Imágenes de páginas
PDF
EPUB

disent à

Reims

D'autres en coutât beaucoup. Il fut enfuite couronné à Compiegne par l'Archevêque Hincmar, & depuis en Décem- encore facré & couronné par le Pape Jean bre 877. VIII. le 7. Septembre 878. à Troyes en Champagne où il avoit convoqué un Concile.

878.

L'an 882. les Normans ayant été informés qu'on avoit fait abattre une partie des murailles de Reims d'un côté, pour aug menter l'Eglife Cathédrale, ils formérent 882. auffi-tôt le deffein d'en aller enlever les tréfors, & de revenir par Soiflons & par Noyon pour affiéger Laon. L'avis qu'on en donna à Hincmar Archevêque de Reims, fit qu'il fortit de la Ville, tout malade qu'il étoit, avec le corps de S. Remy & tous les tréfors de fon Eglife. On porta Hincmar dans une chaife jufqu'à Epernay, les habitans se sauvérent comme ils purent en divers lieux aude-là de la riviere de Marne. Le Roy Carloman vint avec le peu de troupes qu'il avoit pû ramaffer, & chargea les Normans avec tant de vigueur près d'Avaux, qu'il en tua un grand nombre, & quelques-uns, qui voulurent fe fauver du côté de la riviere d'Aîne, furent pouffés de forte qu'ils fe jettérent dans l'eau, où ils fe noyérent; le refte de l'armée des Normans fe retira à Laon: ainfi Reims fut délivré; ce qui donna beaucoup de joye à Hincmar, qui mourut bien-tôt après.

887.

L'an 887. les Nermans afliégérent la

ville de Paris, les Religieux de l'Abbaïe de S. Denis, en laquelle eft la fépulture de nos Rois, fe refugiérent à Reims avec le corps de leur faint Patron & plufieurs autres Reliques: le corps de S. Denis demeura en dépôt trois ans dans l'Abbaïe de S. Denis Cette Ab de Reims.

baïe eft de L'an 901. le Roy Charles le Simple étant l'ordre des à Reims avec Richard Duc de Bourgogne, Chanoines qui étoit venu pour traiter avec le Roy › de S. 4. Réguliers Hervée Archevêque de cette Ville crut dezustin de voir prendre le temps d'une fi belle affein-1 Congré blée, pour faire reporter le corps de S. Re- gation de my dans l'Eglife qui porte le nom de ce France. Saint, qui en avoit été enlevé par Hincmar, comme nous l'avons dit, & que Foulques 901. avoit depuis fait reporter à Reims, où il étoit demeuré dans l'Eglife Cathédrale: on choifit le fecond jour d'après les faints Innocens pour en faire la tranflation. La marche se fit felon qu'elle avoit été projettée, & comme on étoit déja hors de la Ville, l'Eglife de S. Remy n'étant pas alors dans fon enceinte, un boiteux nommé Abraham fuc miraculeusement gueri; & en mémoire de ce iniracle on pofa auffi-tôt une Croix, qui fubfifte encore aujourd'huy en la grande ruë de S. Denis au même endroit où ce boiteux reçut la guerifon.

On peut fixer au commencement du re

gne de Charles le Simple l'origine de tous ces petits Etats, dont la Monarchie Françoife fut infenfiblement depuis composée, & qu'on nomma dans la fuite des Fiefs mouvans de la Couronne; non pas qu'ils euffent eû dès-lors toute la forme de ce qu'on appelle Fief; mais il y eut peu de différence à quelques formalités près, par lefquelles on regla avec le temps les droits du Souverain & les devoirs de ces demi-fujets.

Les grands Officiers & les Gouverneurs des Provinces & des Villes profitant de la foiblefle de cette feconde Race, fe perpétuérent dans leurs Charges & dans la poffeffion des Provinces qu'on leur avoit confiées, de forte qu'ils les rendirent héréditaires dans leurs familles. Les Gentils-hommes qui relevoient d'eux imitérent un fi dangereux exemple, & ils en uférent à leur égard comme les autres avoient fait à l'égard du Prince. De là vint l'origine ou du moins la confirmation des Fiefs, & une infinité de petits Seigneurs, dont les uns étoient arrierevaffaux, les autres fuferains; quelques-uns même faifoient paffer leurs franc-aleus, comme s'ils euffent été des fouverainetés, & particulierement lorfque ces Terres fe trouvoient en quelques lieux écartés ou fur les frontieres du Royaume.

Les Archevêques & les Evêques n'oublié.

rent pas de profiter des défordres du temps, & on lit que quelques-uns d'entr'eux fe rendirent maîtres de leurs Villes Epifcopales.

Hugues Capet ayant été reconnu Roy de France par le moyen des principaux Seigneurs de fa nation, fut obligé de diffimuler ces ufurpations, la Couronne n'étant pas encore trop bien affermie fur la tête, & craignant d'être renverfé du trône par les mêmes mains qui l'y avoient placé. C'est ainfi que le Gouverneur de Champagne fut reconnu en qualité de Comte & Prince fouverain fous le fimple hommage qu'il devoit faire à la Couronne, à peu près comme les Princes de l'Empire prétent ferment de fidélité à l'Empereur. Nous lifons dans l'Hiftoire que ces Comtes ne fe reconnurent fujets qu'à condition de tels fervices, qu'ils jugérent à propos de rendre à ce Roy auffi nouveau en fa dignité, qu'eux-mêmes qui l'avoient élevé au préjudice de l'héritier apparent de la Couronne, pour avoir part au butin plutôt que par l'affection qu'ils luy portaflent.

Hugues Capet & Robert fon fils ne joüiffoient d'aucune Ville confidérable, excepté Paris, Orléans & Laon; les Ducs & les Comtes poffedoient les autres: fçavoir, Richard la Normandie, Herbert une partie de la Champagne & de la Brie, Guillaume la

7

Guyenne & le Poitou, Thibault Chartres, Blois & Tours, Geoffroy l'Anjou, &c. Tellement qu'on vit en même temps en France plufieurs belles & magnifiques Cours. Tous ces démembremens de Provinces entieres furent l'effet auffi-bien que la caufe de cette grande révolution, où la Couronne fut mife fur la tête d'un Seigneur affez ambitieux pour la recevoir, d'un affez grand mérite pour la porter avec dignité, affez heureux pour fe la conferver fans envie & pour la rendre héréditaire dans fa maison.

Il n'eft pas néceffaire de faire icy un long détail des titres de Ducs & de Comtes.

L'Hiftoire nous apprend que les Empereurs, & entr'autres le grand Constantin, environ l'an 339. envoyérent des Ducs dans les Provinces & dans les principales Villes, & que ces Ducs avoient des Comtes fous eux; mais ces Ducs ne tenoient leurs gouvernemens qu'autant qu'il plaifoit au Prince de les leur laiffer; ils choifilfoient, felon l'opinion de quelques Historiens, la Ville de leur gouvernement qui leur plaifoit le plus pour y faire leur féjour.

Il des Hiftoriens qui croyent que y a les Ducs gouvernoient les Provinces, & les Comtes les Villes feulement.

Ainfi nous voyons que les Comtes de Troyes dépendoient tantôt des Ducs de

« AnteriorContinuar »