Imágenes de páginas
PDF
EPUB

26

pin.

Aufel pip

toutes ces différentes espèces, ne tira autant que celles dont nous venons de parler ; & plufieurs efpèces d'arbres toujours verts, tirèrent beaucoup moins,

EXPÉRIENCE VIII.

LE d'août je cueillis une groffe pomme 15 je la cueillis avec deux pouces de tige, & douze feuilles qui y étoient attachées; je mis la tige dans une petite fiole pleine d'eau : elle tira & tranfpira en trois jours d'once.

Dans le même temps, je coupai fur le même. arbre un autre rejeton à fruit; je le coupai de la même longueur que le premier, & chargé auffi de douze feuilles, mais fans pomme il tira & tranfpira dans les mêmes trois jours d'once.

Environ dans le même temps, je mis dans une fiole pleine d'eau, une autre petite tige prife fur le même arbre, qui foutenoit deux groffes pommes fans aucunes feuilles; elles tirèrent & tranfpirèrent environ un quart d'once en deux jours.

Ainfi, dans cette expérience, la pomme & les feuilles tirèrent d'une once, les feuilles feules environ d'once, & deux groffes pommes ne tirèrent & ne transpirèrent qu'un de ce que tirèrent & tranfpirèrent douze feuilles : une pomme ne tirant donc qu'une fixième partie de ce que tirent douze feuilles, il s'enfuit qu'une pomme ne tranf pire pas plus que deux feuilles, ce qui rend leurs transpirations à peu près proportionnelles à leurs fuperficies; car la furface fupérieure & inférieure de deux feuilles, eft à très-peu près égale à celle d'une pomme.

Il est probable que l'ufage de ces feuilles (qui

font placées juftement où le fruit eft attaché), eft de porter de la nourriture au fruit. J'ai même obfervé enfuite de cette idée, que les feuilles qui au printemps accompagnent les fleurs, & qui en font les plus voifines, font beaucoup plus développées que toutes les autres du même arbre, & que même elles font grandes, tandis que les feuilles des rejetons ftériles, ne commencent encore qu'à pouffer; auffi les feuilles de pêcher font toutes grandes avant que la fleur tombe, & les feuilles des poiriers & des pommiers font au tiers, ou à la moitié de leur grandeur avant que les fleurs foient épanouies: tant la nature a foin de pourvoir à la nourriture du fruit dans le temps même qu'il n'eft encore qu'un embryon.

EXPÉRIENCE IX.

LE 15 de juillet, je détachai de la rame & je coupai près de terre deux ceps de houblon vigoureux, qui étoient crûs dans un endroit fort touffu, & fort à l'ombre; j'en dépouillai un de toutes ses feuilles, & je mis les tiges de tous deux dans deux petites bouteilles, qui contenoient de certaines quantités d'eau; celui qui avoit fes feuilles tira 4 onces en douze heures de jour, & l'autre ne tira que d'once.

Je pris une autre perche avec les houblons qu'elle foutenoit, & je la tranfportai de la houblonnière à une expofition plus découverte : les houblons tirèrent & tranfpirèrent une fois autant que les premiers avoient fait dans la houblonnière; c'est peut-être par cette raifon que les houblons qui croiffent au dehors des jardins font foibles & languiffans, en comparaifon de ceux qui croiffent

24

que notre ar.

royal

dans le milieu des houblonnières : cette expofition plus découverte dessèche leurs fibres; elles fe durciffent donc plus vite que celles des houblons venus à l'ombre, que l'humidité conferve dans l'état de foupleffe néceffaire pour l'accroiffement.

[ocr errors]

*

L'ar Mais l'on fait que dans l'étendue d'un arpent pent dont il de houblonnière, il y a mille petites éminences, & eft quefttion eft de que fur chaque petite éminence font plantées trois plus petit perches, dont chacune foutient trois houblons. Il pent y a donc dans un arpent 9000 houblons, dont de 100 per- chacun tire 4 onces; ainfi les houblons tirent d'un ches quarrées, de 22 arpent de terre, en douze heures de jour, 36000 pieds de lon- onces, ou 15750000 grains, c'est-à-dire, 62007 pouces cubiques d'eau ou 220 galons *; en diviUn ga- fant 62007 pouces cubiques d'eau par 6272640, à peu près 4 nombre de pouces quarrés de la fuperficie d'un arpintes de Pa- pent, on trouvera que la quantité de liqueur tranf

gueur chacu

ne.

lon contient

ris.

pirée par tous les houblons, eft égale à un folide qui auroit pour base l'arpent, & pour hauteur pouce, fans y comprendre ce qui s'évapore de la terre fans paffer par la plante.

Les houblons ont befoin de toute cette tranfpiration pour se bien porter: auffi ne diminue-t-elle point tant que l'air eft favorable; mais dans les longs temps pluvieux & humides, fans mélange de jours fecs, l'humidité trop abondante répandue autour des houblons, les couvre de façon qu'elle empêche en bonne partie la tranfpiration néceffaire des feuilles; la sève arrêtée croupit, fe corrompt, & engendre de la moififfure, qui fouvent gâte beaucoup les plus belles houblonnières. Ce cas arriva en 1723, pendant des pluies continuelles, qui durèrent dix ou quatorze jours, & commencèrent environ le 15 de juillet, après quatre mois de féchereffe; car les houblons les

plus floriffans & de la plus belle espérance, furent tous infectés de moififfure, feuilles & fruits; tandis que les houblons languiffans, & qui promettoient le moins, échappèrent & produifirent même en abondance; parce qu'étant plus petits que les autres, ils ne tranfpiroient pas en fi grande quantité; & par conféquent l'humidité de la tranfpiration, qui nuifoit aux grands houblons en s'arrêtant dans le buiffon épais de leurs feuilles, n'étant pas fi abondante dans les petits houblons, ne les empêchoit pas de croître.

Cette pluie, après cette grande féchereffe trouva la terre fi chaude, qu'elle fit pouffer les herbes auffi vîte que fi elles euffent été fur une couche; & les pommes crûrent fi vîte, que leur chair étoit extrêmement mollaffe, & qu'elles pourrirent en plus grande quantité qu'elles n'avoient fait de mémoire d'homme.

Les planteurs de houblons obfervent que, lorfque la moififfure s'eft une fois emparée d'une partie d'un terrain, elle gagne enfuite & s'étend par tout;& même que les foins & toutes les autres herbes qui font fous les houblons, en font infectées.

Probablement, parce que les petites graines de cette moififfure qui croît vîte & vient promptement en maturité, font foufflées & portées fur toute l'étendue de la houblonnière, où elles fe multiplient & infectent quelquefois des terrains pendant plufieurs années de fuite, favoir, chaque année par la germination des grains de moififfure de l'année précédente: ne faudroit-il pas alors brûler les ceps auffitôt après avoir cueilli le fruit, dans l'efpérance de détruire en partie les graines de cette moififfure?

«M. Austin de Cantorbery obferve, que la » moififfure fait plus de mal aux terres baffes & » couvertes, qu'à celles qui font élevées & dé» couvertes; à celles qui vont en penchant vers » le nord, qu'à celles qui vont en penchant vers » le midi; dans le milieu des houblonnières, que » vers les bords; aux terres sèches & légères, » qu'aux terres humides & fermes : ces différences » paroiffoient évidemment, & étoient conftantes » dans les plantations où l'on donnoit à la terre » dans le même temps, la même culture & le » même soin; mais pour peu que ces conditions » variaffent, l'effet varioit auffi; & les terres baffes » & légères que l'on avoit négligées, produifoient » alors plus abondamment que les terres humides » & découvertes, qui avoient été foigneusement » cultivées.

» La nielle tombe ordinairement vers le on» zième de juin & vers la mi-juillet; elle rend » les feuilles noires, & les fait fentir mauvais. »

J'ai vu au mois de juillet (faifon des nielles brûlantes) les ceps dans le milieu des houblonnières tout brûlés, prefque de l'extrémité d'un grand terrain jufqu'à l'autre extrémité, par un rayon ardent de foleil après une grande ondée de pluie. Dans ces momens l'on voit fouvent à l'oeil nu, & beaucoup mieux avec les télescopes réfléchiffans, les vapeurs s'élever en affez grande abon→ dance pour rendre les objets obfcurs & tremblans. Il n'y avoit dans tout ce terrain brûlé pas une veine de terre sèche ou graveleufe: il faut donc attribuer ce mal à une quantité de vapeurs brûlantes plus grandes dans le milieu que vers les bords du terrain; dans le milieu, parce que les vapeurs de la tranfpiration y étant plus abondantes, elles

« AnteriorContinuar »