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fumée fe fanent en très-peu de temps. La chaleur des fumées ne pouvoit faire cet effet, car le foufre brûloit à une trop grande diftance pour que ces fumées puffent conferver de la chaleur : il paroît donc qu'on doit l'attribuer à l'action des fumées fulfureufes fur l'air contenu dans les feuilles, dont elles fixoient l'élafticité : & ne peut-on pas dire que les vapeurs fulfureufes qui flottent quelquefois en grande quantité dans l'air, causent par cette même raifon des nielles? &c.

EXPÉRIENCE I.

1o. L'on a vu dans l'Expérience LXVI, p. 151, la méthode dont je me fers pour connoître la quantité d'air que contiennent l'eau-de-vie, l'eau commune, l'eau de pluie, celle de Holt, celle de Bristol & celle de Piermont ; j'ai tiré de la même façon une bonne quantité d'air des eaux de Spaw & de Tumbrigde.

2°. L'on obferve que, dès que ces eaux viennent à perdre une matière élastique & imprégnée d'un efprit vitriolique fulfureux qu'elles contiennent, elles perdent en même temps leur vertu minérale, elles ne fe colorent plus ni avec la noix de galle, ni avec le firop violat, & ne font par conféquent plus d'effet à ceux qui les boivent.

3°. J'ai trouvé de inême, que les eaux d'Ebsham & d'Acton ne contiennent guère plus de matière élastique que l'eau commune; & fans doute on trouveroit la même chofe fur les eaux de Scarborough, de Stretham, & fur les autres eaux purgatives. L'air qui étoit forti de quelques-unes de ces eaux minérales perdit fon élasticité, ou fut abforbé par fon eau dans deux ou trois jours; mais une grande partie de l'air qui étoit forti des eaux

d'Ebsham & d'Acton, conserva sa forme élastique pendant quelques femaines.

4°. De quatre pintes d'eau de Bath, à peine ai-je pu tirer de l'air gros comme la moitié d'un pois. L'on peut dire que la chaleur de cette eau en chaffe l'air élaftique, & que le foufre qu'elle contient le fixe; & qu'ainfi il n'eft pas étonnant qu'elle en contienne peu.

5°. J'ai mis de cette eau fous un vaisseau renverfé, à moitié plein d'air, & je l'ai échauffée pour voir fi les fumées qui s'en élèvent abforbent l'air; mais, après avoir tout laiffé refroidir, j'ai trouvé que non : ainfi, quand l'eau de Bath guérit les coliques venteufes d'eftomac, elle ne le fait pas en absorbant les vents qui font actuellement dans l'eftomac, mais en empêchant, au moyen du foufre fubtil qu'elle contient, qu'il ne s'en élève d'autres des alimens, à peu près de la même manière que les fumées du foufre préviennent la fermentation des liqueurs fpiritueufes. Les vapeurs fulfureufes les plus violentes, telles que celles qui s'élèvent du foufre enflammé, ou de la fermentation violente qui fe fait par l'efprit de nitre versé fur des pierres vitrioliques en poudre, ne peuvent jamais abforber la moitié d'aucune quantité d'air renfermé: il y a a donc peu d'efpérance de guérir les coliques venteufes, en voulant absorber l'air que les alimens ont déja produit; mais en même temps il y a apparence de réuffir en prévenant ces coliques par quelque remède fulfureux, qui empêchera l'air de s'élever des alimens.

6o. Ce remède pourroit avoir le même effet fur le fang; il pourroit en fortifier & ferrer les parties, au moyen du foufre ou de l'acier fubtil qui s'y mêleroit, ce qui rendroit les fécrétions

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du fang dans l'eftomac & les boyaux beaucoup moins flatulentes.

7°. Et comine l'eau de pluie eft, fur-tout dans les temps chauds, imprégnée d'une plus grande quantité de foufre fubtil que l'eau commune, les gens fujets aux coliques venteufes devroient la préférer à celle-ci. Si on laiffe repofer l'eau de pluie, & qu'enfuite on la tire au clair dans un autre vaiffeau, on dit qu'elle fe conferve bonne à boire pendant long-temps.

8°. Les expériences que j'ai faites fur l'eau de Bath, ne m'ont pas conduit affez loin pour pouvoir décider des effets que ces eaux peuvent avoir pour purifier le fang, rectifier les efprits animaux, fortifier les fibres relâchées de l'eftomac & des autres parties du corps. Il eft certain, toutes choses égales d'ailleurs, qu'il s'élève des alimens une plus grande quantité d'air dans un eftomac foible & relâché, que dans un eftomac vigoureux qui les refferre & les comprime; de la même façon que les liqueurs qui fermentent dans un vaiffeau découvert, produisent plus d'air que lorfqu'elles fer mentent dans un vaiffeau clos.

EXPÉRIENCE II.

1o. J'ai renversé une bouteille de bière*, le goulot dans un vaiffeau plein de la même liqueur; & quand il fe fut élevé au deffus de la bière, dans la bouteille, près de deux pouces cubiques d'air, je fis paffer cet air dans une autre bouteille pleine d'eau, au deffus de laquelle il monta. Dans l'efpace de dix heures, une grande partie de cet air avoit perdu fon élasticité, ou avoit été absorbé par l'eau; car il n'en demeuroit que très-peu le lendemain.

2o. De-là nous voyons que de l'air élastique qui s'élève de la bière ou des autres liqueurs fermentatives, une partie retourne à fon premier état de fixité, & cela peut-être dans le temps même qu'il continue de s'en élever; ce qu'il étoit impoffible de favoir au jufte fans en féparer une partie, comme j'ai fait dans cette expérience, à caufe des nouvelles bulles d'air qui montent continuellement.

3°. Cette expérience nous explique auffi pourquoi plufieurs mélanges du Chap. vi, produisent de l'air & en abforbent enfuite, ou au contraire; car cela n'arrive que parce qu'ils en produisent plus qu'ils n'en abforbent dans le premier cas, & que dans le fecond, qui eft affez ordinaire dans un changement du chaud au froid, ils en abforbent plus qu'ils n'en produifent: ce n'eft pourtant pas que leur puissance d'abforber, devienne ou foit plus forte dans le froid; mais c'est parce qu'alors la quantité d'air qu'ils produifent eft trèspetite, & que celle de l'air déja produit qui perd fon élasticité, eft toujours la même.

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4°. Par plufieurs expériences femblables, j'ai trouvé que tout l'air, de quelque efpèce de bière que ce fût, ne perdoit pas fon élasticité, & n'étoit pas abforbé entièrement par l'eau, foit que je fiffe mes expériences fur une petite ou une grande quantité d'air, avec de l'eau de pluie ou de l'eau commune, avec de l'eau douce ou de l'eau falée, & même avec de l'eau que j'avois fait bouillir pour en faire fortir l'air.

5°. Et même, comme je l'ai obfervé dans l'Expérience précédente, fur l'eau d'Ebsham & d'Acton, l'air que la chaleur fera fortir de certaines eaux, ne perdra fon élafticité qu'au bout

de plufieurs femaines. Pour les eaux de Piermont, de Spaw & de Tumbrigde, comme il en fort une très-grande quantité d'air élastique par la chaleur, il ne demeure pas élastique auffi long-temps que l'autre; ce qui pourroit bien être la raison pourquoi la plupart de ces eaux minérales s'éventent ou perdent leurs vertus médicinales au bout d'un temps, quoique renfermées dans des bouteilles bien bouchées, & même fermées hermétiquement, comme le docteur Jacques Keill m'a affuré l'avoir effayé fur une eau minérale près de Northampton. Ainfi ces eaux peuvent perdre leurs efprits, non-feulement par l'évaporation, lorsque les vaiffeaux qui les contiennent demeurent oùverts ou lorsqu'on les échauffe, mais encore par la fixation de ces parties fpiritueufes & élastiques.

6°. De-là nous pouvons raisonnablement conclure que les eaux, & plufieurs autres fluides, contiennent des parties élastiques, auffi-bien que des parties non élastiques. Ces particules élaftiques groffiffent par expanfion, & deviennent des bulles très-vifibles, lorfqu'on ôte la pefanteur de l'air de deffus ces liquides; mais la quantité d'air qui s'élève de cette façon, & même par la chaleur, eft très-petite en comparaifon du volume de l'eau, quoique M. Mariotte croie avoir fait fortir d'une goutte d'eau , par la chaleur, une quantité d'air égale à huit ou dix fois le volume de la goutte. Effai de la nature de l'Air, page 111. Cet air fortit fans doute de l'huile qui environnoit la goutte d'eau ; car j'ai trouvé, par les Expériences LXII & LXVI, que l'huile abonde en air élaftique. Jai donné à de l'eau une chaleur telle, que fi elle eût été plus grande, l'eau auroit par la force de fon expanfion, ou chaffé le vaiffeau renversé

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