Imágenes de páginas
PDF
EPUB

tomberoient-elles en hiver, & non pas celles du chêne vert?

L'on peut tirer de l'Expérience xxXVII un autre argument contre la circulation uniforme de la sève dans les arbres, telle qu'eft celle du fang dans les animaux; car nous avons trouvé par les trois jauges à mercure, toutes trois fixées à la même vigne, que les unes repompoient la sève, tandis que les autres continuoient à la pouffer.

Dans le fecond volume de l'Abrégé des Tranfactions philofophiques, de M. Lewtorp, p. 708, on y rapporte une expérience de M. Brotherfon, que voici.

:

Il fit au tronc d'un jeune noifetier n, (Pl. XIII. fig. 27.) une fente profonde en xz, dont il ouvrit & fépara du tronc les parties xz, l'une en haut & l'autre en bas; il les empêcha de fe toucher & de toucher au tronc, par des coings & 9. L'année fuivante, la partie ou l'éclat fupérieur x avoit beaucoup crû, l'éclat inférieur n'avoit pas crû pour l'accroiffement du refte de l'arbre, il fut le même qu'il auroit été s'il n'y avoit point eu de fente faite au tronc. Je n'ai pas encore réuffi dans cette expérience le vent a rompu à x, tous les arbres que j'ai préparés de la forte; mais s'il y avoit en x un bouton à feuilles, & s'il n'y en avoit point enz, il eft clair, par l'Expérience XLI, que ces feuilles devoient tirer beaucoup de nourriture à travers tx, & par-là le faire croître; & je penfe que fi au contraire il s'étoit trouvé un bouton à feuille en z, & qu'il n'y en eût point eu en x, l'éclat 2 auroit alors crû davantage que l'éclat x.

Je fonde la raison de ma conjecture fur l'expérience fuivante.

Je choifis deux pouffes vigoureufes ll aa (Planche XIII. fig. 28 & 29.) d'un poirier nain : à la diftance de de pouce, je leur enlevai l'écorce de÷ pouce de largeur tout autour en plufieurs endroits, 2,4,6,8, 10, 12, 14: chaque couche d'écorce qui reftoit, avoit un bouton à feuille qui en produifit l'été fuivant; la feule couche 13 étoit fans bouton. Les couches 9 & 11 de a a crûrent & fe gonflèrent à leurs extrémités inférieures jufqu'au mois d'août; mais la couche 13 n'augmenta point du tout, & au mois d'août toute la pouffe a a fe fana & mourut; mais la pouffe // vécut & fe porta fort bien. Toutes ces couches fe gonflèrent beaucoup à leurs extrémités inférieures; ce que l'on doit attribuer à quelque autre cause qu'à la sève arrêtée dans fon retour en bas, puifque ce retour dans la pouffe / eft intercepté, trois différentes fois, par l'enlèvement de l'écorce en 2, 4, 6. Plus le bouton à feuille étoit gros & vigoureux, plus il produifoit de feuilles, & plus l'écorce adjacente fe gonfloit à son extrémité inférieure.

La figure 30 repréfente le profil de l'une des parties 7,8,7,6, couverte d'écorce de la figure 28, elle la repréfente, dis-je, fendue en deux; & nous pouvons y voir de quelle façon croît la couche ligneufe de l'année précédente, qui pouffe un peu en haut vers xx, mais pouffe & groffit plus en bas vers : nous pouvons y obferver, que ce qui a pouffé aux extrémités, eft évidemment forti du bois de l'année précédente par les interstices ferrés xr, qr; d'où il femble que l'accroiffement des nouvelles couches ligneufes de l'année confifte dans l'extenfion de leurs fibres en long fous l'écorce. Il paroît encore évident que

la sève ne defcend pas entre l'écorce & le bois, comme le fuppofent ceux qui admettent la circulation, quand on penfe que fi l'écorce eft enlevée de 3 ou 4 pouces de largeur tout autour, les pleurs de l'arbre au deffus de cet endroit dépouillé diminueront beaucoup; car le contraire devroit arriver par l'interception de la sève refluante, en fuppofant qu'elle defcend par l'écorce; au lieu que, dans ce cas, nous pouvons fort bien rapporter la raison de cette diminution de pleurs aux preuves manifeftes que nous avons, dans ces expériences, de l'attraction vigoureufe des feuilles tranfpirantes & des tuyaux capillaires pour élever la sève. Mais lorsque l'on a enlevé une bande d'écorce au deffous de l'endroit qui pleure, alors la sève qui eft entre l'écorce & le bois au deffous de l'endroit écorcé, n'eft plus foumise à l'action de la puiffance attractive des feuilles, &c; & conféquemment la plaie qui pleure ne reçoit pas auffi vite qu'avant l'écorcement, les nouveaux fupplémens de sève.

De-là nous pouvons auffi tirer l'idée d'une conjecture probable fur le gonflement plus grand à la partie fupérieure des endroits écorcés, qu'à l'inférieure dans les bâtons alternativement écorcés llaa; (Pl. XIII. fig. 28 & 29.) car ces parties inférieures étoient privées, par l'écorcement, de l'abondance de nourriture qui étoit portée aux parties fupérieures des endroits écorcés, par la forte attraction des feuilles des boutons 7, &c. La couche d'écorce 13, (fig. 29.) qui ne crût ni ne fe gonfla point du tout en haut, non plus qu'en bas, nous confirme encore dans cette idée; car, comme elle étoit non-feulement privée de l'attraction des feuilles fupérieures par l'écorcement

de l'endroit 12, mais qu'elle étoit auffi fans aucun bouton à feuille, qui par fes vaiffeaux féveux enracinés dans le bois, comme le font ceux de tous les boutons à feuilles, lui auroit apporté de la nourriture, il n'eft pas étonnant que cette écorce en manquât. Si ces vaiffeaux féveux des boutons se portoient en haut, au lieu de fe porter en bas, comme ils font ordinairement, il eft trèsprobable que, dans ce cas, les parties fupérieures de chaque couche d'écorce, & non pas les inférieures, fe gonfleroient par la nourriture qui leur eft apportée de l'intérieur du bois.

De-là nous pouvons voir auffi les raifons pourquoi, lorsqu'un arbre eft infructueux, on l'amène à fruit en enlevant de l'écorce à fes branches; car, comme il paffe alors une moindre quantité de sève, elle eft mieux digérée & mieux préparée pour la nourriture du fruit, dont la production femble demander plus de foufre & d'air, que la production du bois & des feuilles. Cette conjecture eft fondée fur la grande quantité d'huile, qui fe trouve d'ordinaire plus abondamment dans les femences & dans leurs vaiffeaux contenans, que dans les autres parties des plantes.

L'objection la plus confidérable contre ce mouvement progreffif de la sève fans circulation, eft prife de ce que, s'il n'y a point de circulation de sève, fon cours eft trop précipité pour qu'elle puiffe acquérir un degré de digeftion & de confiftance propre & convenable à la nutrition; tandis que, dans les animaux, la nature perfectionne les parties du fang, en leur faifant faire un long cours avant que de les appliquer à la nutrition, ou de les chaffer par les fécrétions.

Mais lorsque nous confidérons que le grand

ouvrage

ouvrage de la nutrition dans les végétaux, auffi-bien que dans les animaux (après que la nourriture eft entrée dans les veines & les artères), fe manoeuvre principalement dans les petits tuyaux capillaires où la nature combine & choifit, comme les plus propres à fes différens deffeins, les particules nutritives & actives que le mouvement du fluide qui leur fert de véhicule avoit jufque-là tenues féparées; nous trouvons que la nature a formé & placé dans la ftructure des végétaux tous les principes néceffaires pour la perfection de cet ouvrage, puifqu'ils ne font compofés que d'un nombre infini de petits vaiffeaux capillaires, de véficules & de parties glanduleufes.

De toutes ces expériences & ces obfervations, nous pouvons raifonnablement conclure qu'il n'y a point de circulation de sève dans les végétaux, quoique beaucoup de gens d'efprit aient été portés à croire le contraire par plufieurs expériences & obfervations curieufes; mais fi l'on y fait attention, ces obfervations & ces expériences prouvent feulement le mouvement retrograde d'une partie de la sève du fommet des plantes vers les parties inférieures, ce qui fans doute a fait croire la circulation.

L'infpection feroit le meilleur moyen de décider cette queftion de la circulation de la sève; & je ne vois pas de raifon qui doive nous faire défefpérer d'en venir à bout, puisque nous en avons beaucoup pour croire que le mouvement progreffif de la sève doit être confidérable dans les plus gros vaiffeaux de la queue transparente des feuilles, où il paffe continuellement une fi grande quantité de liqueur; & je ne doute prefque point que finos yeux, armés de microscopes, peuvent

« AnteriorContinuar »