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mois de Juin 1660. il vint des Comédiens Espagnols pour s'établir à Paris, mais ils » n'y furent pas heureux ; ils ne fçurent ja» mais trouver le goût des François : Leur facétieux paroiffoit trop grave, & leur gra»vité trop facétieufe. Tout le monde étoit » d'un grand férieux à leurs Comédies, & l'on » n'alloit à leurs Tragédies que pour rire.

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» Les productions de Lopes de Vega qui » charmoient toute l'Espagne ne plûrent pas » en France, & l'on fe défioit de la fécon» dité d'un Auteur qui a laiffé dix-huit cens Piéces de Théatre, & quatre cens de ces » Actes que l'on représente dans les Places » devant le Saint Sacrement le jour qu'on " en célébre la folemnité. Ces Comédiens Efpagnols laffés enfin de déclamer dans des "Solitudes repafferent les Pyrenées. » Cela se pouvoit-il autrement? Peu de Perfonnes entendoient l'Espagnol ; & pendant environ douze ans que ces Comédiens refterent à Paris, ils ne fçurent ou ne purent parfemer leurs Piéces de Scènes Françoifes, à l'imitation des Italiens Les Dames, cette partie brillante des Spectacles, ne trouvant point à s'amufer, ne firent aucunes vifites à ces pauvres E pagnols: C'étoit donc bien le moyen de rendre leur Théatre défert.

des Jeux

COMEDIENS ITALIENS
A L'HOTEL DR BOURGOGNE.

Quoique cet Hôtel fût déja occupé depuis plus d'un fiécie par les Comédiens François, Traités la Troupe Italienne y joua alternativement juf de Théa- qu'en 1680. que la Troupe Françoise fut réu tre, pag. nie à celle de Guenegaud, au moyen de quoi Gazettes les Italiens refterent feuls en poffeffion du 17 Mai Théatre de l'Hôtel de Bourgogne jufqu'au mois de Paris. de Mai 1697. qu'il fut fermé par Ordre du

251.

1697. art.

Tom. II.

pag. 89.

Roi, qui avoit profcrit la Comédie Italienne parce qu'on n'y gardoit plus les Réglemens de S. M. puifqu'on y jouoit encore des Piéces trop licentienfes, & que l'on ne s'y étoit pas corrigé des obfcénités & des geftes indécens.

Les mêmes Gazettes ajoutent que les follicitations de quelques Perfonnes de la premiere confidération, Protectrices de ce Spectacle, furent inutiles, & ne purent avoir le crédit de faire révoquer l'Ordre.

La lecture des Scènes & Piéces de l'Ancien Théatre Italien m'a donné occafion de faire des Recherches dans un grand nombre d'Ouvrages de Littérature, pour voir jufqu'où je pourrois porter mes découvertes; cela m'a fait trouver quelque chofe depuis 1667. feulement, au lieu que Gherardy ne commence fon Recueil qu'en 1682.

Voici le paffage d'un Journal de Ham

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bourg qui rend affés bien l'idée qu'on s'étoit faite de l'Ancien Théatre Italien. » Chacun fçait, dit-il, que les Comédiens Italiens mêlent toujours quelques Scènes Françoifes > en faveur de ceux qui n'entendent pas leur Langue. Ces Scènes fervent à faire voir les ridicules de la Nation. On s'apperçoit bien, » continue le Journaliste, que l'Auteur du » Recueil (Gherardy) a choisi tout ce qui » lui & fes Confreres ont dit & représenté de plus divertiffant & de plus fatirique dans » les diverfes Piéces qu'ils jouoient depuis plufieurs années : La friponnerie des Procureurs & autres Praticiens: la Coquette> rie des Femmes & des Abbés : la Difgrace » des Maris: la Profufion des Financiers: l'Efcroquerie des Cavaliers : la Scélérateffe des Banquiers: les airs de Marquis y » font traités en plufieurs endroits fans miféricorde. Les Portraits en font vifs, & fi "reffemblans, qu'il faut néceffairement être » à la grande fource des Originaux pour y pouvoir fi bien réuffir. Il y a des Scènes qui femblent particulierement destinées à » traveftir & à tourner en ridicule les Piéces de Théatre & les Opera, comme font celles » d'Arlequin en Titus, d'Arlequin Jason, & » d'autres femblables. La grande réputation » de M. Racine, & les applaudiffemens que » le Public a donné à fes Ouvrages, n'ont

४ ४

L

Edit. de

1706. pag. 237. & fui

vantes.

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» pas mis fa Berenice à couvert de la turlupi nade Italienne, &c.

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Quoique les Comédiens Italiens, dit en> core l'Auteur de l'Hiftoire de la Poëfie Françoife, n'euffent jamais pris foin de don»ner aucune liaifon à leurs Piéces, ils ne laiffoient pas de divertir le Public par la maniere mimique dont ils les repréfentoient. "Du tems du fameux Arlequin (Dominique) ils fçurent encore mieux fe confor» mer au goût des François. Beaucoup de » Gens d'efprit leur fourniffoient des Scènes très-ingénieufes, & par imitation ils fai» foient d'agréables Parodies des Opera & » des plus belles Piéces de Théatre : peut-être » n'auroient-ils pas été contraints de quitter » Paris, s'ils avoient toujours obfervé la bien» féance que demande le Théatre François.

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Il eft certain que l'adoption qu'ils firent d'une Piéce, fous le Titre de la Faufe Prude, marque un aveuglement exceffif, & que Ceux qui les avoient induits à la faire paroître étoient bien imprudens ou bien méchans, & par cette raison auffi repréhenfibles que les Comédiens Italiens. C'eft en cette rencontre qu'on peut obferver qu'il eft quelquefois dangéreux de fuivre toutes fortes de confeils.

J'ai cru cet Abregé Hiftorique d'autant plus néceffaire, qu'il conduit infenfiblement à l'Objet que je me fuis propofé. TABLES

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