Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ci fourniront-ils des idées pour aller plus loin. Nous avons vu que les chandelles allumées & le foufre enflammé, détruisent plus que la refpiration des animaux l'élafticité de l'air; c'est parce que leurs vapeurs font plus abondantes & plus chargées de particules acides & fulfureufes, & auffi parce que ces particules font moins délayées & mêlées de vapeurs aqueufes que celles de la refpiration; car dans ces vapeurs aqueufes il fe trouve auffi des particules fulfureufes, puifque dans les animaux les fluides & les folides en contiennent; mais elles y font en moindre quantité. L'on ne doit pas attribuer à la perte de l'efprit vital de l'air, l'extinction de la flamme de la chandelle & des mèches fous des récipiens, mais aux vapeurs fuligineufes & acides dont l'air se charge, & qui, détruifant l'élafticité de cet air, empêchent & retardent l'action & le mouvement élastique du refte.

peu

de

L'on fait que dans un récipient dont on a pompé la moitié de l'air qu'il contenoit, l'autre moitié qui refte occupe alors l'efpace tout entier, & que dans cet état d'expanfion, la chaleur de la flamme ne pourra le dilater en auffi temps, ni mettre fon reffort en action auffi promptement, que lorsqu'il eft dans fon état naturel : c'eft à cette caufe qu'il faut, ce me femble, rapporter l'extinction de la flamme avant que le récipient foit abfolument rempli de vapeurs; car une partie de l'air ayant perdu fon élasticité, le refte occupera plus d'efpace, & fera par conféquent moins fufceptible d'une prompte dilatation. Mais la réaction étant égale à l'action, la flamme ne pourra en recevoir un mouvement auffi prompt que celui qui la faifoit fubfifter auparavant : ainfi il

faut

faut qu'elle ceffe, faute de cette fucceffion d'air frais qui doit fuppléer à celui qu'elle abforbe, ou bien remplacer celui qui eft trop dilaté pour continuer de fe mouvoir auffi promptement qu'il le faudroit; car qui ne fait que plus on fouffle le feu, & plus il augmente?

Suppofons, avec ceux qui admettent un esprit vital dans l'air, que nous mettions une chandelle allumée dans un récipient affez grand pour qu'elle y brûle pendant une minute, & enfuite, ayant rempli ce récipient d'air frais, tirons-en la moitie; il eft clair qu'avec cette moitié d'air nous aurons aussi tiré la moitié de cet efprit vital. Si donc on doit lui attribuer la confervation de la flamme, comme il en refte la moitié de ce qu'il y en avoit la premiere fois dans le récipient, lachandelle doit brûler pendant une demi-minute; mais cela n'arrive pas. Ainfi ce n'eft pas à l'efprit vital, mais bien à l'élafticité de l'air, qu'il faut rapporter la continuation de la flamme.

Quand, après avoir abfolument vidé d'air un récipient, j'y faifois, par le moyen d'un verre ardent, exhaler les fumées d'un papier brun trempé dans une folution de nitre, & féché, & que je le rempliffois enfuite d'air frais, le papier chargé de nitre détonnoit en lui appliquant de nouveau le verre ardent. La chandelle brûla même pendant vingt-huit fecondes dans un air femblable, tandis qu'elle brûla pendant quarante-trois fecondes dans le même récipient plein feulement d'air frais.

Mais lorfque, au lieu de vider l'air du récipient, je le laiffois plein d'air, & que par le moyen du verre ardent je corrompois cet air en y faifant exhaler, comme la première fois, des P

vapeurs du papier & du nitre; fi j'y plaçois une chandelle, elle s'éteignoit fur le champ. La chandelle ne peut donc pas brûler, & le nitre ne peut détonner dans un air fort rare, non plus que dans un air fort épais: & ce qui fit que la chandelle brûla & le nitre détonna dans le récipient d'abord vidé d'air, & enfuite rempli de fumée & d'air frais, c'eft que le courant d'air frais, venant à donner fur ces vapeurs formées dans le vide, les difperfa & les chaffa vers les parois du vaiffeau, auxquelles elle s'attachèrent enforte qu'il en paroiffoit flotter beaucoup moins dans le récipient, après que l'air y fut entré, qu'il n'en paroiffoit auparavant.

De-là on peut affurer que le feu fur lequel on fouffle un air chaud, ne doit pas brûler auffi vivement que celui fur lequel on foufflera, avec la même viteffe, un air frais ; que par conféquent le foleil donnant fur un feu, & raréfiant trop l'air qui l'environne, ce feu ne doit pas bien brûler; que même un petit feu ne doit pas bien brûler auprès d'un grand : auffi obferve-t-on communément que, dans les temps des plus fortes gelées, le feu brûle plus ardemment; & cela, parce que l'air étant plus condenfé, fe raréfie plus brusquement en entrant dans le feu, & par conféquent lui communique un mouvement plus prompt & plus violent; & auffi parce qu'un air froid & condenfé arrête (comme l'observe le chevalier Newton) bien mieux par fa plus grande pefanteur l'afcenfion des vapeurs & des exhalaifons qui s'élèvent du feu, qu'un air léger & chaud qui ne les peut retenir. Ainfi, par l'action & la réaction de l'air & du foufre qui fort des matières enflammées, la chaleur du feu fubfifte; mais elle augmente à proportion que cet air eft plus froid,

plus denfe, en un mot, plus fufceptible d'une prompte raréfaction.

Il paroît que ce fupplément continuel d'air frais eft abfolument néceffaire pour entretenir le feu, puifqu'une mèche foufrée fume & bout, mais ne prend pas feu dans le vide. Le nitre même fur le papier brun ne détonne point, excepté quelques grains ça & là : le papier fur lequel le foyer du verre ardent à porté, devient feulement noir. Ces matières mêmes ne vouloient pas s'enflammer dans un récipient d'abord à moitié vidé d'air, puis rempli de vapeurs, & enfuite d'air frais qu'on ajoutoit à ces fumées : or, dans ce cas, il eft clair qu'il auroit dû entrer dans le récipient une grande quantité d'efprit vital avec l'air frais, & qu'ainfi ces fubftances auroient dû prendre feu, & brûler au moins pour un peu de temps; ce qui cependant n'eft pas arrivé.

L'on peut encore s'affurer que l'élafticité de l'air contribue beaucoup à l'intensité de la chaleur du feu, en faifant attention que l'efprit de nitre, qui, par l'Expérience LXXV, ne contient que peu d'air élastique, éteint les charbons au lieu de les enflammer davantage; mais que ce même efprit de nitre, mêlé avec du fel de tartre qui contient deux cents vingt-quatre fois fon vo lume d'air, s'enflamme auffitôt qu'il approche du feu: & c'eft par la même raifon que le nitre s'enflamme fur les charbons, tandis que l'efprit de nitre ne le fait pas; car on voit que le nitre contient beaucoup d'air, par l'Expérience LXXII, & par l'inflammation de la poudre à canon.

Ce qui fait que le fel de tartre ne s'enflamme pas comme le nitre fur les charbons, quoique, par l'Expérience LXXIV, il contienne une grande

quantité d'air élastique, c'eft qu'il faut plus de chaleur pour en tirer cet air elaftique, parce que le fel de tartre eft un corps plus fixe que le nitre. Le grand degré de chaleur que l'on donne au fel de tartre en le faifant, unit plus étroitement fes parties; car on fait fort bien que le feu unit en plufieurs cas les particules des corps, au lieu de les féparer; & c'eft à cause de la fixité du tartre, que la poudre fulminante fait une plus grande explosion que la poudre à canon; car les particules du tartre, étant plus fortement unies que celles du nitre, réfiftent avec une plus grande force à l'action qui les doit féparer.

EXPÉRIENCE

CXVIII.

LES efprits acides, qui font des fels volatils délayés dans du flegme, concourent & favorisent cette action, & contribuent beaucoup à la force de l'explofion; car, lorfqu'ils font échauffés à un certain point, ils font, auffi-bien que l'eau, une forte explofion, comme je l'ai trouvé en verfant quelques gouttes d'efprit de nitre, d'huile de vitriol, d'eau & de falive fur une enclume, & appliquant fur ces gouttes un morceau de fer échauffé jufqu'à blanchir, & le frappant d'un gros marteau chacune de ces liqueurs fit une grande explosion; & celle de la falive écumeufe & qui contenoit beaucoup d'air, fut encore plus forte que celle de l'eau. L'on voit donc que la grande explosion du nitre & du fel de tartre, qui contiennent de l'air élastique renfermé dans un efprit acide, doit être attribuée à la force unie de ces particules d'air & d'acide.

Nous pouvons donc conclure de tout ce qui -a été dit ci-deffus, que le feu s'anime & fe vivi

« AnteriorContinuar »