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les plus chaudes du corps humain eft de 54 de ces degrés, & celle du fang de 64 des mêmes degrés, peu près la même que celle de l'eau échauffée au point qu'un homme puiffe tenir fa main dedans en la promenant: ce qui eft une chaleur trèscapable de produire une grande évaporation.

Queftion. Puifque les tranfpirations de furfaces. égales dans l'homme & dans le foleil, font entre elles comine 165 font à 50, ou comme 3 font à 1, & que les degrés de chaleur font comme 2 à 1, la fomme ou la quantité des aires des pores de furfaces égales dans l'homme & le foleil, ne doivent-elles pas être comme font à 1 ? car il femble que les quantités évaporées d'un fluide, devroient être comme les degrés de chaleur & la fomme des aires des pores, pris ensemble.

Le docteur Keill, pour eftimer les évacuations de fon corps, trouva qu'il mangeoit & buvoit 4 livres 10 onces toutes les vingt-quatre heures.

Nous avons vu qu'un foleil tire, & tranfpire dans le même temps 22 onces; donc la nourriture de l'homme eft à celle de la plante, comme 74 onces font à 22, ou comme 7 font à 2.

Mais fi l'on ôte, avec le docteur Keill, 5 onces pour les gros excrémens, il ne restera que 4 livres 5 onces pour la nourriture qui entre dans les veines d'un homme; ainfi, en faisant le calcul, on trouvera qu'à maffes égales & en temps égaux, la plante tire & tranfpire dix-fept fois plus que l'homme.

Puisque, maffe pour maffe, le foleil transpire dix-fept fois plus que l'homme, on voit qu'il étoit néceffaire qu'il eût une furface très-étendue pour tranfpirer fi abondamment, d'autant plus que c'eft la feule voie par où une plante puiffe fe décharger

des fuperfluités nuifibles, au lieu que l'homme fe délivre de plus de la moitié par d'autres moyens. Car toute la furface de fon corps, avec l'aide de la chaleur de fon fang, ne fuffifent pas pour faire tranfpirer plus de la moitié du fluide perflu; les reins font le crible dont fe fert la nature pour faire paffer l'autre moitié.

Il entre donc & il fort en vingt-quatre heures, dix-fept fois plus de nourriture à proportion des maffes dans les vaiffeaux féveux d'un foleil, que dans les veines d'un homme; ne pourroit-on pas attribuer la néceffité de cette grande quantité de nourriture à fa qualité ? car, felon toutes les apparences, quand elle est tirée par la racine de la plante, elle n'eft pas fi chargée de parties nutritives que le chyle, lorfqu'il entre dans les veines lactées des animaux; il falloit donc pour nourrir suffisamment la plante, faire paffer une plus grande quantité de fluide, outre que cette abondance de Auide fert à accélérer le mouvement de la sève, fans quoi il eût été très-lent, les plantes n'ayant pas un cœur comme les animaux pour en augmenter la viteffe, & la sève n'ayant probablement qu'un mouvement progreffif, & ne circulant pas comme fait le fang dans les animaux.

Puifque les plantes ou les arbres ont besoin pour se bien porter, d'une tranfpiration fi abondante, il eft probable que plufieurs de leurs maladies viennent de ce que cette transpiration eft quelquefois interrompue par l'intempérie de l'air.

La tranfpiration dans l'homme eft souvent arrêtée, jusqu'à caufer des accidens fâcheux, nonfeulement par l'intempérie de l'air, mais auffi par l'intempérance, les grandes chaleurs & les grands froids: pour la tranfpiration de la plante, il n'y a

que l'intempérie de l'air qui puiffe l'arrêter, à moins que le fol dans lequel eft la plante, manquant de fucs propres & convenables à cette plante, ne lui fourniffe pas affez de nourriture, & par-là diminue fa transpiration.

Le docteur Keill ayant obfervé fur lui-même, que l'intervalle entre la plus grande & la moindre tranfpiration d'un homme en bonne fanté étoit très-grand, puifque fa tranfpiration alloit depuis I livre & demie jusqu'à 3, j'ai auffi fait la même obfervation fur mon foleil; & j'ai trouvé que, lorfqu'il fe portoit bien, fa tranfpiration alloit de 16 onces jufqu'à 28 en douze heures de jour; ce qui eft auffi un fort grand intervalle. Plus il étoit arrofé, & plus il tranfpiroit abondamment, (toutes choses égales); & plus il manquoit d'eau, & moins il tranfpiroit.

EXPÉRIENCE II.

ENTRE le 3 de juillet & le 3 d'août, je pris neuf jours, pendant lefquels foir & matin je pefai un chou de moyenne grandeur, qui étoit crû dans un pot de jardin, que j'avois couvert de plomb comme le pot du foleil dans l'Expérience 1. Sa plus grande tranfpiration en douze heures de jour fut de 1 livre 9 onces, fa moyente tranfpiration de 1 livre 3 onces, ou de 32 pouces cubiques; fa furface fe trouva de 2736 pouces quarrés, ou de 19 pieds quarrés : divifant donc ces 32 pouces cubiques par les 2736 pouces quarrés de fa furface, on trouve un peu plus de de pouce pour la hauteur du folide d'eau que fa furface transpire en douze heures de jour.

L'aire de la coupe horizontale, à l'endroit

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moyen de la tige du chou, fe trouva de de pouce quarré; ainfi la viteffe de la sève dans la tige, eft à la viteffe avec laquelle fe fait la tranf piration par les feuilles, comme 2736 font à 100 ou comme 4268 font à 1; car 2736, multipliés par 156, & divifés par 100, donnent 4268: mais fi l'on met en compte les parties folides de la tige qui rétréciffent le paffage, la viteffe fera augmentée proportionnellement.

La longueur de toutes les racines fe trouva de 470 pieds, leur moyen contour de de pouce, leur furface de 256 pouces quarrés ou environ; & elle eft fi petite en comparaifon de celle des feuilles, qu'il eft néceffaire que la sève entre dans les racines avec onze fois plus de viteffe qu'elle ne fort par les feuilles.

En mettant la longueur moyenne des racines à 12 pouces, elles doivent occuper un hémisphère de terre de 2 pieds de diamètre, c'est-à-dire 2 de pied cubique.

En comparant la furface des racines d'une plante, avec la furface des parties de cette même plante qui font hors de terre, nous voyons la raifon pour quoi on eft obligé de retrancher plufieurs branches d'un arbre tranfplanté; car fi 256 pouces de furface font néceffaires aux racines pour entretenir notre chou en bonne fanté, fuppofons qu'en l'arrachant pour le tranfplanter, on coupe comme cela arrive prefque à tous les jeunes arbres qu'on veut tranfplanter) la moitié de fes racines, alors on voit qu'il ne pourra tirer de la terre que la moitié de fa nourriture ordinaire par les racines, & même qu'il n'en tirera pas, à beaucoup près, la moitié; puifque, outre que le nou vel hémisphère qu'il occupe dans la terre eft moin

dre que le premier, fes racines ayant été raccour cies, la terre nouvellement remuée ne touchant d'abord les racines qu'en peu de points, on ne peut pas dire que les racines tirent dans tous les points de leur furface. Ces raifons, auffi-bien que l'expérience, nous convainquent de la grande néceffité qu'il y a d'arrofer les nouvelles plan

tations.

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On doit cependant le faire avec quelques précautions; car l'habile & l'ingénieux M. Philippe Miller, de la Société royale, & botaniste au Jardin de Chelsea, nous dit dans fon excellent Dictionnaire des Jardiniers & Fleuriftes, « Qu'il a vu » plufieurs arbres qui, ayant été trop arrofés après leur_transplantation, ne montroient la jeune pouffe que pour la laiffer pourrir, ce qui fou»vent donnoit la mort à l'arbre. » (Supplément, vol. II, fous le titre: Of Plantaing.) Et moi-même j'ai obfervé que le poirier de l'Exp. VII, dont la racine trempoit dans l'eau, tiroit tous les jours de moins en moins de nourriture par fes racines, & cela, parce que les vaiffeaux féveux des racines auffi-bien que ceux des branches retranchées, s'étoient fi remplis & fi chargés de fucs par leur féjour dans l'eau, qu'ils ne pouvoient plus en tirer pour en tranfmettre aux feuilles.

EXPÉRIENCE III.

ENTRE le 28 de juillet & le 25 d'août, je pris douze jours, pendant lefquels je pefai foir & matin un pot dans lequel étoit un cep de vigne des plus vigoureux; il me venoit, auffi-bien que plufieurs autres arbres, du Jardin du Roi à Hamptoncourt, par le moyen de l'illuftre M. Wife. Je

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