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que nous avons dans les expériences précédentes un fi grand nombre d'exemples, où nous voyons que les mêmes matières produifent & abforbent par la fermentation beaucoup d'air élastique; que d'autres en produifent plus qu'elles n'en abforbent; & enfin que d'autres, comme la chaux, en abforbent plus qu'elles n'en produisent (1).

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IL eft encore évident que les particules aériennes & fulfureufes du feu, pénètrent & fe logent dans plufieurs corps, par l'exemple du minium ou plomb rouge qui augmente en pefanteur

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(1) Nous n'avons pas cru devoir faire aucune obfervation fur la théorie que l'auteur s'efforce de confirmer d'après l'Expérience cx. Nous laiffons aux phyficiens le foin de tirer des expériences ingénieufes rapportées depuis celle-ci, les inductions qu'ils croiront plus conformes aux principes de la faine phyfique. Nous obferverons feulement ici, qu'on eût dû faire plus d'attention qu'on ne l'avoit fait avant ces derniers temps fur une partie de l'idée que M. Hales avance dans cette dernière expérience, fujet de l'augmentation de poids qu'on remarque dans les chaux métalliques. On voit manifeftement, par l'expérience qu'il rapporte, que le minium fournit dans fa décompofition près de cent fois plus d'air que le plomb. En répétant cette expérience avec toute l'attention qu'elle exigeoit, & en comparant le poids de cet excès d'air à celui de l'excès de poids de la chaux métallique, on eût fans doute trouvé la folution de ce fameux problême, fur le quel on a difputé inutilement pendant fi long-temps. On eût appris que cet excès de poids ne dépend que de la quantité d'air que la chaux métallique abforbe pendant la calcination du métal. Confultez, à ce fujet, un excellent Mémoire de M. Lavoifier, imprimé dans le Journal de Phyfique de l'abbé Rofier, ou les Opufcules phyfiques & chimiques du même auteur; & à leur défaut, le quatrième volume de nos Elémens de Phyfique.

d'environ partie par l'action du feu: la rougeur qu'il acquiert indique l'addition d'une grande quantité de foufre; car le foufre agiffant très-vigoureufement fur la lumière, eft par conféquent très-propre à réfléchir les rayons les plus forts, qui font les rayons rouges. Mais, outre ce foufre, le plomb rouge s'approprie encore une bonne quantité d'air qui s'incorpore avec lui, & contribue à l'augmentation de fon poids; car j'ai trouvé, en diftillant 1922 grains de plomb, qu'il n'en fortoit que 7 pouces cubiques d'air, au lieu que de 1922 grains de plomb rouge il en fortit, dans le même efpace de temps, 34 pouces cubiques d'air. Il eft à croire qu'une grande partie de cet air avoit été abforbée par les particules fulfureufes du charbon, dans le fourneau de réverbère où le plomb rouge avoit été fait; puifque, par l'Expérience CVI, plus les fumées du feu font renfermées, & plus elles abforbent d'air élastique.

Et c'eft fans doute cette grande quantité d'air élaftique, contenu dans le plomb rouge, qui fit caffer les vaiffeaux de l'illuftre M. Boyle, lorfqu'il expofa au verre ardent le plomb rouge qui étoit dedans. Le docteur Newentyt n'attribue cet effet qu'à l'expanfion des particules de feu renfermées dans le plomb rouge; car il fuppofe que le feu eft un fluide particulier, qui conferve fon effence & fa figure, & qui refte toujours feu, quoiqu'il ne brûle pas toujours. L'Existence de Dieu, &c. pag. 310. Et il n'attribue à l'air la caufe de la grande & violente ébullition de l'eau-forte & de l'huile de carvi, tandis que nous trouvons par l'Expérience LXII, que toutes les hui·les contiennent beaucoup d'air, & que l'eau-forte -"verfée fur de l'huile de gérofle, s'étendit dans un

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efpace 720 fois auffi grand que le volume d'huile. La raréfaction qui provenoit des vapeurs aqueufes de l'huile & de l'efprit, fut bientôt contractée; au lieu que l'expanfion caufée par l'air élastique dura jufqu'au lendemain, & auroit été permanente, fi les fumées fulfureufes n'en euffent pas abforbé le principe.

Il y a des gens qui croient que la putréfaction eft l'effet d'un feu inhérent dans les matières, & que les végétaux n'ayant chez eux aucun principe de chaleur, ne font fujets qu'à la fermentation, mais que les animaux font fujets à la fermentation & à la putréfaction; & ils attribuent ces opérations à des causes très-différentes, en difant que la caufe immédiate de la fermentation eft le mouvement de l'air intercepté par les parties fluides & vifqueufes de la liqueur qui fermente, & que le feu lui-même renfermé dans le fujet qui pourrit, eft la cause de la putréfaction. Mais je ne vois pas pourquoi l'on ne doit pas regarder la putréfaction comme un différent degré de fermentation; car je ferois trèsporté à croire que la nutrition n'eft la nutrition n'eft que l'effet d'un degré de fermentation dans laquelle la fomme de l'action attractive des particules eft bien fupérieure à la fomme de leur puiffance répulfive. Si cette puiffance répulfive devient fupérieure à l'autre, les parties conftituantes fe féparent; & quand, dans cette féparation, elles fe trouvent délayées dans beaucoup de flegmne, leur mouvement eft retardé, & par conféquent elles n'acquièrent pas un degré de chaleur en fe diffolvant. Mais lorsque ces parties conftituantes n'ont qu'un certain degré d'humidité, elles acquièrent, comme le foin amaffé vert, affez de chaleur pour brûler & s'enflammer, ce qui rend leur féparation plus parfai

te, & les diffout jufqu'au point de ne pouvoir plus en tirer d'efprits acides ou vineux : ce qui fans doute doit plutôt s'attribuer à ces caufes, qu'au feu prétendu qui réfide au dedans de ces matières; puifque, felon le vieux axiome, l'on ne doit point multiplier les êtres fans néceffité.

Si l'on reftreint la notion de la fermentation comme on le fait ordinairement) aux plus grands degrés de cette fermentation, il fera vrai de dire que les fluides des animaux & des végétaux ne fermentent point quand ils font en fanté; mais en la prenant, comme on le doit, dans un fens moins ftrict, c'est-à-dire, en appelant fermentation tous les degrés du mouvement intestin des fluides, on fera forcé de l'adınettre dans l'état même de la plus parfaite fanté des végétaux & des animaux, car leurs fluides contiennent en abondance des particules fulfureufes & des particules élaftiques.

On pourroit, avec autant de raifon, conclure qu'il n'y a point de chaleur dans les animaux, parce qu'une grande chaleur les détruira en féparant leurs parties, que d'affurer qu'il n'y a point d'autre fermentation que celle qui peut auffi les détruire & les diffoudre.

Voici comment le chevalier Newton raifonne fur la nature des acides.

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» Les particules des acides font douées d'une grande force attractive; c'eft dans cette force que confifte leur activité ; c'eft par cette force » qu'elles s'approchent des corps métalliques ou » pierreux, & qu'elles s'y attachent à n'en pou»voir prefque pas être féparées par la diftillation » ou la fublimation. Sont-elles logées dans ces » corps, elles en remuent & féparent les parties,

jufqu'à ce qu'ils foient abfolument diffous: elles » remuent auffi le fluide où elles nagent; & par » tous ces mouvemens elles excitent la chaleur, » & frappent les particules jufqu'à les convertir »en air & produire des bulles. Elles font donc la » caufe de toutes les diffolutions & de toutes les » violentes fermentations. » Dictionnaire des Arts & des Sciences de Harris, vol. 11. Introduction.

Tout cela fe trouve confirmé par les expériences précédentes, qui nous ont appris & montré évidemment, que les fubftances animales végétales ou minérales, produifent ou abforbent de l'air par le moyen du feu ou de la fermentation.

Cet air qui fort des corps, eft affurément du véritable air élastique, & doué des mêmes qualités que l'air ordinaire, puisque, dans les Expériences LXXXVIII & LXXXIX, il élève le mercure, & qu'il conferve fon reffort pendant plufieurs mois, plufieurs années, quoique expofé à des gelés violentes, qui auroient condensé dans l'inftant des vapeurs aqueufes; car elles fe dilatent à la vérité par la chaleur, mais elles fe refferrent d'abord que cette chaleur les abandonne (a), L'air que le feu faifoit fortir des corps fixes,

(1) On voit manifeftement ici que M. Hales a jugé des fluides aériformes, retirés des différentes fubftances qu'il a analyfées, par leurs qualités extérieures, par celles qu'ils offrent au premier afpect, & qui leur font communes avec l'air atmosphérique; par celles, en un mot, qui ont déterminé le docteur Priestley, & prefque tous ceux qui fe font livrés, après lui, à ce genre de recherches, à conferver à ces fortes de fluides le mot générique d'air. S'il ne fe fût point particulièrement borné à la feule décompofition des corps pour en extraire ces fortes de fluides, & à mesurer feulement la quantité qui s'en échappe dans cette décom

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