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tels que le nitre, le tartre, le fel de tartre & la couperofe, ne s'en féparoit pas fans une grande violence: ainfi il femble que cet air contribue à la fixité de ces fels, auffi-bien que les particules les plus folides & les plus denfes de la terre, qui, par leur grande attraction, appellent & faififfent les acides pour compofer les particules de fel. Newton, Optique, queftion 31. Car nous avons trouvé qu'en féparant & volatilisant l'efprit acide après la diffolution des parties conftituantes du fel par le feu, les particules d'air changent en grand nom bre de l'état fixe à l'état élastique. Il faut donc néceffairement que ces mêmes particules, qui dans leur état d'élafticité repouffoient avec force, aient acquis la vertu contraire en devenant fixes c'est-à-dire, la puiffance d'attirer, & par conféquent d'agir avec force fur les efprits acides & les particules fulfureufes & terreufes du fel: auffi a-t-on obfervé que les particules qui font les plus élastiques & qui repouffent le plus, font celles qui, dans l'état fixe, attirent le plus fortement.

Mais les acides aqueux, qui, quand on les fépare du fel par l'action du feu, font un efprit fumant & très - corrofif, ne produifirent point d'air élastique, non plus que plufieurs fubftances

pofition; s'il eût analyfé ces produits eux-mêmes, & qu'il ne s'en fût point tenu à leur forme extérieure, & à leurs qualités les plus apparentes; il eft conftant qu'il eût détouvert, comme on l'a fait depuis, combien ils diffèrent de l'air atmosphérique. Mais il n'eft pas donné à un feul hom me, quelque habile qu'il foit, de faifir tous les rapports que préfente une nouvelle découverte; & on ne peut trop admirer le génie de M. Hales dans les moyens qu'il imagina pour extraire & mesurer la quantité de ces fortes de principes.

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volatiles, telles que les fels volatils de fel ammoniac, de camphre & d'eau-de-vie, quoique diftillées par le feu à une chaleur affez grande, dans les Expériences LXXV, LII, LXI & LXVI. Il eft donc évident que les vapeurs acides flottent dans l'air comme les vapeurs aqueufes, & que quand les particules élastiques de l'air les attirent puiffamment, elles leur adhérent fortement, & compofent les fels.

Auffi voyons-nous par l'Expérience LXXIII, que le tartre, quoiqu'il contienne tous les principes des végétaux, femble cependant contenir une bien plus grande quantité d'air & de fels volatils, puifqu'il en fort une fi grande abondance d'air élastique. Cet air, dans fon état fixe, eft fans doute très-fermement uni, par l'action du feu, avec la terre & les particules fulfureuses dans le fel de tartre, & c'eft pourquoi il faut une plus grande chaleur pour l'en féparer, comme on le voit par l'Expérience LXXIV; mais cet air & cet efprit volatil s'en féparent plus aisément par la fermentation.

L'on voit par l'Expérience LXXIV, qu'il fort du nitre, par l'action du feu, une grande abondance d'air, dans le même temps que les efprits acides s'en féparent.

Et nous trouvons par l'Expérience LXI, qu'il en fort auffi du fel marin, quoique en moindre quantité & avec beaucoup moins de facilité, parce que le fel marin, qui contient beaucoup de foufre, eft un corps plus fixe que le tartre & le nitre ; il ne change même que difficilement de nature dans le corps des animaux, quoiqu'à la vérité il doive néceffairement en changer dans les végétaux, puisqu'il fertilise la terre,

L'on

L'on peut croire avec raifon, que quoique les efprits acides expofés à l'action d'un feu violent ne produifent point d'air élastique, ils ne laiffent pas d'en contenir, mais en trop petite quantité par rapport à celle des efprits acides qui l'enveloppent; car nous voyons par l'Expérience xc, que lorfque l'efprit acide de l'eau régale eft plus fortement attiré par l'or que par les particules d'air, ces mêmes particules d'air que l'efprit acide vient d'abandonner s'élèvent en abondance, & fortent néceffairement de l'eau régale, puifque l'or ne perd pas la moindre chose de fon poids. De-là on peut conclure avec beaucoup de vraifemblance, que l'air que l'on obtient par la fermentation des acides & des alcalis, ne vient pas tout entier du corps alcalin qui diffout, mais qu'il fort auffi en partie de l'acide : ainfi la grande quantité d'air élastique qui s'élève, dans l'Expérience LXXXIII, du vinaigre & des écailles d'huitres, peut en partie fortir du tartre, auquel le vinaigre doit fon acidité. Cette vérité fe confirmera, fi l'on fait attention que le vinaigre perd fon acidité dans la fermentation, c'est-à-dire, perd fon tartre, & par conféquent l'air qu'il contenoit. En général, on fait que les diffolvans changent, auffi-bien que les corps diffous, dans la fermentation. Nous pouvons donc dire, avec beaucoup de raifon, que la force des efprits acides fe doit attribuer en bonne partie à l'air élastique qu'ils contiennent; car ce principe actif fuffit pour faire agir les petites pointes acides & les parties huileuses & terreufes de ces efprits.

Dans l'analyse du fang, nous trouvons qu'il en fort une grande quantité d'air; & fans doute il fort du ferum, auffi-bien que de la substance

Q

même du fang, puifque toutes les parties folides & fluides des animaux contiennent de l'air & du foufre; mais il femble que ces principes foient plus intimement unis dans les globules rouges, que l'on peut regarder comme la partie du fang la plus parfaite & la plus élaborée. L'air fera donc dans le fang, auffi-bien que dans les fels, le principe de l'union des parties; & plus ces parties feront unies, c'est-à-dire, plus elles feront folides, plus auffi l'on doit y trouver d'air : ce que l'expérience confirme; car, en comparant les Expériences XLIX & LI, nous voyons qu'il fort de la corne une bien plus grande quantité d'air que du fang. Il faut, comme on peut le remarquer dans cette même Expérience XLIX, un feu violent pour féparer dans le fang les particules conftituantes, quoique par une fermentation intérieure, qui à la vérité eft un diffolvant bien plus fubtil que le feu, cette diffolution fe faffe quelquefois dans notre fang, & caufe des effets bien funeftes; mais on peut obferver que les fels volatils, les efprits & les huiles fulfureufes, qui dans le même temps font féparées de ces fubftances (la corne & le fang), ne produifent point d'air élaftique.

EXPÉRIENCE CXX.

CES fubftances, & beaucoup d'autres , produifent donc beaucoup d'air élastique; mais les fubftances fulfureufes détruifent bien cette élafticité. Le chevalier Newton nous dit que, « la » lumière agiffant fur le foufre, le foufre doit » réagir fur la lumière. » L'on peut affurer la même chofe du foufre & de l'air; car on a vu,

par l'Expérience CIII, que le foufre enflaminé attire puiffamment & fixe les particules élastiques de l'air. L'huile & la fleur de foufre doivent donc contenir une grande quantité d'air non élastique, puifque la première fe fait en brûlant le foufre fous une cloche, & la feconde en le fublimant ce qui doit même confirmer ceci c'eft qu'on obferve que l'huile de foufre par la campane, fe fait plus difficilement dans un temps fec que dans un temps humide; & j'ai trouvé, par des expériences faites à ce fujet, qu'une chandelle qui brûle dans un récipient bien fec pendant foixante-dix fecondes, n'en brûle que foixante-quatre dans le même récipient lorsqu'il eft rempli des fumées de l'eau chaude, & que cependant elle abforbe, dans ce moindre temps, une cinquième partie de plus d'air, que lorfqu'elle brûle dans un air fec.

Le foufre abforbe l'air, non-feulement lorfqu'il brûle en fubftance, mais même lorsque les matieres où il fe trouve incorporé fermentent. La puiffance même attractive & réfractive des corps eft, felon le chevalier Newton, proportionnelle à la quantité de particules fulfureufes qu'ils contiennent. Toutes ces expériences & toutes ces raisons nous doivent donc faire attribuer la fixation des particules élastiques de l'air, à la forte attraction des particules fulfureufes, dont, felon le même chevalier Newton, les corps abondent tous plus ou moins. Nous obfervons en conféquence, que les corps électriques attirent plus puiffamment, à proportion qu'ils contiennent plus de foufre.

L'on ne peut douter qu'il n'y ait une grande quantité d'air uni avec le foufre dans l'huile des

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