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efpaces, & féparé de l'air par des cloisons fi fines, qu'il eft raifonnable de penfer que le fang & l'air fe touchent d'affez près pour tomber dans la fphère d'attraction l'un de l'autre ; & c'est par ce moyen que le fang peut abforber continuellement de nouvel air, en détruifant fon élasticité.

Auffi trouvons-nous dans l'analyse du sang, foit qu'on la faffe par le feu ou par la fermentation, Expériences XLIX & LXXX, qu'il contient une grande quantité de particules qui ne cherchent qu'à reprendre leur qualité d'air élastique : à la vérité il n'est pas facile de déterminer fi quelques-unes de ces particules font entrées dans le fang par la voie de la refpiration, parce que les alimens contiennent certainement beaucoup d'air; mais, comme une grande quantité d'air perd continuellement fon élasticité dans les poumons, & qu'ils femblent être compofés d'une infinité de replis & détours pour le mieux faifir, il eft trèsprobable que les particules qui peuvent perdre leur élafticité, étant fortement attirées par les particules fulfureufes du fang, paffent à travers les cloifons qui les féparent, pour venir les joindre & fe laiffer abforber.

Il paroît même que la nature fe fert d'un artifice femblable dans les végétaux; car nous voyons qu'ils tirent l'air, non feulement par la racine avec la nourriture, mais même par l'écorce & les feuilles: on voit clairement cet air paffer avec liberté dans les plus groffes trachées de la vigne, d'où il fe laiffe conduire dans les plus petits vaiffeaux, où il s'unit intimement avec les particules fulfureufes, falines, &c. qui compofent la matière nutritive & ductile dont tous les végétaux tirent leur entretien & leur accroiffement.

EXPÉRIENCE CX I.

PAR les effets des vapeurs du foufre enflammé, de la chandelle allumée & de la refpiration des animaux fur l'élasticité de l'air, il est évident qu'elle doit diminuer beaucoup dans les véhicules du poumon, où l'air eft furchargé de vapeurs qui détruifent de plus en plus cette élasticité; & que par conféquent ces véficules s'affaifferoient en peu de temps, fi elles n'étoient pas continuellement remplies d'un air frais & nouveau à chaque infpiration. Cet air n'eft pas plutôt dans les véficules, qu'il fe dilate d'environ partie par la chaleur du poumon. J'ai trouvé ce degré de raréfaction, en renverfant une petite bouteille de verre dans de l'eau un peu plus échauffée que la liqueur d'un thermomètre, dont j'avois mis la boule pendant quelque temps dans ma bouche; (car ce degré eft probablement celui de la chaleur dans la cavité des poumons): quand la petite bouteille étoit refroidie, elle tiroit une quantité d'eau égale à la huitième partie du volume d'air qu'elle contenoit.

Lorsqu'au lieu d'un air frais, l'on respire un air chargé de vapeurs acides, qui non-feulement contractent par cette mauvaise qualité les parties délicates des véhicules, mais même s'opposent par leur groffiéreté au libre paffage de l'air, fur-tout dans celles dont la petiteffe eft fi grande, qu'elles ne font pas visibles fans microfcope; il eft certain que l'air doit perdre fon élasticité en très-peu de temps, & que les véficules doivent par conféquent s'applatir, malgré les efforts des muscles de la poitrine qui agiffent pour les dilater à l'ordinaire; & qu'enfin cet affaiffement arrêtant tout

d'un coup le mouvement du fang dans les pou mons, la mort doit fuivre dans l'inftant.

L'on a jufqu'à préfent attribué l'effet fubit & fatal de ces vapeurs mortelles, à la perte ou à la corruption de l'efprit vital de l'air; mais l'on peut avec raifon en chercher la caufe dans la perte de fon élasticité, auffi-bien que dans la groffeur & la denfité des vapeurs dont l'air fe trouve alors furchargé; puifque des particules douées d'une attraction mutuelle, & qui flottent dans un milieu auffi délié que l'air, doivent fe joindre promptement, & former ainfi des particules très-groffières en comparaison de celles de l'air. Mais, comme l'on n'avoit jamais obfervé les effets de ces vapeurs nuifibles, l'on croyoit que l'élasticité de l'air n'en étoit point affectée, & que par conféquent les poumons devoient fe dilater autant avec cet air groffier, qu'avec un air clair & délié.

Les vapeurs qui s'élèvent du corps des animaux détruifant donc une partie de l'élafticité de l'air, ne peut-on pas dire, avec raifon, que quand, par un exercice trop violent, ou par une bleffure, &c. il entre quelquefois de l'air dans la cavité de la poitrine, cet air, qui d'abord incommode beaucoup par l'état élastique où il eft, venant à changer peu à peu, fait, en perdant fon élafticité, diminuer en même temps la douleur ? & n'eft-ce pas de la même manière que les vents, qui, dans leur état élastique, caufent de fi grandes douleurs par la diftenfion qu'ils font aux parties où ils font logés, s'évanouiffent, ou plutôt ceffent d'agir faute d'élasticité ?

EXPÉRIENCE CXII.

J'AI trouvé par l'expérience fuivante, qu'il ne

faut qu'une très-petite force à l'air pour le faire paffer dans les poumons, & y jouer en liberté.

:

le

J'ai pris plufieurs petits animaux, tous affez jeunes je leur ai fait une incifion précisément fous le diaphragme; &, prenant garde de couper les vaiffeaux du poumon, j'ai découvert le thorax j'ai ôté le diaphragme, & autant des côtes qu'il en falloit pour expofer les poumons à la vue, & laiffer voir clairement comment & quand ils fe gonfloient; enfuite, après avoir coupé la tête de l'animal, j'ai attaché la trachée à la jambe la plus courte d'un fiphon de verre, & j'ai placé dans un grand vaiffeau de verre x (Pl. XIV. fig. 32.) plein d'eau, les poumons & le fiphon, dans une fituation renversée; j'ai mis deffus le tout, par récipient p p d'une machine pneumatique, & par un trou pratiqué au fommet de ce récipient, j'ai fait paffer la plus longue jambe du fiphon, que j'ai bien maftiquée en ; j'ai alors pompé l'air pour en vider le récipient: à mesure qu'il fortoit, les poumons fe gonfloient & fe rempliffoient de l'air qui y entroit par le fiphon; on voyoit même quelques parties de cet air paffer à travers la fubftance des poumons, s'échapper & monter en petites bulles au deffus de l'eau, quoique le récipient ne fût vide que jufqu'au point de faire élever le mercure à un peu moins de 2 pouces. En vidant le récipient jufqu'au point de faire élever le mercure dans la jauge à 7 ou 8 pouces, l'air paffoit à la vérité avec plus de rapidité par les petites ouvertures qui lui avoient déja fervi d'iffue la première fois; mais je ne me fuis pas apperçu que le nombre de ces ouvertures ait augmenté preuve évidente que ces petits trous n'avoient pas été faits par l'effort de l'air, mais

qu'ils étoient originairement dans l'animal vivant, dans lequel ils pouvoient par conféquent laiffer paffer l'air; car j'ai trouvé par l'expérience fuivante, que dans de violens exercices, les poumons d'un animal vivant fe dilatent avec une force égale à celle de l'air qui étoit ici contenu dans les poumons, lorfque le récipient étoit vidé jufqu'au point de faire élever le mercure à 2 pouces.

EXPÉRIENCE CXIII.

J'AI pris un chien vivant, je l'ai mis fur une table; je l'ai couché fur le dos, près du bord de fa table, fur laquelle je l'ai attaché; je lui ai fait une petite ouverture entre les muscles intercoftaux, qui pénétroit dans la cavité du thorax, près du diaphragme: fur cette ouverture j'ai appliqué & bien maftiqué l'extrémité recourbée d'un tuyau de verre, que j'avois auparavant cou vert d'une petite bonnette trouée, afin d'empêcher les poumons de boucher, en fe dilatant, l'ouverture du tuyau; l'autre bout du tuyau defcendoit à côté de la table perpendiculairement, & étoit maftiqué à une petite bouteille pleine d'efprit de vin; tout cela étoit difpofé de façon que le tuyau & la fiole pouvoient aifément céder aux mouvemens du corps du chien fans danger d'être caffés. Le tuyau avoit 36 pouces de longueur.

Dans les infpirations ordinaires, l'efprit de vin s'eft élevé de 6 pouces ou environ dans le tuyau; mais dans les infpirations laborieufes & difficiles, comme lorfque je bouchois la gueule & le nez du chien, pour l'empêcher de refpirer, l'efprit de vin montoit à 24 ou 30 pouces dans le tuyau.. Cette expérience montre donc la force avec la

quelle

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