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que

de dire que ceux-là fe font visiblement trompez, qui ont crû trouver Vellaunodunum dans Châteaulandon ou dans Château-Renard. Il eft inutile de donner ici une liste de ceux qui ont cru Châteaulandon étoit le Vellaunodunum de Céfar; il fuffit de dire qu'ils n'ont fait que fe copier les uns fur les autres, fans faire reflexion que ce mot Landon, qu'ils ont trouvé refJembler à Launodunum, n'a jamais été dit exactement pour fignifier ce Château du pays de Gâtinois; & que fi on dit Château-Landon en françois, c'eft au lieu de Château-Nanton qui étoit autrefois le veritable nom conformément au latin Caftrum-Nantonis que les François ont ainfi défiguré selon l'usage affez commun parmi eux de changer la lettre N, en L. & la lettre T, en D. D'ailleurs il eft conftant par Sec. 1. les Actes de faint Severin, qu'encore de fon tems, c'est-à-dire fous le regne de Clovis I. Château-Landon n'étoit qu'un bois & qu'une foreft. Morin Hiftorien du Gâtinois dit que quelques-uns croyoient que ce Vellaunodunum étoit Château-Renard; mais il n'est pas affez fimple pour être de ce

Ben.

fenti

fentiment, & il ajoûte que cela ne peut être. Je ne fçai s'il auroit approuvé davantage celui de M. Valois qui dans fon Notice foupçonne que ç'a pû être Montargis. Il y a eu des gens fi peu attentifs à la marche de Céfar, & au but qu'il s'étoit propofé, qu'ils ont été placer Vellaunodunum en Lorraine ; d'autres donnant dans une extrêmité contraire, & voulant le rapprocher du pays des Boiens, ont dit que c'étoit Vezelai en Nivernois. Toutes ces fauffes défignations de ce lieu ne viennent que de ce qu'il y a trop long-tems que les noms d'Autricum & d'Autiffiodornm ont fait difparoître à Auxerre le nom de Vellaunodunum, & qu'il n'eft échappé de l'oubli que par l'emploi qu'on en a fait dans l'ufage vulgaire en parlant d'un ruiffeau qui coule au bas d'Auxerre. Paradin même & Cenalis qui mettent Vellaunodunum à Auxerre, paroiffent n'avoir point connu ce Vallan (a).

(4) L'on ne voit dans les Hiftoires de France qu'un homme illuftre qui ait porté ce nom : c'est Guillaume de Vallan Dominiquain du Couvent d'Auxerre fait Evêque d'Evreux en 1389. lequel on trouve avoir été appellé indifferemment de Vallan & de Vallon, & en latin de Vallone qui est une Tom. II.

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Dès que l'on place Vellaunodunum proche Auxerre, on s'engage à foû tenir que c'eft Gien fur Loire ou quelqu'autre lieu au-deffus qui repréfente aujourd'hui l'ancien Genabum. Céfar fe feroit éloigné extrêmement d'Auxerre pour venir dans le Bourbonnois en cotoyant le Berry, il eût été paffer la Loire à Orleans. Il faut donc rapprocher ce Genabum de notre Vallan & apporter les preuves hiftoriques en faveur de cette pofition géographique. La reffemblance du nom eft un argument dont je ne prétends pas me fervir plus que je n'ai fait en comparant Vallaon avec Vellaunodunum. C'est une preuve qui a fa force, mais que tout le monde ne pese &

expreffion visiblement fabriquée fur un nom vulgaire dont on avoit perdu de vue l'origine : car de Vallaunodunum on a dû dire par abregé Vallandunum & Vallando, comme de Melodunum, Melode. Quelques titres d'Auxerre du treiziéme fiécle* por- tent Vallantum, & Vallentum fubftituant le ten la place du d comme cela fe faifoit fouvent.. Au refte il eft indifferent qu'il y ait dans les manufcrits Vellaunodunum ou Vellaudunum: ces deux manieres de "parler ont pu former également Vallaon, la troifiéme voyelle a dû difparoître dans le langage popu laire, de même qu'elle s'éclypfe dans le nom de ·Sanctus Launogifilius que le peuple du Maine ne prononce pas S. Launogils, mais en deux fyllabes, Saint Longils. *Labb. Bibl. ms. T. 1. p. 474.

n'admet pas également. Je ne m'arrêterai point non plus à l'autorité de Paradin qui ne fait aucuns raifonnemens fur cet article, ni à celle de Vigenere & de quelques autres. Ces modernes ont fait tant de fautes dans leur Géographie, que l'on pourroit me répondre que s'ils fe font trompez en bien d'autres chofes, ils ont auffi pû fe tromper en celle-là. Je veux que le texte de Céfar même en décide. Il n'y a qu'à le relire: je n'y ai rien changé dans tout ce que j'en ai rapporté. Le but de ce General Romain étoit d'aller de Sens vers le Bourbonnois, de telle maniere cependant qu'il fûr toujours à portée de jetter la terreur dans le Berry en cas que Vercingetorix y eût paffé, c'eft ce qui a dû regler fa marche de Sens à Auxerre & d'Auxerre à Gien. Pour la premieretraite qui eft de 12. ou 13. lieues, cela s'accorde avec l'Hiftoire qui donne à entendre qu'il mit un jour & demi ou environ à la faire. Pour ce qui eft de la feconde, elle est d'environ dix-fept lieues, Céfar dit qu'il y employa deux jours. C'étoit une diligence convenable pour les journées

d'hyver à une Armée preffée d'avancer & qui n'avoit aucuns équipages à traîner avec elle. Ce Genabum étoit felon Céfar une Ville éloignée de cent foixante-mille pas (a) de l'Auvergne : ce nombre de pas ne pouvoit faire que quarante lieues ou un peu plus : c'eft ce qu'il y a de Gien à l'entrée de l'Auvergne, & il y a bien plus de diftance d'Orléans. Plus on éloigne ce Genabum de l'Auvergne, & moins on rend probable le fait que marque Céfar, que le meurtre commis à Genabum au lever du Soleil, c'eft-à-dire, fur les fept à huit heures (car on étoit en hyver) fut répandu au bout de douze heures dans l'Auvergne par les crieurs que les Gaulois employoient dans la Campagne pour annoncer les évenemens importans. Céfar qui fixoit l'étendue des Gaules depuis l'Océan jufqu'au Rhin, aux Alpes & aux Pyrenées, dit clairement que le Pays Chartrain s'étendoit dans le milieu de cet espace de pays; or cela n'eft véritable qu'autant que ce Pays Chartrain

(a) Les quatre mille pas fefon la mesure de Céfar revenoient à une de nos lieues de France d'aujour d'hui, ainfi que je l'ai déja dit ci.deflus.

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