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598.

marque qu'après la mort de Gontran, Childebert joignit par cette mort le Royaume de Bourgogne à fon Royaume d'Auftrafie. La haine qu'il portoit à Frédégonde étoit fi grande, qu'il réfolut de luy faire la guerre, & de détruire le Roy Clotaire fon fils encore jeune. Il affembla pour cet effet une puiffante armée d'Auftrafiens & de Bourguignons dans la campagne de Reims fous la conduite du Duc Guintrio & de Gombault; le Roy leur commanda d'entrer dans le païs ennemi, & d'y mertre tout à feu & à fang. Ces Ducs partirent de Champagne à la tête de leur armée, entrérent dans le Soiffonnois, où ils commencérent à tout ravager; mais Frédégonde les défit avec le fecours de Landry, & l'armée fut mife en déroute.

Le Duc Wintrio malgré cette défaite rallia quelques troupes, & vint à la charge, & donnant à fon tour fur les foldats de Frédégonde occupés à piller, il en fir un grand carnage; il fut enfin repouffé, & il eut même grand'peine à fe fauver. Il y refta trente mille hommes fur la place de part & d'autre.

L'armée de Frédégonde qui eut l'avantage, mit enfuite tout à feu & à fang dans la Champagne, & fit tuer tous ceux qui pou-. voient porter les armes, & ils emmenérent des femmes & les enfans. Cette défaite arriva,

l'an 598. en un lieu du Soiffonnois appellé Trus. Paul Diacre écrit néanmoins que Childebert demeura victorieux, & en effet il paroît par des circonftances que les Hiftoriens rapportent, que Childebert eut de grands avantages en cette occafion.

La Reine Brunehaud qui conduifoit toutes les affaires du Royaume, & qui ne s'accommodoit pas de Guintrio Duc de Champagne, qui étoit un des plus grands Seigneurs d'Auftrafie, perfuada au Roy Théodebert fon fils de le faire mourir, ce qu'il fit. Frédégaire ne dit point que ce Seigneur fut innocent, au contraire il paroît par la Chronique de cet Hiftorien que ce Duc devoit avoir été en grande intelligence avec le traître Gifle, qui luy avoit fait donner le Duché de Champagne, comme nous l'avons dit.

Cette mort néanmoins, quoy-que peutêtre fort jufte, fouleva les grands du Royauinc contre Brunehaud, ce qui l'obligea de fortir du païs fi mal fuivie, que fans l'aide d'un pauvre homine qu'elle trouva par hazard & qui la conduifit à Arcy fur Aube, Ville de Champagne confidérable en ce temps-là, elle feroit tombée entre les mains de fes ennemis. Elle paffa de là dans le Royaume de Bourgogne où étoit le Roy fon fils, qui l'a reçut d'une maniere à la confoler de fes malheurs.

Jean, Quatriéme Duc.

600.

Duc de

Flodoard parle d'un autre fils du Duc Loup, nommé Jean, qui fucceda à Guintrio, & fut le quatrième Duc de Champagne, environ l'an 600.

Wimar, L'Hiftoire ne marque rien de confidérable Cinquième de ce Duc, non plus que de Wimar, qui Champa- fut le cinquiéme Duc de Champagne; il y gne. a même apparence qu'il y eut encore en ce temps-là quelques autres Ducs de Champa

Drogon,

gne,

gne avant le Duc Drogon, dont nous allons parler.

Drogon ou Dreux fut le fixiéme Duc de Sixième Champagne. Fauchet dit qu'environ l'an Duc de 593. il fut pourvu de ce Duché, ce qui ne Champa- s'accorde pas avec la chronologie ni avec le fentiment des autres Hiftoriens. Ce qui eft de certain eft qu'il étoit fils de Pepin furnommé le Gros, parce qu'il étoit fort replet, ou Pepin d'Hériftal, nom d'un Palais qui luy appartenoit, & que porte encore aujourd'huy le bourg où il étoit fitué fur le bord de la Meufe à une lieuë au-deffus de Liége; on l'appelle auffi Pepin le Jeune, par rapport à fon ayeul Pepin, autrefois Maire du Palais d'Auftrafie, & quelquefois Pepin le Vieux, par rapport à fon petit-fils Pepin qui fut enfin Roy de France.

Valladier en fa Chronique de S. Arnould de Metz dit que Drogon étoit fecond fils de Pepin le Gros & de Plectrude, & que Gri

moald

moald qui fucceda à Drogon au Duché de Champagne, comme nous le dirons, étoit l'aîné: mais plufieurs autres Historiens confidérables donnent ce droit d'aineffe à Drogon. Quoy qu'il en foit, il eft certain que Drogon étoit alors Duc de Champagne & de Bourgogne.

Il époufa Baftrude ou Adeltrude, fille de Waraton, Maire du Palais d'Auftrafie, & d'Ausflede fon époufe, felon l'avis de quelques Hiftoriens ; d'autres au contraire difent qu'elle étoit fille de Berthier, autrefois Maire du Palais : ce qui paroît plus vray-semblable, fuppofé la vérité du Jugement rendu par le Roy, rapporté par Dom Félibien dans fon Hiftoire de l'Abbaïe de S. Denis.

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Il dit qu'en l'an 697. le Roy Childebert 697. Second tenant fon Parlement à Compiegne décida en faveur de Magnoald, Abbé de Tuffonval, un différend dont voicy le fujet.

Le Duc Drogon prétendit que la Terre de Noify étoit un héritage d'Adeltrude fon époufe, fille de Berthier, autrefois Maire du Palais, qui l'avoit échangée, à ce qu'il fuppofoit, avec l'Abbé Magnoald. Drogon avoir déja fait recueillir les fruits de la Terre en contestation, l'Abbé s'en plaignit au Roy; Hociobert Comte du Palais eut ordre de s'inftruire de l'affaire à fonds, & fur fon rapport, le Roy de l'avis des Evêques & des

C

autres Seigneurs de l'affemblée, condamna Drogon à réparer le tort que fes Agens avoient fait au Monaftere de Magnoald, & à laiffer jouir cet Abbé d'un bien qu'il tenoit de la libéralité du Roy Thierry. On prétend que Pepin pere de Drogon, fut préfent à cette féance. Drogon eut quatre fils, & mourut l'an 708. 699. ou felon Wafbourg en 699. il fut enterré dans le tombeau de fes ancêtres en l'Abbaïe de S. Arnould de Metz.

708.

Grimoald fucceda à fon frere Drogon, & Grimoald, fut le feptiéme Duc de Champagne, il fut Septieme établi en cette qualité par Pepin fon pere, Champa- qui l'avoit fait élire avant ce temps-là Maire du Palais du Roy Childebert Second.

Duc de

gne.

710.

Dom Félibien dit qu'en l'année 7 10. Childebert regla un différend entre Grimoald au fujet de la foire de S. Denis. Ce Prince, en présence des Grands du Royaume affemblés au Palais de Maumaque, ordonna que les Agens de Grimoald dédommageroient l'Abbaie de S. Denis, des droits qu'ils avoient reçus, & qu'à l'avenir cette Abbaïe jouiroit feule de tous les droits de la foire de S. Denis.

Grimoald gouverna avec tant d'équité & de modération, qu'il mérita de porter le nom de Jufte. Fauchet dit qu'il étoit doux, bon, pailible, grand aumonier, & dévot.

Il époula Thudelinde, fille de Ratbot, 712. Duc des Frifons. Ce mariage fut conclu après

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