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inftruits dans les Arts comme dans la piété, afin qu'ils puiffent être utiles au peuple dans les affaires temporelles, en même tems qu'ils pourront devenir de dignes Miniftres du Seigneur. Les Auteurs du Statut déplorent au même endroit le peu d'eftime que l'on faifoit des Ecoles de Cathédrales , parce qu'on n'y enfeignoit pas aux jeunes-gens la Science qui tend à la conduite des affaires temporelles des Peuples.

HISTOIRE ET CRI

TIQUE.

N ne manqua point d'Hiftoriens dans les deux fiècles dont j'ai à parler. Il y en eut de differentes efpeces. Le plus grand nombre fut d'Ecrivains de vie des Saints, & furtout de leurs miracles: On n'avoit pas encore vû en France tant de dévotion pour les Reliques, qu'il y en eut fous Louis le Débonnaire & fous Charles le Chauve. On commença à orner ou à amplifier les anciennes Legendes, afin d'avoir de quoi lire aux nouvelles Fêtes de Tranflation & quelquefois on le fit aux dépens de la verité. C'eft fans fondement, que quelques modernes ont avancé que les Hiftoriens des vies des Saints ne font que des amplifications d'Ecoliers, dont le fujet étoit fourni par les Maîtres: fi cela étoit, on y verroit un ordre qu'exigeoient les regles de la Rhéto-Fique, qui certainement étoient connuës au neuviéme fiécle, ainfi que je

l'ai fait voir ci-deffus. A l'égard de la belle latinité, on eft obligé de convenir que tout ce qui fut écrit alors en profe à la referve de la vie de Charlemagne par Eginhard (a), ne s'en reffentit pas beaucoup, que le style n'étoit ni châtié, ni coulant, mais fouvent dur & embaraffé. Cette dureté est très-fenfible, par exemple, dans l'Hiftoire de Nithard, dans la Chronique de Freculfe Evêque de Lifieux. L'Aftronome qui rédigea la Duchêne vie de Louis le Débonnaire avoüe 1 qu'il le fait ftilo minus docto. Les Sçavans avoient plufieurs fortes de langage, & le plus fimple étoit celui qu'ils appelloient quelquefois ftylus fubulcus Pafcaf.in ou ftylus rufticanus. Pafcafe Radbert promio dont je tire cette remarque m'en fourperis de nit une bien plus importante, que Domini. j'indiquerai en paffant. C'eft que lui

286.

corpore

même voulant écrire la vie de Wala Abbé de Corbie qui l'engageoit à s'étendre fur l'état de la Cour & à parler de quelques Courtifans, il le fit Bened T. en dialogues, & d'une maniere énig1.P.453 matique, donnant aux interlocuteurs

Sac. IV.

(a) Cafaubon a remarqué qu'Eginhard avoit affecté la latinité de Suetone.

Bened

des noms qui le mettoient à couvert & cachant le nom de Wala fous celui d'Arfene à caufe des ennemis de ce Wala qui vivoient encore alors. Deux. Religieux de Saint Germain-des-Prez ayant écrit au même fiecle fur les mi- Sac. I. racles du faint Evêque dans un ftyle qui ne contentoit pas, Aimoin Moine du lieu fut chargé de mieux faire; ce qui marque que l'on avoit du difcernement. Agilmar Evêque de Clermont fit auffi voir fous Charles le Chauve qu'il fçavoit difcerner la rusticité du langage dans les Hiftoriens; mais la pieté des Auteurs la lui rendoit aimable (a). On reconnut au dixiéme fiecle dans lavie de faint Libuin Poyer Prêtre écrite par Hucbauld de Saint-Nov. Amand un ftyle fuperieur. Son latin en effet eft affez pur & coulant, il fçait enchâffer les phrases de l'Ecriture-Sainte dans fa narration fans beaucoup affoiblir la diction : & il eft bien

(a) Qui venerabilis Pontifex fapius relegens converfionem ac actus S. Viventii fimplices ac penè incultas atque inerti fermone defcriptos, deofculanfque dicebat: 0 beata ac ben: docta priorum fanctorum rufticitas que plus ftuduit optima operari quàm loqui, & magis novit fancta honeftaque effe quàm dicere ! Duchêne T. 2. p. 436.

Surius12.

éloigné de s'aftreindre à la rime dans la conftruction de fes phrafes, comme firent alors quelques mauvais Au*teurs (a).

D

Si l'on confidere les Hiftoriens quant au fond des chofes c'eft-à-dire > aux faits, on verra, quant les que Auteurs d'Annales s'attachoient à être éxacts pour les époques, n'omettant de marquer aucune des Eclypfes qui étoient de leur connoiffance. Ils écrivirent même ce qu'ils avoient vû des Cometes & autres fignes celeftes, & les prodiges qui arrivoient dans la Nature, à la verité non pas toujours avec le discernement neceffaire, mais avec des marques qui prouvent que leur attention aux evenemens du tems étoit generale. Les Annales du regne

de Louis le Débonnaire étoient fi Op. Hinc connues & fi celebres, que l'Evêque marit.1. Hincmar y renvoye. Le Roy Charles p.5. le Chauve en avoit dans fon Palais un Hincmar. exemplaire qu'il prétoit aux Evêques. pufe 24. Les Eglifes avoient chacune leurs Ar

(4) Il y en a un dans les fiecles Benedictins dans l'Hiftoire duquel' ces rimes font très-fenfibles. J'en pourrois produite un autre qui a été compofé à Compiegne au X. fiecle touchant la reception du Corps de faint Corneille.

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