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L'expérience confirme cette pratique; car fi l'on taille la vigne auffitôt après vendange, & fi on lui ôte en même temps toutes fes feuilles, elle produit en plus grande abondance l'année fuivante; ce qui eft arrivé particulièrement en 1726. En 1725, l'été fut extrêmement frais & humide, & le bois qui n'avoit pu mûrir, ne produifit que très-peu de fruit.

Je ferois cependant d'avis de préférer à cette méthode la taille hâtive; car, en ôtant les feuilles, on peut endommager les boutons, foit en les froiffant, foit en les privant de la nourriture que les feuilles leur apportent.

Les expériences du fecond Chapitre, feront connoître aux jardiniers la force avec laquelle les greffes tirent la sève du fujet; leur grande attention en greffant, doit être à bien unir les parties correfpondantes, & à toujours choifir des greffes bien chargées d'yeux, afin que les feuilles foient plus en état de tirer la sève, lorfqu'elles commencent à fe développer.

La grande quantité de liqueur que les branches tirent à leur coupe dans l'Expérience XII, nous montre que c'est avec bien de la raison que l'on applique des emplâtres ou des feuilles de plomb. fur les plaies des arbres nouvellement faites, lorfqu'on veut les conferver; cette précaution eft fort utile, & empêche que la pluie ne forme des abreuvoirs dans le tronc de l'arbre.

Cette même Expérience XII peut nous fournir une idée pour effayer de donner un goût artificiel aux fruits, en préfentant aux arbres & leur faifant tirer quelque liqueur bien forte d'odeur & bien parfumée, mais non fpiritueufe, puifque nous avons vu que cette dernière qualité les fai

foit périr. J'ai fait tirer par la tige d'une branche deux pintes d'eau, fans qu'elle en foit morte: ceux qui feront curieux de faire cette expérience, auront foin de couper la tige qui doit tirer l'eau, la plus longue que faire fe pourra, afin d'avoir plus de bois pour en rogner de temps en temps un pouce ou deux, lorfque le bout eft fi rempli de liqueur, qu'il ne peut plus en paffer.

Quoique les plantes toujours vertes tirent & tranfpirent beaucoup moins que les autres, elles ne laiffent pas de tranfpirer fi confidérablement, que l'on a toujours été embarraffé pour leur fournir, dans les ferres, affez d'air frais, fans les trop expofer à l'air froid. La tranfpiration des plantes n'eft ni libre, ni falutaire dans un air renfermé & plein de vapeurs: ainfi la sève croupit dans fes vaiffeaux, & les plantes fe moififfent, ou bien elles deviennent languiffantes & tombent malades, en tirant les vapeurs nuifibles de cet air renfermé; car les obfervations de M. Miller fur la tranfpiration de l'arbre mufa & de l'aloès, Expérience v, nous montrent que les plantes tirent fouvent l'humidité pendant la nuit, auffi - bien dans les ferres où l'on fait du feu, que dans celles où il n'y en a point : il eft donc auffi important de donner aux plantes les moyens de fe décharger de cet air infecté, qu'il l'eft de les garantir du grand froid de l'air extérieur, qui les feroit périr fi elles y étoient expofées. J'approuverois donc fort la méthode de ceux qui bouchent les jours de leurs ferres avec du cannevas, & dans le froid extrême, avec des volets de paille ou de rofeáu par deffus le cannevas, afin que l'air puiffe toujours entrer dans la ferre, mais en filets fi déliés, & en fi petite quantité à-la-fois, que

le froid ne puiffe incommoder les plantes. On pourroit, felon toutes les apparences, fe fervir du même moyen pour purifier par degrés les vapeurs épaiffes & infectées qui s'élèvent du fumier des couches, & qui fouvent font beaucoup de mal aux jeunes plantes; c'eft imiter la nature qui garantit les animaux du froid par de bonnes couvertures, ou de poil, ou de laine, ou de plume, & qui en même temps laiffe à travers ces mêmes couvertures, une infinité de paffages à la tranfpiration.

J'ai dans cette conclufion & dans chaque expérience, felon que l'occafion s'eft trouvée, donné quelques petits exemples qui fe préfentoient naturellement, pour faire voir que des recherches de cette espèce peuvent devenir très-utiles, & nous donner d'excellentes idées par rapport à la culture des plantes; car, quoique je fente parfaitement que c'eft de la longue expérience que nous devons attendre & tirer les règles les plus sûres de la pratique, cependant je prierai toujours les curieux de fe fouveuir que le moyen le plus sûr de perfectionner les chofes, eft de les bien connoître.

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APPENDICE

CONTENANT

PLUSIEURS OBSERVATIONS

ET

PLUSIEURS EXPÉRIENCES

QUI ONT RAPPORT AUX PRÉCÉDENTES.

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