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les Préliminaires de fes Commentaires: fur les Grammairiens, qu'il tireroit des: faintes Ecritures les exemples qu'il donneroit.

Loup de Ferrieres avoit dit dans la premiere de fes Lettres, qu'il étoit aifé de fon tems de paffer de la Grammaire à la Rhetorique, & il n'avoit pas paru content des ouvrages écrits nouvellement en profe. Il félicita avec raifon Eginhard fur le ftyle dont il avoit écrit la vie de Charlemagne. Il fut en effet. très-rare de trouver alors des perfonnes qui écriviffent dans une latinité auffi pure que la fienne. Hors quelques morceaux de Loup de Ferrieres & d'Heric, le refte paroît ou negligé ou dur, d'un latin empoullé & embaraffé, & quelquefois il s'y rencontre un autre défaut qui confifte dans la rime que Bened. l'on trouve foigneufement employée v. part pour marquer les partages de la conftruction. La vie de S. Libuin écrite par Hucbaud de Saint-Amand fut pré-conifée vers l'an 900. comme étant d'un ftyle Ciceronien, mais c'étoient Amplif des difciples qui célébroient les louanges de leur Maître. On n'ignoroit pas T. 1. P les préceptes de la Rhetorique, ni le 267

Sacs

Collect..

Martene

nom des figures. On vit même un Au

teur en faire parade, pour excufer les Duchêne défauts qu'il commettoit dans l'HiftoiZ3P re. C'eft dans le fond du ftyle que l'on

T. 3. p.

428. péchoit; les mots barbares & d'autres

fabriquez fur le grec fe trouvoient mêlez avec ceux de bonne latinité : ce qui faifoit un affemblage fort bizarre (a). Annal. Un Moine de de Toul appellé Ay

Ben. T.

3.

nard compofa l'an 969. un Gloffaire latin par ordre de l'alphabet à l'ufage des Religieux de Saint-Evre; mais ce Gloffaire étoit un ramas de toute forte de mots bons & mauvais. Gerbert entreprit de rafiner le goût, & de remedier à ces défauts venus de l'ignorance, de la rareté des Livres de Ciceron & autres anciens; & il dressa une méthode de Rhétorique dont il fit luiEpift. même l'éloge en ces termes; Opus fane expertibus mirabile, ftudiofis utile, ad

(a) L'acte de Tranflation des corps de S. Hilaire de Carcaffone vers l'an 970. defigne aint le Monastere de Cufa vers les monts Pyrenées Arcifterio Coxiano in honore agii ftrationis urani conftructum. Sac. V. Bened. p. 552. Dans la lettre initiale d'un beau ma. nufcrit de la vie de S. Firmin premier Evêque d'A miens qui paroît du X. fiécle, & que j'ai vû à Pon. tigny, il y a BALDVINUS à Domino fit illuminatus de Agie Sophie,

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res Rhetorum fugaces atque caliginofif fimas comprehendendas atque in animo

collocandas.

Mais ce qui prouve évidemment que dans le milieu du dixiéme fiécle, s'il n'y avoit pas d'excellens Rhetoriciens dans la France, il y avoit en

core des Grammairiens paffables; c'eft l'écrit que fit un nommé Gunzon vraifemblablement le même que Gunzon Abbé de Sainte-Colombe de Sens. On ne peut lire qu'avec plaifir la longue differtation qu'il adreffa vers l'an Bened. 960. aux Moines de Richenow con- 233

, qui

Annal.

T. 3. P

T. 1.

tre Ekkeard Moine de Saint-Gal avoit ofé le reprendre un jour qu'il étoit logé en cette Abbaye, de ce que dans la converfation il lui étoit échappé un accufatif pour un ablatif. Amplif. Gunzon épuife toute la littérature Martene des anciens Grammairiens pour prouver qu'ils ont quelquefois employé un cas pour un autre, que la fimlefe eft quelquefois en ufage chez les Profateurs comme chez les Poëtes: & pour faire voir à Ekkeard (qu'il appelle Achar & qu'il traite de Grammaticellus) que la Grammaire n'est pas feule Science dans laquelle il foit ver Tom. II.

C

la

Cap. 3.

Martia

nus in

Annal.

Bened. T.

fé, il fait une digreffion fur la dialecti que, la Rhétorique, la Mufique l'Aftronomie, & il finit par des vers hexametres de fa façon qui font affez bons. Un Abbé tel que Gunzon étoit bien different de ceux dont le Concile tenu à Trofly en la Province de Reims l'an 909. a dit, que lorfqu'on leur préfentoit le livre de la Regle, ils répondoient, Nefcio litteras, n'étant pas capables d'y lire une feule ligne. Ce fut donc uniquement vers le commencement du dixiéme fiécle que parut le plus d'ignorance, ou le moins de Science (a).

Un Auteur qui vivoit en 906. dans une des dépendances de Saint-Martin de Tours, fe plaignoit que des Reli3.p.324. gieux vouluffent s'ériger en Maîtres avant que d'être parfaits Difciples. Flotilde dont les vifions furent écrites vers l'an 940. au Diocèfe de Reims, difoit que les Prêtres d'alors ignoroient

(a) Ademar de Chabanes rapporte que Benoist Prieur de Clufe en Lombardie, difoit en ces temslà. In Aquitania nulla fapientia eft, omnes funt ruftici, Etfi aliquis de Aquitania parum didicerit Grammati cam mox putat fe effe Virgilium. In Francia eft fapientia, fed parum. Nam in Longobardia, ubi ego plús idici eft fons fapientia. Annal. Bened. T. 4. p. 7276

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Codex

MS. S.

4439.6.

ce qu'ils lifoient. Cependant dès le -neuviéme fiécle le commun des Prêtres n'étoit guéres éclairé en certains Diocèfes. On le voit par un des articles du Capitulaire de Rodulfe Evêque de Bourges; Dans les queftions qu'on faifoit en ce pays-là à l'examen des Prêtres, on leur demandoit deux ar- Martialis ticles de la plus fimple Grammaire: 73. Reg. Quomodo in Baptifma difcernis fexum mafculinum & femininum? vel numerum pluralem & fingularem? Quelques Evêques travaillerent tout de bon vers le milieu du dixiéme fiécle à chaffer l'ignorance, en redoublant leur attention fur les Ecoles clauftrales. Everacle de Treves y alla en per- Amplif. fonne donner la leçon aux plus grands collect. des Enfans, & illeur expliquoit les Martene endroits difficiles. Etant abfent il écri- 859. voit aux Maîtres pour les encourager, & il leur envoyoit des vers afin d'entretenir la ferveur & l'émulation. Son fucceffeur Notger menoit en voyage les Ecoliers qu'il formoit avec leurs Maîtres & leurs livres. Les Ecoliers. ainfi cultivez devinrent d'habiles gens: plufieurs furent Evêques dans les Gau les. Un de ces Ecoliers nommé Hu

T. IV. t.

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