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dans la Troupe qu'il commandoit; pourquoi faut-il que ces faits foient fans récompense, & que le nom d'un bon Soldat refte dans l'oubli ? Une action éclatante, transmise à la famille d'un feul homme, feroit peut-être une source de braves Soldats pour la patrie. Ne pourroit-on pas conserver dans chaque Régiment des Archives, où l'on confacreroit la mémoire des Soldats qui auroient le mieux combattu, ou qui fe feroient distingués par quelques traits éclatans? De tels Mémoires donneroient de l'émulation aux Corps entiers, & feroit pour le particulier un motif qui l'animeroit encore dans l'espérance, que son nom passeroit à la postérité. Qu'on me permette de le dire, les Romains étoient plus attentifs que nous aux actions particulieres de leurs Soldats. * Il fuffifoit parmi eux d'avoir fauvé la vie d'un Citoyen, pour mériter la Couronne Civique. La vertu fe fuffit fans doute à ellemême; mais les récompenses doivent être regardées moins comme le prix des belles actions qu'on a faites,

La Noue, cet homme de bien, dans le fiécle le plus pervers,fe récrioit fur le peu d'ordre qu'on obfervoit en France dans les récompenfes Militaires. Quand il eft queftion, dit-il, de pauvres eftropiés ou envieillis aux armes,qui requérent qu'on ait compaffion d'eux, fi de cent les dix reçoivent grarification, c'est tout; & encore quelle eft-elle ? Une place de Moine Lais dans une Abbaye, où à peine le pauvre Soldat eft arrivé, que les Moines le forçent à fe retirer ailleurs. Quelle fatisfaction pour cet homme s'il avoit pû voir l'établiffement des Invalides; l'Edit pour la Nobleffe en faveur des Officiers & l'Ecole Militaire. Voyez les Difcours Polit. & Milit, de la Noue. Difc. 7.

que comme un aiguillon pour exciter à en faire.

Mais les vertus guerrieres font fans mérite, fi elles ne font produites & foutenues par des vertus plus folides; il est peu de Grands Généraux qui n'ayent eu de la piété, & qui n'ayent fait foigneufement obferver la Religion : les Perfes imploroient le fecours de leurs Dieux avant le combat; les Grecs cherchoient à fe les rendre favorables par des facrifices & par des prieres; les Romains leur dévouoient avant la Bataille les dépouilles de leurs Ennemis. Chez tous les Peuples les chants de victoire font des Hymnes à l'honneur de la Divinité. En effet, fi l'honneur & l'amour de la gloire, qui dans le fond ne font que des préjugés heureux, font fi puiffans fur l'ame, que ne pourra point la Religion, qui est si profondément gravée dans tous les cœurs? » Dans une Bataille, dit » un Ecrivain de ce fiécle, ceux qui craignent le plus » les Dieux, sont ceux qui craignent le moins les

>> hommes. >>

La modeftie & l'humanité font les plus belles qualités d'un Militaire ; celui qui a de la Religion eft modefte, , parce qu'il rapporte tout à celui qui dirige fon bras; il eft humain parce que la Justice eft la base de toute Religion : elle rend le Soldat patient dans fes travaux, docile à fes Maîtres, complaifant pour fes semblables; elle lui apprend que sa vie n'est qu'un dé

pôt

pôt qu'il doit défendre; mais qu'il doit hasarder pour sa Patrie; dans un jour de Bataille, le Soldat qui a de la piété, n'a besoin d'être guidé qu'autant que fes lumieres ne lui permettent pas de fe guider lui-même ; mais dans la fureur des combats & dans le fein de la victoire il n'a pas besoin de frein; il répand à regret le fang que fon devoir exige qu'il répande & ménage par humanité celui qui doit être épargné. Je ne m'étendrai point fur les effets que la Religion produit dans un Général; le feul nom de Turenne renferme en lui feul tout ce qu'on pourroit dire àfon fujet.

Enfin la Religion rend le Soldat plus courageux & plus docile; elle aide l'Officier dans l'étude de fes devoirs & le foutient dans la pratique; elle le rend le soutien de l'Etat, la gloire du Prince & lui fait mériter l'estime de fa Patrie : fi elle ne peut suppléer au talent ni au génie, elle fait du moins que ceux à qui la nature a refusé l'un & l'autre, ne briguent point les emplois qui les fuppofent.

J'ai fans doute répété dans cet Ouvrage bien des chofes qui avoient déja été dites: comment cela ne pouroit-il pas être? Puifque j'ai puifé dans les mêmes fources où tant d'autres avoient puifé avant moi; mon but a été d'inftruire les autres, en tâchant de m'inftruire moi-même : ne pouvant donner le gout & le génie Tome II.

A a

186 ESSAI SUR L'ART DE LA GUERRE.

de la Guerre à ceux qui ne les ont pas ; je les fuppofe dans mes Lecteurs: ce génie eft un don de la nature, l'amour de la gloire le développe, l'étude le dispose, la pratique le perfectionne.

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187

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A

BBATIS, derriere les li-
gnes, pourquoi (a).page 101.
Achille (Parallele d') & de Sci-
pion (a).

6.

A

271.

64; raifons de cette difpofition

70; en païs de bois 72, 73 voyez

Marche;la maniere dont eft com-
pofée une Armée décide fouvent
un Général (a).

Armes à feu favorables aux lâches

(a) 216; mot du Chevalier

Bayard à ce fujet, ibid.

Arme blanche, occafion où elle est
néceffaire (a).
216.
Arriere-garde pour la retraite, de
quoi compofée (a).
Art de la Guerre, fa nobleffe, fon
utilité, quel doit être fon but
(a), 1, 2; combien fa pratique
eft difficile 2 & fuiv.
Art Militaire; fes différens âges
(b) 274 & fuiv., en quoi il

210.

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