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fimple. Il s'agit de faire féparer Isabelle 1688, d'avec fon mari M. Satinet vieux fous-Fermier; les incidens comiques rempliffent parfaitement les trois Actes. Gherardy l'ayant inférée toute entiere dans fon Recueil, met en état d'en faire une analyfe plus exacte qu'aux Piéces précédentes. Sc. du Prologue, entre Arlequin, Mezetin en Mercure, & Pierrot en Jupiter, monté fur un Dindon. Arlequin tout en colere, pefte contre fes Camarades de ce qu'ils s'avifent de fe trouver mal quand il faut gagner de l'argent, & demande excufe aux Spectateurs de ce que l'indifpofition du Portier & de Pantalon les empêche de jouer; qu'ils ne fuivront cependant pas le mauvais exemple, & que, quoique la Comédie foit commencée, on rendra l'argent. Mercure annonce l'arrivée de Jupiter qui veut voir cette Piéce, afin, fi elle lui plaît, d'introduire dans l'Olimpe le Divorce. Sur ce qu'Arlequin lui avoue qu'il craint les Siflets, Jupiter le raffure, en lui difant qu'il a fait provifion de foudres de poches pour brûler la mouftache du premier Sifleur. Ce Prologue finit par ces deux Vers.mel & worth

14 MEZET LN.Y

O déplorable coup du fort!

O malheur !

8688.

ARLEQUIN
Je fremis. Parle.

MEZETIN,

Patrocle eft mort,

PRECIS DE LA PIECE. Aurelio, frere alfabelle, engage Mezetin, Valet de Sotinet, à le feconder dans l'entreprise de féparer fa fœur d'avec fon mari. Arleq. dont l'habillement & la figure grotefque attirent les regards des Badauts, appercevant Mezetin, renoue connoiffance avec lui, lui raconte fes avantures, les dangers qu'il a courus par la méchan ceté de la Juftice, qui vouloit le faire pendre pour s'être amusé à faire des Médailles; de quelle maniere il s'eft fauvé par le robinet de la fontaine de la Croix du Trahoir qui l'a jetté dans la Seine, & a paffé du Havre aux Inde dont il eft de retour depuis peu. Sur ce que Mezetin lui objecte l'impoffibilité, gros comme étoit Arlequin, d'avoir pû paffer par le robinet, celui-ci lui répond que la frayeur de la potence rend diablement mince, Sotinet donne ordre à Pierrot de ne laiffer entrer perfonne chez fa femme Arlequin en Barbier, dans le tems qu'il le rafe, lui vole fa bourse. Ifabelle paroiffant à fa Toilette, Colombine lui raconte la façon comique dont une femme, qu'elle fervoit autrefois, fe don noit un vifage neuf tous les fix mois.

Arke

en Maître à Danfer leur débite nombre de 1688 plaifanteries; il montre à Ifabelle une malle pleine de marques ou cachets qu'on lui donne par leçon, & de chacune defquelles il eft, dit-il, für de toucher un demi Louis chez le premier Banquier. Difpute entre Arleq. Maître à Danfer, & Mezetin Maître de Mufique, qui fe traitent d'ignorans pour n'avoir pû chanter ensemble un Duo; mais lorsqu'on les croit prêts à fe tuer, Arlequin met fiere ment la main fur fon Epée, jure comme un Dragon, & du plus grand fang froid il fouhaite le bon foir aux Dames. Mezetin pro met à Arlequin de lui faire époufer Colom bine, s'il parvient à rendre une Lettre à Ifat belle, à qui Sotinet fait des reproches fur fa conduite; mais celle-ci lui répond qu'il eft trop heureux de l'avoir époufée, qu'il eft moins fon mari que fon homme d'affaires Sotinet fe met en colere & veut mettre dehors Colombine, fur l'approbation qu'elle donne à tous les impertinens propos de fa Maîtreffe, qui feint d'avoir des vapeurs & de fe trouver mal, pour obliger fon mari à fe retirer. Arl paroît fous le nom de Chevalier de Fondfec; tout ce qu'il dit eft d'un comique bouffon: Il vient enfuite, déguifé en Ambaffadeur du Roi de la Chine, annoncer à Ifabelle que fon Maître tombe en charpie pour fes divins appas, &qu'il a un fecret immanquable pour rom

1688. pre l'Hymen qu'elle a contracté avec Sotinet, Arlequin raconte encore plufieurs Coutumes de la Chine, & entr'autres que les femmes ne portent leurs enfans que deux ou trois mois & qu'elles les donnent le refte du tems à porter à leurs Filles de chambre; qu'on vit trèslong-tems dans ce Pays, parce qu'il n'y a point de Médecins : Le furplus eft d'un comique fubalterne. Aurelio apprend à Mezetin qu'Ifabelle confent à la fin de fe féparer d'avec Sotinet; qu'il fera lui-même le perfonnage du Dieu de l'Hymen ; & charge Mezetin de chercher un Avocat pour Ifabelle. Le choix tombe fur Arlequin, qui s'y prête d'autant plus volontiers, qu'on lui promet de le bien régaler à la Buvette, & de lui faire épouser Colombine. Sotinet fe défole, par la crainte d'être obligé de rendre les vingt mille écus dont il a avantagé fa femme par fon Contrat de mariage. Enfin, Aurelio, fous la figure du Dieu de l'Hymen, vêtu de jaune, dans un Tribunal foutenu de Bois de Cerf, après avoir entendu les comiques & plaifans Plaidoyers de Cornichon & de Braillardet, prononce le Jugement de féparation d'entre Ifabelle & Sotinet. Gherardy nous apprend, que quoique cette Comédie n'eût pas réuffi, fous le fameux Dominique, il la choifit pour fon début au mois d'Octobre 1689. & qu'elle eut un grand fuccès. Elle eft encore du nombre

de celles qui pourroient être retouchées pour 1688. être mifes fur le Repertoire.

21. LE MARCHAND DU PÉ. une Piéce en trois Actes, inférée toute entiere dans le Recueil de Gherardi. Le fujet eft de tourner en ridicule un vieux Marchand fort riche, volé par fon Fils & fes Garçons; tourmenté par fa Femme & dupe d'une Maîtreffe, fieffée Coquette, qui avec le fecours de fa Suivante, trouve le fecret de tirer de l'argent de plufieurs Soupirans qu'elle feint d'aimer, & dont elle se défait ensuite, pour se marier avec Aurelio, à qui elle apporte en Dot ce qu'elle a amaffé. Cette Piéce eft paffable & même affaifonnée de bon Comique. Mr. Friquet fe plaint à fes Garçons qu'on le vole; ceux-ci lui impofent filence, en lui faifant appercevoir qu'ils fçavent fon intrigue avec Ifabelle, qui donne lieu au dérangement de fes affaires. Son fils augmente encore plus fes aprehenfions, en lui demandant compte de l'état de la Caiffe, fa mere, dit-il, foupçonnant le bonhomme d'en détourner l'argent pour le donner à fa Maîtreffe. Intimidé de ce difcours, il donné à fon Fils une Lettte de Change de quarante mille livres, pour qu'il fe hâte de remplir le vuide de la Caiffe, Mezetin l'accepte de grand coeur, difant qu'il eft le premier homme du

DUPÉ. C'eft 1688.

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