Comme la deuxième Partie, qui contien- Seconde dra l'état préfent de la Champagne depuis Partie. fa réïinion à la Couronne, eft plus connue que la premiere, elle fera fous-divifée en fix Chapitres.

Le premier contiendra la description des Villes & des Rivieres, dont la Province eft compofée.

Le fecond traitera du Gouvernement Ecclefiaftique de la Province.

Le troifiéine, du Gouvernement Militaire.
Le quatrième, de la Juftice qu'on y

exerce.

Le cinquième, de l'administration des Finances, du Commerce, & de l'industrie des habitans.

Le fixiéme marquera les Principautés, Duchés, Marquifats, Comtés, Baronnies & autres Terres confidérables de la Province. Et afin de rendre cet ouvrage plus achevé, par rapport aux matieres dont il traitera, on y marquera autant que l'on pourra l'origine des Terres & des Maifons illuftres ou par l'ancienneté de leur race, ou par les dignités & grandes charges qu'elles ont poffedées, ou qui fe font diftinguées par des actions éclatantes, qui les ont relevées audeffus du commun de la Nobleffe; autant néanmoins qu'on aura pû s'en éclaircir par les mémoires & monumens qui en reftent,

Et enfin on y ajoutera un feptiéme Chapitre, dans lequel on parlera de quelques perfonnes illuftres qui ont pris naissance dans cette Province.

De l'état de la Champagne avant fa

réunion à la Couronne de France.

L

A Champagne a été long-temps inculte & inhabitée, ainfi que beaucoup d'autres contrées du monde; on ne fçait pas même quand elle a commencé d'être cultivée, & l'on ignore quelle a été la maniere de vivre de fes premiers habitans. Il y a néanmoins lieu de préfumer qu'ils étoient paisibles & fans aucune ambition: mais aufli fans loix, fans police, & fans commerce avec leurs voifins, dont les mœurs étoient auffi barbares que corrompues, & dont toute la vie n'étoit qu'un perpétuel brigandage. Cette Province dans ces temps-là ne portoit pas le nom de Champagne: ce nom eft nouveau, & le premier qui s'en eft fervi, eft le continuateur de la Chronique du Comte Marcellin, qui a été fuivi par Grégoire de Tours, par Thegan, par Aimoin, & par d'autres qui l'appellérent, comme nous l'avons dit, la Champagne de Reims, & quelquefois la Champagne de Chaalons.

La Champagne dans ces temps n'étoit

regardée que comme un defert, & on ne voit pas qu'aucun Prince fe foit avifé de fe rendre maître d'une contrée qui paroiffoit de fi peu de confidération avant Jules Céfar, qui vint au monde l'an 709. de la fondation de Rome, & qui fut affaffiné dans le Sénat de cette même Ville 43. ans avant la naiffance de Jefus-Chrift, il étoit alors âgé de 56. ans. Ce conquérant après s'être rendu maître des Gaules, les réduifit en Provinces, & elles firent depuis une partic de l'Empire Romain.

La Champagne ne donna pas néanmoins beaucoup de relief à la gloire de ce grand homme, puifque cette Province étoit alors fans défenfe, fans chef, fans foldats, & fans fortereffe capable d'en empêcher l'entrée à une armée ennemie. Céfar néanmoins l'attaqua dans les formes, il mit d'abord le fiége devant la ville de Langres, dans la penfée que l'avantage de fa fituation luy fa→ ciliteroit la conquête de toute la Province: cette place fe rendit après quelque réfiftance, & elle reçut fi bien ce vainqueur, qu'elle luy fit ériger une ftatuë de marbre blanc, qu'on a trouvée de nos jours en l'année 1674. comme nous le dirons dans la def cription de cette Ville. La ville de Reims ne tarda gueres à fuivre l'exemple de Langres; elle envoya à Céfar deux de fes prin

cipaux habitans Iccie & Antobroge pour luy demander fa protection, & elle se foumit volontairement à la puiffance des Romains, Ces deux Villes contribuérent beaucoup aux conquêtes de Céfar par les vivres qu'elles luy fournirent abondamment en plufieurs occafions importantes, dont Céfar cut tant de reconnoiffance, qu'à leurs prieres il pardonna à plufieurs autres Villes, qui après l'avoir reconnu s'étoient révoltécs contre luy. Enfin Céfar conquit toutes les Gaules en neuf ou dix années, & leur impofa quatre cens mille fefterces de tribut par an.

Le grand Conftantin eftima auffi - bien que Cefar le féjour de Langres ; il y affembla des troupes, & y fit pendant un temps fa réfidence ordinaire. Ce fut aux portes de cette Ville qu'il combattit les Allemans & les Bourguignons, qui avoient eù la hardieffe de le venir chercher jufqu'en ce licu pour troubler le repos de fon Empire: mais ils payérent par la défaite entiere de leur armée la peine dûë à leur témérité. Quelques Hiftoriens ont prétendu que cet Empereur fut le premier qui établit des Comtes dans la plupart des Villes, & des Ducs dans celles qui étoient fur les frontieres. D'autres eftiment que la Champagne dans le temps de la République Romaine fut gouvernée par

des Proconfuls, & depuis par des Ducs ou Gouverneurs fous l'autorité des Empereurs. Quoy qu'il en foit, il eft certain que la Champagne reconnoiffoit l'Empire Romain, & qu'elle tenoit alors un rang confidérable dans les Gaules.

Les François ayant fecoüé le joug des Romains dans la décadence de leur Empire, s'emparérent de la meilleure partie des Gaules; mais il eft difficile d'affurer précisément quel fut le gouvernement des Champenois. On ne laiffe pas néanmoins de reconnoître que les principaux chefs d'entre ces nouveaux conquérans s'étant rendus maîtres de la plûpart des Gouvernemens des autres Provinces des Gaules, ils s'emparérent de même de celuy de Champagne.

Monfieur de Cordemoy dit que Siagrius fils de Gilon qui avoit mis fur le trône de France le Comte Giles, Général de l'armée Romaine, à la place de Childéric, quatriéme Roy de France, qui fut dépofé & depuis rétabli, étoit maître des villes de Troyes & de Reims & de plufieurs autres Villes de Champagne, & portoit le titre de Roy. Clovis, fils de Childéric & premier Roy Chrétien en France, luy déclara la guerre, & l'an 486. il luy donna bataille proche de Soiffons, où ces deux Rois étoient en perfonne, le combat fut affez obftiné, les troupes de

486.