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On fçait que la difpenfe de la Guerre accordée par Charlemagne aux Evêques, aux Abbez, &c. n'avoit plus Heu; & fi l'on a dit des Loix, filent le- Ciceron ges inter arma, on put à plus forte raifon le dire des Etudes. C'eft par ces différentes fituations où fe trouva la Littérature au neuviéme fiécle, qu'on peut expliquer les différens témoigna ges des Auteurs du tems, dont les uns repréfentent les Etudes de France dans la fplendeur, & les autres fe plaignent de leur décadence. Loup Iup. Fer Abbé de Ferrieres, & Heric Moine rar. Ep. d'Auxerre rendent des témoignages fortè 78oppofez en apparence: mais on peut proleg. les expliquer par le moyen de ce que ad vit. je viens de dire; & ce que je dirai Metr. S. par Germani la fuite fera voir, que fi les Guerres des Normans furent violentes fous le regne de Charles le Chauve, l'amour pour les Belles-Lettres avoit pris d'af fez fortes racines fous les deux regnes précédens,pour conferver encore quelque éclat pendant un tems confidérable.

Louis le Débonnaire étant un Prince lettré, qui fçavoit parler la Langue Latine, & qui entendoit la Grecque

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Heric

avoit eflayé dès le tems qu'il étoit Roi d'Aquitaine, ce que pouvoit l'autorité du Prince, en faifant venir de plufieurs endroits des Maîtres qui enfeignaffent les Sciences; & par ce moyen il avoit donné au Clergé de cette Province une nouvelle face. Les mêmes chofes lui furent très-faciles, lorfqu'il fut devenu Empereur & Maître de toute la France (a). La tenuë des Conciles, la compofition de plufieurs Reglemens pour les différens Etats du Clergé, tout cela maintint ce qui paroiffoit n'avoir été qu'ébauché fous Charlemagne. Il y avoit des Ecoles dans toutes les Cathédrales & dans les principaux Monaftéres: Elles étoient extérieures pour la commodité du public. Il est vrai qu'elles n'étoient pas gratuites; elles ne le devinrent que dans certains. L'Abbé Adelard ne les rendit telles à Saint-Martin de Tours Thef. qu'en vertu d'une donation qui fut anecdot. Confirmée par le Roy. Mais pour

Tom. I.

pag. 32.

ad ann.

844.

(a) Ermoldus Nigellus parlant en fon quatriéme Livre de Louis le Débonnaire, dit qu'il avoit été à la Guerre en perfonne en 824. & que Pepin Roy d'Aquitaine le voyant dans l'équipage d'un homme d'Armée, lui avoit dit : Cede armis, Frater, litte ram amato magis,

exciter de l'émulation, & afin que les travaux de Charlemagne ne fuffent point inutiles, les Peres du Concile de Paris de l'an 829. demanderent à Can. 127 l'Empereur l'établiffement de trois Lib. 3. Ecoles plus célébres que les autres. Ils recommanderent l'execution de l'Ordonnance de ce Prince au sujet des Ecoles, & ils voulurent qu'afin qu'on en vît les effets, on amenât les Ecoliers aux Conciles Provinciaux. Le Concile de Meaux de l'an 845. Cap. 38. voulut que les Evêques euffent auprès d'eux un Docteur capable d'enseigner les autres. On voit dans les Etats affemblez à Aix-la-Chapelle vingt ans auparavant quelque mention d'Ecoles établies ou projettées pour les Enfans & les Miniftres de l'Eglife. Un autre Concile de France tenu à Savonnieres proche Toul en 859. marqua auffi fon attention, en ordonnant l'établiffement des Ecoles dans les lieux où elles manquoient, parce que les Evêques s'étoient apperçu qu'on perdoit le véritable fens de l'Ecriture Sainte par le défaut de connoiffance des langues. C'étoit le même motif qui avoit engagé Charlemagne a établir des Ecoles,

& Louis le Débonnaire à les foutenig Leur fucceffeur Charles le Chauvemarchant fur leurs traces s'occupa à faire fleurir de plus en plus les BellesLettres de forte que s'il en faut croire ; Heric, ce Prince furpafla de beaucoup fon ayeul, tant par fon application particuliére à l'Etude (a), que par la maniére noble & généreufe dont il récompenfa les Sçavans. S'il y eut des gens ftudieux à la Cour de Charlemagne, il n'y en eut pas moins dans celle de fes. Succeffeurs (b). On vit offrir au Prince des Livres de plufieurs fortes. Raban préfenta à Louis le Débonnaire fon Livre de la Croix. Ufuard & Héric offrirent à Charles le Chau

( a ) Il faut joindre au témoignage d'Heric celui d'un autre Auteur qui vêcnt un peu après lui: c'eft PEcrivain de la vie d'Herifride Evêque d'Auxerre qui dit de ce Prince: Et rectè philofophabatur, & Philofophus regni moderebatur habenas. Nam licet in diverfa extenderetur animus, liberalium Artium ferulas à Palatio nunquam videres deeffe, fed regia dignitatis aulam totius fapientia Gymnasium mirareris exiftere. Bibl. nov mff. Labb. T. 1. p.... Il eft certain que ce n'est poing Héric qui a écrit ceci : & qu'il étoit mort alors.

(b) Godefcalc parle ainsi dans une Epitre à Ratran, chez Hincmar.

Denique funt multi Domino donante Magiftri
Hat regione fibi ingenio locuplete donati,
Unde Palatina plerique morantur in aula.

Radb.

Epift.

libro de

Corpore

ve, l'un un Martyrologe, l'autre une Hiftoire. Les Livres même tinrent la Pafch. place des préfens qu'on avoit coutume de lui faire à l'approche des grandes pravia Fêtes, ou dans le tems des dons annuels que l'on faifoit au Prince (a). Chrifti. Si donc il y eut de l'interruption dans l'étude des Belles-Lettres fous les Rois de la feconde Race (b), on peut dire qu'elle ne dura pas un tems bien confidérable, & qu'elle ne fut tout au plus que pendant quelques années, puifque fi le neuviéme fiécle eut les Loup de Ferrieres, les Hincmar, les Heric & les Remi, le dixiéme & l'onziéme eurent des Gerbert, des Abbon, des Fulbert qui ne cédoient guéres à ceux qui avoient fait l'ornement du neuviéme & du commence

(a) I fut d'autant plus convenable d'offrir à Louis le Débonnaire & à Charles le Chauve des li vres, plûtôt que des armes ou des meubles, que la Bibliotheque d'Aix-la-Chapelle avoit été vendue felon que Charlemagne l'avoit ordonné par fon teftament, chez Eginhard. La Bibliotheque de Charles le Chauve devint fi abondante pour ce tems-là, que ce Prince en difpofa en faveur de deux Monafteres, & fon fils fçavoir Saint Denis & Compiegne, felon les Capitulaires de Quierzy de l'an 877.

(b) L'Auteur de la vie du B. Jean de Gorze met cé petit mot qui attefte du réfroidiffement dans les Etudes. Et qui ad id temporis utpotè ftudiis frigentibus peně zec ipfi codices inveniebantur.

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