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t'étoit la vraye idée, Gothescalc prétendant que Triteoteia étoit de nombre fingulier. Ailleurs Hincmar fait remarquer, que Macedonius Evêque de Conftantinople avoit corrompu un endroit des Epîtres de faint Paul en changeant la monofyllabe OZ en ez par le moyen de la reflemblance de P'Omicron avec le Theta (a). La traduction des livres prétendus de faint Denis touchant la Hierarchie

plufieurs entreprirent de faire au neuviéme fiécle, eft une preuve de la connoiffance qu'on avoit du grec. Ces caracteres grecs, & même des mots entiers de cette langue étoit employez dans les lettres formées des Evêques (b), Quelques-uns d'entreux mêloient du grec dans leurs fignatures des Conciles (c). Il y en eut même qui par la

(a) C'eft dans le 18. Chapitre de fon ouvrage contre Hincmar de Laon. L'endroit de faint Paul qu'il indique eft dans la 1. Ep. à Timothée chap. 3.V.16.

(b) Voyez celles qui nous rettent de Teutgaud Archevêque de Treves, Hincmar de Reims & Adventius de Metz. Max. Collect. Martene, T. 1. p. 155.

feq. Liutade de Vence Inftrum. Gall. Chrift. T. 3. Col. 193. d'Actard Archevêque de Tours adreffée à Vulfade Archevêque de Bourges, Cod. Reg. 4321. 4. Item. Cod Canon. Pelleterii p. 440. 441.

(c) Diplomat. Mabillon p. 458. Chriftianus Anti» fodr. Epf. egrapfi,

Bened.

T. 3. p.

fuite fignerent leur nom tout-à-fait en caracteres grecs (a). Un dialogue anonyme de ftatu Ecclefie imprimé parmi les Oeuvres d'Hincmar, a pour interlocuteurs Euticius & Theophilus. Il eft Annal. d'un homme qui alloit quelquefois à la Cour de Charles le Chauve ou de 126. Louis le Begue, & qui fçavoit donner des noms grecs à fes Acteurs. L'af Annal. fectation de Charles le Chauve à vouloir imiter les ufages des Grecs ; l'envie qu'il eut de faire de la Ville de Compiegne une Conftantinople, au moins de lui donner le nom de Carlopolis, ne pouvoit venir que de ce goût du grec, né & cultivé dans fa Cour. (b) Je ne dirai pas cependant que tous

an 876.

(a) Thef. anecdot. T. 1. p. 74. Theotolon Archevêque de Tours figna fon nom en grec l'an. 943.

(b) Le nom d'Alpha donné à un Monaftere de Bourgogne dont on dit Charles le Chauve Fondateur. Annal Bened. T. 3.p. 249. peut être encore procedé du grecifme dont on étoit alors imbu. Dom Mabillon Annal. Bened T. 4. p. 68. dit à l'an 998. qui eft celui de la mort d'Ekkeard II. du nom Moine de Saine Gal, qu'il fçavoit le grec. Quod illis temporibus perrarum. Du vivant de Notker il y avoit eu un cours de Grec en ce celebre Monaftere, que ce Sçavant Moine défigne par ces mots, écrivant à Lantbert. Salutant iɛ Ellenici Fratres. Canif. T. 5. antiq. lect. Annal. Bened, T.1. p. 689. A faint Martial de Limogesonn fit voir qu'on entendoit le grec aux dixiéme fiécle, & qu'on le fçavoit placer à propos, puifqu'on choifit le jour de la Pentecôte pour chanter à la Messe plufieurs cho.

les Sçavans de fon fiecle fuffent également connoiffeurs en Langue grecque, puifqu'il leur arriva quelquefois de fe tromper groffierement, entr'autres à Remi d'Auxerre, qui dans fon Livre des Offices Divins fauffement attribué à Alcuin, croit que Pafcha vient du Grec. Il y a d'autres méprifes dans fes Commentaires fur Donat, fur Prifcien & Martien, quoiqu'il foit vrai de dire que ces Livres peuvent beaucoup fervir à ceux qui publieront des Gloffaires.

La lecture des Auteurs Payens, foit Hiftoriens, foit Poëtes, fut plus cultivée après la mort de Charlemagne, qu'elle ne l'avoit été de fon vivant. On n'avoit plus d'Alcuin, dont la préfence obligeât de ne les lire qu'en fecret. Loup de Ferrieres voyant que dans fon canton l'on ne trouvoit point de Suetone, l'emprunta de l'Abbaye de Fulde pour le faire transcrire; il eut d'Eginhard quelques ouvrages de Ciceron, & un Aulugelle. Il emprunta d'ailleurs

fes en grec, telle que le Gloria, San&us & Agnus. Cod. S. Martial 97. nunc Regn. 4458. 12. Et les Auteurs des Profes & des Tropes, y faifoient fouwent entrer des mots grecs, par exemple, Alalagma Dyndima. Cod. S. Martial, 49.

Epift:

un Sallufte & les Verrines de Ciceron pour les copier ou les collationner; de Epift. l'Abbaye de Pruym, les Epitres de Ci04.69. ceron; de fon Archevêque Tite-Live.

74.

67.

Il faifoit des emprunts d'Auteurs profanes jufqu'en Italie; il demanda même au Pape Benoît III. Ciceron de Oratore, les douze Livres des Inftitutions de Quintilien avec les Commentaires de Donat fur Terence. Le même Abbé, affuré de l'agrément de Charles le Chauve, lui fit préfenter un Abregé de la vie des Empereurs Romains. Epift. Heribald Evêque d'Auxerre, s'adrefla à lui pour avoir les Commentaires de Cefar, qu'il chercha pour les lui communiquer. On peut juger de ce que contenoient les Bibliotheques des grands Monafteres, & fur-tout celle du Roy, en fait d'Auteurs profanes, par le Catalogue de celle de l'Abbaye de Saint-Riquier,fait en l'an 83 1. dont j'ai extraitcet article: De Libris Grammaticorum: Donatus, Pompeius, Probus; Prifcianus... Servius, Tullius-Cicero, Fabula Avieni,Virgilius. De Libris Antiquorum,Plinius fecundus, de moribus & vita Imperatorum. Hiftoria Homeri. Flodoard qui écrivoit l'Hiftoire de

Reims

Præf.

Ms.hu

li

Carmel.

ris,

Biblior.

Reims au dixiéme fiecle, fait voir par fes citations, que la Bibliotheque de cette Eglife contenoit les œuvres de Jules-Cefar, de Tite-Live, Virgile, fac. Be Lucain. Bertigaire, Moine de S. Remi ned. v. dans la même Ville, avoit récrit Ma- Pag cxx. crobe. J'ai appris par un fragment de manufcrit, que fous le Roy Robert l'on jus fæcupoffedoit à faint Benigne de Dijon, apud Prifcien, Horáce, & qu'on prêta mê- excalme ce dernier aux Chanoines de Lan-eat Pagres. Que ne peut-on pas dire de la Bibliotheque de faint Benoît fur Loire, Floriac. s'il eft vrai qu'au dixiéme fiecle, fous Pag.302. l'Abbé Abbon, il y eut cinq mille Ecoliers, tant Religieux, qu'externes, qui devoient tous à leur Maîtres deux volumes par forme d'honoraire ? Les Moines de Montirender, au Diocèse de Chaalons fur Marne,faifant en 990. l'Inventaire des Livres de leur Abbé Adfon, lorfqu'il fut parti pour Jerufalem, y trouverent la Rhetorique de Ci- colb. ceron, Servius fur Virgile, deux Te- Reg. rences, une explication des Eglogues & des Georgiques de Virgile, deux Gloffaires latins. Le Virgile de huit à neuf cens ans confervé à la Cathedrale Metz, l'Horace du même tems conTom. II.

B

Cod..

4426.

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