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fie principalement par l'action & la réaction des particules fulfureufes acides des matières combuftibles, & des particules d'air élastique qui entrent continuellement dans le feu, tant celles de l'air extérieur, que celles de l'air qui fort de ces mêmes matières; car, par l'Expérience CIII, auffi-bien que par plufieurs autres, les particules acides fulfureufes agiffent vigoureufement fur l'air, & par conféquent l'air agit de même fur le foufre. Nous voyons que les matières combuftibles, foit minérales, végétales ou animales, contiennent ces deux principes en abondance: ils font donc la caufe de la continuation & de la vivacité du feu dans ces matières.

Mais lorsque le foufre acide, qui, comme nous le voyons, agit fur l'air avec tant de force, eft une fois féparé d'une matière combustible quelconque, le fel, l'eau & la terre qui restent, loin de s'enflammer, diminuent & amortiffent le feu; & comme l'air ne peut pas produire du feu fans foufre, de même le foufre ne peut brûler fans air. Le charbon mis au feu dans un vaiffeau clos, devient & demeure rouge pendant plufieurs heures, fans diminuer de poids, comme l'or fondu.; mais il n'eft pas fitôt expofé à l'air, que le foufre agit avec violence contre l'air élastique, & fe trouve bientôt, par la réaction, obligé de fe féparer du fel & de la terre, après les avoir réduits en pouffière.

Une mèche de foufre, placée dans un récipient vide d'air, & expofée au foyer d'un verre ardent, ne s'enflamme pas, malgré la force de l'action & de la réaction que la lumière & les corps fulfureux exercent l'un fur l'autre ; ce que cependant l'illuftre chevalier Newton nous donne

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comme la raifon pourquoi les corps fulfureux s'enflamment plus aifément, & brûlent avec plus de violence que les autres. Queft. 7.

Voici ce qu'il penfe fur la nature du feu & de la flamme, queft. 9 & 10:

» Le feu, n'eft-ce pas un corps échauffé à un » tel point, qu'il jette de la lumière en abon» dance? Car un fer rouge & brûlant, qu'est-ce » autre chofe que du feu ? & qu'est-ce qu'un » charbon ardent, fi ce n'eft du bois rouge & » brûlant?

» La flamme, n'eft-ce pas une vapeur, une fu»mée ou une exhalaifon qui eft échauffée jufqu'à » être ardente, c'est-à-dire, qui a contracté un »tel degré de chaleur, qu'elle eft toute brillante » de lumière ? car les corps ne font point enflam» més fans jeter quantité de fumée, & cette fu»mée brûle dans la flamme. Il y a des corps » qui font échauffés ou par le mouvement, ou » par la fermentation: fi la chaleur parvient à un degré confidérable, ces corps exhalent quan» tité de fumée; & fi la chaleur eft affez violen» te, cette fumée brillera & fe changera en flam» me. Les métaux fondus ne jettent point de » flamme, faute d'une fumée abondante, excepté » le zinc qui jette quantité de fumée, & qui par » cela même s'enflamme. Tous les corps qui s'en» flamment, comme l'huile, le fuif, la cire, le » bois, les charbons de terre, la poix, le foufre,

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fe convertiffent en fumée ardente & s'enflam»ment: dès que la flamine eft éteinte, la fumée » devient fort épaiffe & vifible, & repand quel» quefois une odeur très-forte; mais dans la flam» me elle perd fon odeur en brûlant ; &, felon » la nature de la fumée, la flamme eft de diffé

» rentes couleurs celle du foufre eft bleue; » celle du cuivre diffous par du fublimé, eft verte; » celle du fuif, jaune; celle du camphre, blan» che. La fumée paffant à travers la flamme, ne » peut que devenir ardente, & une fumée ar» dente ne peut avoir d'autre apparence que la » flamme. »

Mais M. Lémery le cadet dit que « la matière » du feu ou de la lumière, mêlée avec les fels, » l'eau & la terre unis enfemble, produit le » foufre; & que toutes les matières inflammables » ne font telles, qu'en vertu des particules de feu » qu'elles contiennent; car l'analyse de ces corps » inflammables fournit du fel, de la terre & de » l'eau, & une certaine matière fubtile qui paffe » à travers les vaiffeaux les mieux fermés, de » forte que, quelque foin que prenne l'artiste de » ne rien laiffer perdre & échapper, cependant » il trouvera une diminution confidérable de pe» fanteur.

» Or ces principes, la terre, le fel & l'eau, » font de ces corps morts qui ne fervent, dans la » compofition des matières inflammables, qu'à » arrêter & retenir les particules de feu, qui feu» les font la vraie matière de la flamme.

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» Il paroît donc que c'eft cette matière de la » flamme que perd l'artiste dans fa décompofition » des corps inflammables. » Mém. de l'Ac. ann. 1713. Mais il eft clair, par les expériences précédentes, que cette matière qui fe perd dans l'analyfe des corps inflammables, n'eft autre chose de l'air élastique, & non pas du feu élémentaire, comme M. Leméry le fuppofe.

que

Monfieur Geoffroy a compofé du foufre avec du fel acide, du bitume, un peu de terre & d'huile

de tartre. Mém. de l'Acad. ann. 1703. Dans l'huile de tartre, il fe trouve beaucoup d'air par l'Expérience LXXIV; & c'eft fans doute fon élasticité qui eft la caufe principale de l'inflammabilité de ce foufre artificiel.

Si le feu réfidoit dans le foufre fous la forme d'un corps diftinct & particulier, comme M. Homberg, M. Lémery & quelques autres le conçoivent, ces matières fulfureufes devroient en brûlant raréfier l'air qui les environne, tandis que, par les expériences précédentes, on a vu qu'elles condensent & abforbent toujours une bonne partie de l'air élastique: preuve qu'il ne réfide dans le foufre aucune matière qui foit par elle-même le feu & la flamme, & que la chaleur doit être attribuée à la vive action d'ondulation, & à la réaction des particules répulfives d'air élastique, & des particules attractives du foufre, qui, comme l'on fait, contient & donne par l'analyfe, de l'huile inflammable, du fel acide, de la terre très-fixe, & un peu de métal.

Mais il eft à croire que le foufre & l'air font mis en action par celle de ce milieu invisible ou de cet éther qui rompt & réfléchit la lumière, » & par les vibrations duquel la lumière échauffe » les corps, & eft mife dans des accès de facile » réflexion & de facile tranfmiffion. Et les vibra» tions de ce milieu ne contribuent-elles pas à » la véhémence & à la durée de leur chaleur ? & » les corps chauds ne communiquent-ils pas leur >> chaleur aux corps froids contigus, par les vibra» tions de ce milieu, propagées des corps chauds » dans les corps froids ? & ce milieu n'eft-il pas » exceffivement plus rare & plus fubtil que l'air, » & exceffivement plus élastique & plus actif? ne

» pénètre-t-il pas promptement tous les corps ? » Newton, queft. 18 de fon Optique.

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» La force élastique de ce milieu doit être, à » portion de fa denfité, plus de 700000 X 700000, » c'est-à-dire, plus de 490,000,000,000 fois plus >> grande que n'eft la force élastique de l'air, à » proportion de fa denfité. » Ibid. queft. 21. Force affez grande pour caufer une grande chaleur, furtout lorfque cette élafticité fe trouve augmentée par l'action & la réaction violente de l'air & des particules de foufre, contenues dans la matière combuftible.

De cette attraction évidente, & de cette action & réaction qui s'exercent entre les particules élaftiques & les particules fulfureuses, nous pouvons conclure avec raifon, que ce que nous appelons les particules de feu dans la chaux, & dans plufieurs autres corps qui ont été foumis à l'action du feu, ne font que des particules fulfureufes & élaftiques fixées dans la chaux, qui, lorfque la chaux étoit brûlante, étoient toutes dans un état actif d'attraction & de répulfion, & qui font enfuite retenues dans le corps de la chaux refroidie, où elles font obligées de refter dans cet état fixe, malgré l'action continuelle du milieu éther qui les follicite d'agir, jufqu'à ce que la chaux étant diffoute par quelque liquide, elles fortent avec violence de leurs prisons, &, par leur action & réaction, caufent une ébullition qui ne ceffe pas que les unes de ces particules élastiques ne foient fixées par la forte attraction du foufre, & les autres chaffées hors de la fphère d'attraction des premières, & transformées en air élastique permanent. Il eft extrêmement probable que c'est-là l'explication & la caufe de ces phénomènes, puif

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