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ganes qui puiffent, comme le fait la poitrine, fe dilater & fe contracter, auffi leurs infpirations & leurs expirations ne font-elles pas fi fréquentes que celles des animaux: elles dépendent même entièrement des alternatives du froid & du chaud c'est-à-dire, du chaud au froid pour l'inspiration, & du froid au chaud pour l'expiration; & il y a lieu de croire que les plantes qui font les plus fucculentes, tirent, par ces moyens, plus de nourriture aérienne, que les plantes plus aqueufes & plus infipides : la vigne peut nous fervir d'exemple. Nous voyons dans l'Expérience III, qu'elle tranfpire moins que le pommier ; &, comme elle tire moins de nourriture aqueuse du fein de la terre par fes racines, elle en tire davantage de l'air pendant la nuit, & toujours plus que les autres arbres dont les racines tirent beaucoup de nourriture aqueufe: &, felon toutes les apparences, c'eft par la même raifon que, dans les pays chauds, les plantes contiennent une plus grande quantité de principes fubtils & aromatiques, que les plantes plus feptentrionales; favoir, parce que celles-là tirent fans doute plus de rofée que celles-ci. Cette conjecture, qui paroît jufte, peut nous fournir une raifon de plus pour expliquer comment & pourquoi les arbres trop à l'ombre, ou bien trop gourmands, ne donnent point de fruits; favoir, parce qu'étant, dans ce cas, remplis de beaucoup d'humidité, ils ne peuvent tirer avec autant de force cette rofée bienfaifante.

Comme le goût exquis des fruits, & l'odeur agréable des fleurs, viennent de ces principes aériens fubtilifés, il eft affez naturel de penfer que les belles couleurs de ces mêmes fleurs doivent auffi être attribuées à la même caufe; car

on fait d'ailleurs que les terrains fecs favorifent plus le jeu & contribuent plus à la variété de leurs couleurs, que les terrains humides, d'où elles tireroient plus de nourriture aqueuse.

La lumière, par fon action fur les larges furfaces des feuilles & des fleurs, & par la liberté avec laquelle elle les pénètre, ne contribue-telle pas auffi à annoblir encore le principe des végétaux? car le chevalier Newton nous dit avec raifon : Ne peut-il pas fe faire une transformation réciproque entre les corps groffiers & la lumière? & les corps ne peuvent-ils pas recevoir une grande partie de leur activité des particules de la lumière qui entrent dans leur compofition; le changement des corps en lumière, & de la lumière en corps, étant une chofe très-conforme au cours de la nature, qui femble fe plaire aux transformations? Optique, queft. 30.

EXPÉRIENCE CXXII.

L'EXPÉRIENCE fuivante nous porte à croire que les tiges & les feuilles des plantes tirent l'air élastique. Dans la première édition de cet ouvrage, je ne l'ai rapportée que comme faite avec trop peu d'exactitude pour pouvoir y ftatuer; mais je l'ai répétée depuis avec bien plus d'attention & de foins, comme on va le voir. Je plantai le 29 de juin, dans une cuvette de verre pleine de terre, une menthe bien fournie de racines; & je verfai de l'eau fur cette terre, autant qu'il y en put entrer, & que la cuvette en put contenir. Sur cette cuvette de verre, je plaçai un vaiffeau de verre renversé z zaa, (Pl. XV. figure 35.) ayant fait monter l'eau

jusqu'en a a, par le moyen d'un fiphon. Dans le même temps, je plaçai de la même manière un autre verre renversé z za a, égal & femblable au premier, fur une cuvette auffi pareille à la première, pleine de terre & d'eau, mais dans laquelle il n'y avoit point de plante comme dans la première. La capacité de chacun de ces vaiffeaux, à la prendre au deffus de a a, étoit de 49 pouces cubiques. Dans un mois la menthe avoit pouffé plufieurs rejetons minces & déliés, & plufieurs petites racines comme du chevelu, qui partoient des noeuds qui étoient au deffus de l'eau: la grande humidité de l'air qui environnoit la plante, fut apparemment la caufe de ces productions. La moitié des feuilles de la vieille tige étoit morte au bout de ce premier mois; mais la tige & les feuilles des jeunes rejetons vécurent, & confervèrent leur verdeur pendant la plus grande partie de l'hiver fuivant.

L'eau qui étoit fous les deux verres renversés zzaa, hauffa & baiffa, comme fi elle avoit été affectée par les variations de la pefanteur de l'atmofphère, ou bien par les dilatations & contractions alternatives de l'air au deffus de a a. Mais, outre cela, l'eau du vaiffeau fous lequel étoit la menthe, s'éleva fi fort au deffus de a a, & au deffus de la furface de l'eau de l'autre vaiffeau, que je fupputai qu'il étoit néceffaire qu'une feptième partie de l'air contenu fur ce premier vaiffeau eût été réduite à l'état de fixité, foit par les vapeurs qui s'étoient élevées de la plante, foit par la fuccion de la plante elle-même : ceci se fit pendant les deux ou trois mois d'été; car après cela l'air ne fut plus abforbé.

Au commencement d'avril de l'année fuivante,

j'ôtai la vieille menthe, & j'en mis une autre en fa place dans le même air, pour voir fi elle en abforberoit; mais elle ne fit que languir, & fe fana en quatre ou cinq jours; tandis qu'une autre plante femblable, mife sous l'autre vaiffeau dans un air qui y avoit été renfermé pendant neuf mois, vécut pendant près d'un mois, c'est-àdire, auffi long-temps à proportion que la première avoit vécu dans un air tout nouvellement renfermé; car je trouvai qu'une jeune & tendre plante, renfermée de cette manière au mois d'avril, ne vivoit pas fi long-temps qu'une autre plante de la même espèce, plus âgée & plus formée, qu'on renfermoit de même au mois de juin. Je mis de la même manière d'autres plantes femblables aux premières, dans de l'air que j'avois tiré du tartre par la diftillation, & d'autres dans de l'air tiré du charbon de Newcastle, auffi par la diftillation elles fe flétrirent en très-peu de temps; mais cependant une autre pareille plante, placée de la même manière fous un vaiffeau contenant trois pintes d'air, dont un quart étoit de l'air tiré de la dent d'un boeuf par la diftillation, ne laiffa pas que de croître de deux pouces en hauteur, & de porter quelques feuilles vertes, après avoir été renfermée pendant fix à fept femaines.

Comme je vis que les plantes ne pouvoient vivre dans l'air qui avoit été infecté, par le féjour de plufieurs mois, de la menthe que j'y avois placée le 19 de juin, au lieu d'une plante, je mis dans cet air un mélange de foufre pulvérifé & de limaille de fer, humecté avec de l'eau ; & je trouvai qu'il absorba 4 pouces cubiques d'air.

EXPÉRIENCE CXXIII.

POUR trouver la façon dont croiffent les branches, je me fuis fervi d'un petit bâton a (Pl. XVIII. fig. 40. ) dans lequel j'ai fixé cinq épingles 1, 2, 3, 4, 5, à un quart de pouce de distance les unes des autres, & qui ne paffoient au-delà du bâton que d'un quart de pouce; j'ai rabattu enfuite les têtes de ces épingles fur le bâton, en les recourbant, auquel je les ai bien liées avec du fil ciré; &, après avoir fait une couleur avec du plomb rouge & de l'huile, j'y ai trempé les pointes des épingles, & j'ai piqué, dans le temps que la vigne a déja pouffé au printemps de jeunes rejetons, le jeune farment th (Planc. XVIII. figure 41.) avec les cinq pointes tout àla-fois en tsqpo: & enfuite, ayant mis en o la pointe la plus baffe, j'ai piqué de même en nmli, & enfin en h; de forte que le farment étoit marqué & divifé dans toute fa longueur par des points que la couleur rendoit très-vifibles, & qui étoient éloignés l'un de l'autre d'un quart de pouce.

La figure 42 repréfente les juftes proportions de ce même farment, vu au mois de feptembre fuivant, après qu'il eut pris tout fon accroiffement; j'ai marqué des mêmes lettres tous les points correfpondans des deux figures 41 & 42.

9

La diftance de tàs n'étoit pas augmentée de la foixantième partie d'un pouce; celle de s à étoit augmentée d'une vingt-fixième; celle de q à p, de trois huitièmes; celle de pà o, de trois huitièmes; celle de o à n, de trois cinquièmes; celle de n à m, de neuf dixièmes; celle de mà, d'un pouce & d'un dixième ; celle de là i, d'un

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