened. fi parmi les anciens du Monaftere, il Duchêne n'y en eût eu d'affez curieux pour faire 450. tailler en marbre la figure de fa tête, qu'on plaça dans l'extrêmité de la nef du côté du Septentrion. Les Moines de Saint-Maur des Foffez près Paris ne firent pas non plus difficulté de fe fer-vita Burvir d'un vafe profane en forme d'ai-chardi guiere qui avoit fervi au Roi Abgare Corbol. quand on le faignoit, ainfi qu'il étoit

de mir.S.

T. 3. P.

Comitis

écrit deffus. Ce Roi y étoit representé en or avec le Chirurgien, & un ferviteur en fonction. Il y avoit alors dans les livres Pontificaux une oraison fpéciale pour la purification de ces vafes. Je l'ai trouvée dans celui qui Cod. S. fut écrit à Orillac où, Gerbert avoit Martial. été élevé, & dans un autre de la ProItem vince Belgique ; on ne manqua pas 3866.3. fans doute de s'en fervir, avant que fol. 195. d'employer à l'ufage des facrez Myfteres les Diptyques Romaines d'ivoire que l'on voit en quelques Eglifes du Royaume.

God. Reg.

On trouva à Orleans dans l'endroit Glaber. 1. Où eft l'Eglife Cathédrale lorsqu'on y 1.5. creufa pour la rebâtir après l'incendie fous l'Evêque Arnoul, une grande quantité d'or monnoyé que l'on crut avoir été cachée là par Saint Euverte pour les befoins qui pourroient arriver; mais ces pieces qui étoient vraifemblablement des Médailles du quatriéme, fiecle fervirent au payement des ouvriers de la nouvelle Eglife. Nous ignorons file baffin d'argent confervé à Aix jusqu'à l'an 842. & que l'Empereur Lothaire fit mettre en piéces, étoit d'un travail antique.

On

On a vu ci-deffus qu'il reprefentoit des curiofitez astronomiques & géographiques.

999.

Quelques Ecrivains ont dit que Alberi Gerbert avoit eu le fecret de trouver ad an. les tréfors cachez. Si tout ce qu'en a écrit Guillaume de Malmesbury étoit véritable, on pourroit lui attribuer la découverte de foûterrains affez femblables à ces colombiers fépulcraux découverts depuis peu à Rome, & en inferer qu'il auroit auffi infpiré aux François lorfqu'il demeuroit parmi eux le goût des recherches. Mais j'ai déja dit, que l'erreur pouvoit venir de ce qu'on attribuoit à Gerbert des découvertes faites par Geber Aftronome & Médecin Arabe.

96.

Codex

On vit au neuviéme fiécle & depuis Lup. Ferdes Lapidaires qui gravoient & polif-rar. Ep. foient les pierres précieufes : Des Cha- 25. noines, tels que Bernelin & Bernuin ms.215. de Sens, construire une table d'or or- Floriac. née de pierreries & d'infcriptions : des Necrolog. Princeffes broder en or des vers latins Senon. fur un couffin pour la Châffe de Saint Annal. Remy. La peinture employée pour 3. p. 19. des Eglifes telles que celles de Cam

Tom. II.

M

in quo

Bened.T.

« AnteriorContinuar »