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Tite-Live & de Sallufte qui ne commen→ cèrent à être lus généralement que vers la fin du quinzième fiècle. Ce fut à-peuprès l'époque de la deftruction de l'Empire grec par les Turcs. Alors la littérature grecque fe perdit dans la fervitude & les nouvelles mœurs apportées par les conquérans. Mais on verra dans la fuite de cet Ouvrage, quelle utilité l'Occident retira des débris échappés au naufrage de cet Empire.

I

CHAPITRE

DES LATINS.

I I.

IL ne fut point queftion de littérature à

Rome & dans l'Italie pendant près de cinq cens ans depuis la fondation de Rome. Cette ville destinée à être la métropole du monde, étoit trop occupée de fon établiffement, de fes guerres, de fes conquêtes, de ce qu'on nomme affaires; car c'étoit là ce qui absorboit toute l'attention des Romains laboureurs & foldats; s'ils avoient quelques arts, ils étoient groffiers comme eux. D'ailleurs Rome étoit environnée de peuples ignorans & fans lettres. Les Samnites, les Volfques, les Marfes, les Tofcans même ne lifoient pas. Il eft vrai que vers le midi de l'Italie, tout étoit plein de villes grecques; mais les Romains avoient peu de communication avec elles. Les voyages que quelques-uns de leurs citoyens avoient faits en Grèce pour y chercher des loix, n'avoient été d'aucun profit pour les lettres.

On auroit cru fe corrompre que d'adopter les arts des Grecs; & le mépris qu'on en faifoit, fe conferva encore long-tems à Rome, même après l'établissement des lettres & des fciences.

L'éloquence étoit le feul genre auquel les Romains fe fuffent appliqués, dans tout le tems qui précéda l'aurore de la littérature parmi eux. Cependant quels étoient les orateurs qui entraînoient le peuple dans fes affemblées? Des hommes qui avec du génie, n'avoient aucune connoiffance de l'art; c'eft en vain que Ciceron dans fes livres fur l'éloquence, veut nous montrer la fucceffion de ces arbitres de la tribune & du barreau. A travers tous fes efforts, on démêle que s'il les croyoit éloquens, il ne les trouvoit point orateurs, parce que le talent ne fuffit pas, & que les connoiffances & l'art leur manquoient.

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Point d'hiftoriens dans ces premiers tems de la république, à moins qu'on n'appelle de ce nom, des analyftes arides, plus faits pour être relégués dans la claffe des écrivains de chroniques, que placés dans le nombre

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pas

nombre des hiftoriens. Les Romains ne connoiffoient même leurs origines, & ils étoient obligés de les emprunter des Grecs. Auffi eurent-ils un champ vafte pour inventer dans ce genre, lorfque l'aggrandissement de la république, & la vanité qui en fut la fuite, leur fit défirer une illuftre descendance. Il est à croire que ce fut l'époque où ces pâtres du Latium, cet amas d'efclaves & de brigands alla chercher Les ayeux jufques dans les ruines de l'ancienne Troye, & ces vainqueurs des nations perfuadèrent tout ce qu'ils voulurent.

Les Romains avouent eux-mêmes qu'ils furent redevables aux Grecs du goût qu'ils prirent pour les lettres. Ce font les Grecs vaincus par nous, dit Horace, qui ont apporté les arts dans le Latium groffier. Cet aveu n'eft point fufpect, il eft confir mé par toute l'histoire.

On avoit fans doute quelques livres avant cette époque; mais ils étoient comme les moeurs, c'est-à-dire, fimples, fans grâces & fans ornemens. La langue n'étoit point. encore formée; on le voit par le ftyle E

des anciennes loix romaines. Les difcours oratoires n'étoient pas tels que nous les avons dans Tite-Live qui les a travaillés lui-même pour en orner fon histoire.

Le premier qui tira les arts de cette ftupeur, fut un écrivain de théâtre. Livius Andronicus, grec d'origine, ou tout au moins inftruit dans les arts des Grecs, fit paroître la comédie à Rome. Il eut des imitateurs, entr'autres, Nevius & Ennius. Nous avons quelques fragmens de ce dernier; on ne peut lui refufer un certain génie; mais il écrivoit fans harmonie & fans élégance. On l'admiroit cependant parce qu'on n'avoit rien de mieux.

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On peut regarder l'établiffement des lettres à Rome comme une véritable révolution, d'après les obftacles qu'elles eurent à furmonter. Les premiers Grecs qui y parurent avec de l'éloquence, furent fufpects par leurs talens mêmes, & déplurent aux partisans rigides des anciennes mœurs. On agita férieufement dans le fénat fi on ne chafferoit point de Rome Carnéade & les autres philofophes députés

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