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ETAT DE L'ASTRONO

mie, Arithmétique, Géome-
trie, Géographie & Mufique.

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ASTRO

E paffe de la connoiffance de l'Hiftoire à celle de l'Aftronomie, par- NOMIE. ce que la maniere dont on cultivoit cette fcience au neuviéme & dixiéme fiécles, fe trouve avoir quelque liaifon avec l'Hiftoire (a).

Il étoit alors ordinaire de conclure quelque chofe de finiftre d'une éclypfe ou d'une comete; on prétendoit même que l'un & l'autre en fervoit de pronoftic. L'Ecrivain de la vie de Louis le Débonnaire tout Aftronome qu'il étoit, n'avoit pas fur cela des principes beaucoup différens (b) :

(a) Quod prodigium ( deliquii folis ) licet natura attribuatur, tamen lamentabili exitu confummatum eft Duchêne T. 2. p. 316.

Quadam prodigiofa figna apparentia animum Imperatoris follicitabant. Ibid. p. 303.

(b) Saint Radbod elevé à la Cour de Charles le Chauve a remarqué qu'en l'an 900. qu'il fut faic Evêque d'Utrecht, ftella vifa funt undique tanquam ex alto in horizontis finum profluere circa poli cardinem mnes fera inter fe concurrere: quod prodigium fecuta Tom. II.

G

c'eft ce qui rendit fouvent cet Empereur trifte & inquiet, lorfqu'il avoit apperçû quelque chofe dans l'air. La lumiere Boreale fe fit auffi regarder alors comme une chose de mauvais augure, & on prit quelquefois le mouvement de ces feux pour une chûte ou une course d'étoiles. Loup de Ferrieres qui étoit conftamment l'un des plus fçavans personnages, interrogé fur les Cometes, difoit qu'il falloit plûtôt les craindre que les expliquer, & que l'Ecriture Sainte n'en difant rien, on pouvoit tenir à ce fujet les mêmes raisonnemens que l'expérience avoit appris aux Payens à en tenir: que par les Ecrits de Tite-Live, Jofephe, PompeiusTrogus, il paroiffoit que les Cometes pronoftiquoient la pefte, la famine, & la guerre. Les Annales de Fulde font remplies de semblables observations. Dans le neuviéme fiécle, on fe mettoit en prieres lorsqu'on voyoit de ces fortes de Phénomenes, & on demandoit qu'ils fe tournaffent en bien. L'Auteur de la vie de faint Genoul

funt triftes rerum calamitates, aeris videlicet intempe ries, crebri ventorum turbines, &c. Sac. V. Bened. pag. 26.

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Alberic

n'hésite point fur cet article: il dit pofitivement que les apparitions faites environ l'an 900. étoient ad prafa- Duchêne gium excidii regni vel patria jam tunc T. 3. p. imminentis. Les Mémoires du dixiéme fiécle fur lefquels Hugues de Flavigny, & Alberic drefferent leurs Chroniques, marquoient une perfécution ou une victoire après l'apparition de la lumiere feptentrionale ou après une Hugo éclypfe; Frodoard même qui vivoit Flavin en 927. & 934. dit qu'après qu'on ad an937 eut vû à Reims ces armées celeftes,danger adan944 qui n'étoient autres que la lumiere Boréale, la peste, la fièvre & la toux coururent dans toutes les Provinces de France & d'Allemagne. Glaber elevé fous le regne du Roy Robert, regarda auffi comme un pronoftic le feu qui parut en forme de dragon au mois de Decembre de l'an 1000. ou 1001: mais à l'occafion d'une comete ou augmentation de lumiére dans une étoile dont il parle ailleurs, il aime Lib. 3.mieux renvoyer à Dieu la connoiffan- Cap. 3. ce de ce qu'elle prédifoit, que de rif quer à l'annoncer quoique, dit-il, l'experience nous faffe connoître que toutes les fois qu'il arrive de ces phé

Ex ms.

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noménes, peu de tems après on voit quelque évenement extraordinaire & terrible.

Ces fçavans donnoient tous dans le fophifme qui fait conclure, que de ce qu'une chofe eft arrivée après une autre, le premier évenement eft la cause du fecond.

Je ne dis rien des idées fuperftitieuFloriac. fes que quelques-uns eurent du ton240. fol. nerre fous le Roi Robert, s'imaginant qu'il pronoftiquoit des morts differentes felon qu'il étoit entendu du côté du levant ou du couchant, du feptentrion ou du midi, ou des naiffances & même des guerres : & de même felon les differents jours de la semaine qu'il tonnoit.

Si l'on ne voit aucune preuve, que les Aftronomes de ces tems-là euffent la vraie connoiffance de la lumiere Boréale, ils n'ignoroient pas pour cela la caufe des éclypfes du Soleil & de la Lune. On a vu ci-deffus, que P'Af tronome de Louis le Débonnaire difoit que la grande éclypse du mercredi des Rogations de l'an 840. avoit été naturelle. Raban expliquoit vers l'an 820. les éclypfes de Soleil

Baluz.

par l'interpofition de la Lune entre Rab. de cet aftre & la terre, & celles de la Computo lib.i.cap. Lune par l'interpofition de la terre ; +6. T. 1. mais il difoit que la Lune eft plus gran- Mifcellan de que la terre, & que c'eft pour cela qu'elle paroît égale à tout le mon de: c'étoit toujours le fyftême de Ptolomée qui fervoit de fondement à tous les raifonnemens ; & par fa concentralité, il fit penfer à trouver dans les aftres des éloignemens femblables à ceux des fons les uns aux autres, c'est-à-dire, la même proportion (a). Les Sçavans qui fréquentoient la Cour à Aix-la-Chapelle eurent fous Louis le Débonnaire une grande facilité de rectifier leurs idées fur l'Aftronomie. fuppofé qu'ils fé fuffent écarté du fentiment reçu. Il y avoit dans le Tréfor Impérial un baffin d'argent d'une grandeur énorme fur lequel étoit représentée en boffe la fituation des étoiles & des planetes par rapport à la Terre. Mais ce meuble curieux n'y fut confervé que jufqu'à

(a) Cela fe trouve dans quelques imprimez en tre autres dans Dudon de faint Quentin: mais plus formellement dans une pièce de vers du volume dela Bibliothéque du Roi 5365. 3. intitulé Naturalis concordia vocum cum planetis.

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