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te de monnoye dont j'ai parlé dans l'article precedent.

Paffons d'une infcription en caracteres grecs à une autre infcription qui eft en caracteres romains, mais qui paroît être mêlée de mots grecs. Elle fe trouve à Nevers dans un endroit des anciens murs qui regarde de l'Orient au Midi fur une pierre haute d'un pied & demi, large d'un pied, ornée de moulures en haut & en bas & auffi un peu par les côtez, de maniere qu'on voit qu'elle n'eft point mutilée ; en voici la teneur :

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AN DE arth-lela

GAM VE

LOSTO TI

SSICNO S

IE VR V

Les caracteres de la premiere, feconde, & cinquiéme ligne, font plus gros que ceux des deux autres lignes, & on n'y voit aucune féparation de

Pag.

mots. Cependant il paroît qu'on doit. lire ainfi Andegamulo fancto Utiffieno.

S.. leuru.

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La plus grande difficulté ne confifte. pas dans Andegamulo; ce mot équivaut à Andecamulo, & l'on trouve x. déja dans Gruter le mot Andecamulenfes, pour fignifier une certaine affociation de gens qui bâtirent un temple. à Pluton Numinibus Aug. Fanum Plutonis Andecamulenfes pofuerunt. Mais comme le nom d'Andecamulenfes eft derivé d'Andecamulus, il faut d'abord interpréter le plus fimple des deux. Ce terme me paroît renfermer le nom que les Gaulois donnoient à Mars, c'eft-à-dire, le nom de Camulus ; nom qui fervit quelquefois à compofer celui d'un homme tel que le fameux Camulogenus, lequel défendit la ville de Lutece contre les Romains conduits par Labienus du tems de Céfar, & quelquefois à former le nom d'une ville telle que Camulodunum dans les Ifles Britanniques. Quant à la premiere partie du mot Andecamulus, je la regarde comme une épithete donnée à Mars c'eft celle de Victor qui lui convient parfaitement & qui lui étoit

donnée communement; & une'preuve qu'Ande fignifioit en langage Gaulois la même chofe que victor, c'est qu' Andate qui en eft dérivé fignifioit chez eux victoria. Andate étoit la Victoire ou la Déeffe de la victoire chez les Bretons au rapport de Dion, & In Nero Telon Céfar bien des chofes étoiente. communes aux Gaulois & aux Bretons. Je croirois donc que cette Inf cription étoit pour quelque monument érigé A Mars victorieux & faint. A l'égard du mot Vtifficno j'avoue mon ignorance: il y a quelque myftere du paganifme caché fous ce terme & peut-être de la Religion même des Gaulois; car je foupçonne que fi la derniere ligne n'eft pas compofée de lettres initiales elle représente en mauvais grec le nom des Prêtres &. des Sacrificateurs. S'il eft permis cependant de propofer quelque chofe dont l'on puiffe tirer des conjectures fur le mot Vtificno, je ferai remar quer que la liaifon de fa premiere lettre avec la lettre O finale du mot fancto fignifie qu'il faut doubler cette lettre & lire Andecamulo Sancto Ou-· tifficno. Ce dernier mot ainfi écrit re

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prefente les trois premieres fyllabes du nom celtique Autiffiodorum: car on trouve de très-anciens manuscrits où il y a non pas Autiffiodorum, mais Utiffiodorum, & l'on fçait que l'U des anciens fe prononçoit on. La conjecture qui fe prefente, eft que le voifinage du pays Auxerrois & du Nivernois peut avoir donné occafion au terme Outifficno: mais quel fens doiton y trouver ? C'est ce que le tems feul peut éclaircir.

Un demes amis m'ayant fait part de. fes réfléxions fur deux Infcriptions qui ne font point encore connues du public, je les joindrai à celles qui précedent.

On lit fur la premiere Infcription:

MERCVRIO ET MINER VE ARNALYÆ NVMINIBVS AVGVSTÓRVM

SACRVM

CN.PVBLIVS LVCCEIVS MARCELLINVS

DECVRIO V. S. L. M.

Cette Infcription fut trouvée autrefois par M. l'Abbé Nicaife entre Di

jon & Langres, à Villey au-deffus d'Yffurtille. Par une lettre de M. Nicaife à M. Spanheim du 25. Juillet 1697. (a) il paroît que cet Abbé qui aimoit les Antiques, & qui étoit en commerce avec les Sçavans, travailloit à expliquer cette Infcription, & qu'il dédioit fon ouvrage au Cardinal Noris. L'écrit fut envoyé à Jacques Gronovius pour être inferé dans quelque tome de fes Antiquitez Grecques: mais il n'a paru nilà, ni ailleurs (b). La difficulté particuliere de cette Infcription est toute renfermée dans le mot ARNALYA, que l'on chercheroit. inutilement dans tout ce qui nous reste de l'Antiquité Grecque ou Latine. M. Nicaife compofe Arnalya du nom Grec Ass, & du verbe aus. Dans fa penfée Minerva Arnalya eft une déité champêtre, faisant quelque bien aux agneaux. L'autre Antiquaire dont j'ai parlé cy-deffus, derive le mot Arnabya du Celtique. Arn, dit-il, en cette langue vouloit dire honneur. Ce mot

(a) On en voit un morceau affez long dans les Mifcellanea Leibnitiana. n. L. 11. p. 102.

(b) M. le Prefident Bouhier de l'Academie Françoife en a une copie dans fa riche & curieufe Bibliotheques à Dijon.

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