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dans la diffolution par le feu, des parties d'une fubftance végétale, une quantité confidérable de fel volatil s'élève & s'envole; & dans le même temps une autre partie eft réduite à la fixité, en fe trouvant fortement unie, dans l'opération, aux particules qui doivent s'élever fous la forme d'un air élastique permanent. On a fouvent pu obferver ceci en faifant du charbon: la pouffière qui couvre la pile lorfque le bois eft prefque réduit en charbon, eft mêlée à la furface & comme pou drée d'une espèce de fel volatil blanc qui s'élève du bois; tandis que l'autre partie du fel volatil de ce même bois, que l'on trouve dans les cendres du charbon fous la forme de fel de tartre eft réduite à un état fi fixe, qu'il est très-difficile de la volatiliser, à moins que de la mêler avec une chaux, comme l'on a fait dans cette expérience.

EXPERIENCE III.

1o. DANS l'Expérience XCVI, pag. 183, j'ai obfervé que quand je laiffois entrer du nouvel air dans le vaiffeau de verre ay, (PL. XVI. fig. 34.) les vapeurs fulfureufes qui s'élevoient du mélange de l'efprit de nitre & du minéral vitriolique de Walton, abforboient ce nouvel air fi vîte, que l'eau s'élevoit à vue d'œil dans le verre renverfé a y. Je ne pourfuivis pas alors cette expérience, mais je l'ai fait depuis.

2o. J'ai trouvé qu'après toute fermentation ceffée, lorfque l'air az s'eft éclairci, fi l'on fait entrer du nouvel air dans le verre renverfé ay, ces deux airs fe combattent violemment: de clairs & de tranfparens qu'ils étoient, ils deviennent femblables à de la fumée trouble & rougeâtre,

& pendant que cette agitation dure, il s'abforbe environ autant d'air qu'il en eft entré ; & fi, après que tout eft devenu calme, & que l'air s'eft éclairci, on laiffe encore entrer du nouvel air la même agitation arrive de nouveau, & il eft abforbé de inême : cela arriva plufieurs fois de fuite; mais, après chaque fois, j'obfervois que la quantité de l'air abforbé diminuoit, enforte qu'après un très-grand nombre de ces mêmes opé rations, il ne s'en absorboit plus du tout. Ceci arrivoit de même au bout de plufieurs femaines d'intervalle entre les opérations, pourvu qu'on ne laiffât pas entrer une trop grande quantité de nouvel air à-la-fois.

3°. L'antimoine & l'efprit de nitre abforbèrent d'abord un peu d'air, & furent affez tranquilles le premier jour; mais le lendemain matin, je vis qu'ils produifoient de l'air en affez grande quantité, qui s'élevoit avec des fumées rougeâtres : je foulevai alors le verre renverfé a y, de deffus le matras, & je plongeai tout de fuite fon orifice dans l'eau du vaiffeau xx; dans une heure de temps, il y eut une quantité d'air égale au quart de la capacité du vaiffeau ay, qui fut abforbé, car il y en eut de quatre pouces en hauteur; la feconde, la troifième & la quatrième fois, il y en eut autant d'abforbé; mais, à la cinquième fois qu'on y fit entrer du nouvel air, il n'y en eut d'abforbé que de la hauteur de trois pouces & demi; & à la fixième fois, il ne s'en abforba plus du tout, & même l'air ne devint pas trouble.

4°. J'ai placé le matras b, avec la maffe en fermentation qu'il contenoit, fous un autre verre : ce nouvel air fut abforbé plus vîte & en plus grande quantité que les matières qui fermentoient n'en

pouvoient produire, enforte que l'eau montadans le verre renverfé; mais après quelque temps l'eau devint ftationnaire: preuve qu'alors il fe produifoit plus d'air qu'il ne s'en détruifoit.

5°. Cet air éteint fur le champ une chandelle qu'on y met la plupart des airs imprégnés des vapeurs de ces mélanges en fermentation, font le même effet.

6°. De l'efprit de nitre, & autant d'eau versée fur de la limaille d'acier, abforbèrent dans une heure une bonne quantité d'air. Trois heures après, lorfque l'air contenu dans le verre ay se fut éclairci, j'y laiffai rentrer autant de nouvel air qu'il y en avoit eu d'abforbé; mais cela ne troubla ni ne changea l'air contenu dans le vaiffeau ay, & le nouvel air ne fut point du tout absorbé; cependant une autre fois, que je gardai pendant fix ou fept jours un mélange femblable d'efprit de nitre, d'eau & de limaille de fer, je vis qu'en faisant entrer du nouvel air fous le vaiffeau ay, l'air qu'il contenoit devint trouble & rougeâtre, & que le nouveau fut abforbé comme il l'avoit été avec de l'efprit de nitre, ou de l'eau régale & de l'antimoine; mais, la feconde fois que je fis entrer du nouvel air fous le vaiffeau, il n'arriva prefque point de changement fenfible.

7°. De l'eau-forte ou de l'efprit de nitre avec un minéral de Whiftable, dont je parlerai dans l'expérience fuivante, produifoient en fermentant, des fumées dont l'air contenu dans le vaiffeau ay étant imprégné, abforboit plufieurs fois de fuite le nouvel air qu'on y laiffoit entrer, & ne manquoit jamais de devenir extrêmement trouble & très-rouge,

8°. Dans toutes ces expériences où l'on fait

entrer du nouvel air dans le vaiffeau ay déja plein d'un air qui, quoique clair, eft mêlé de matières fulfureuses, il doit arriver aux particules de ce nouvel air un changement confidérable; car les parties fulfureufes doivent par leur attraction fubjuguer les autres, & d'élastiques qu'elles étoient, les réduire à l'état de fixité, tout comme dans les fermentations à l'ordinaire: ainfi, l'on ne doit pas attribuer l'afcenfion de l'eau dans le vaiffeau ay, entièrement à la diminution de l'élafticité de l'air, mais plutôt à fa réduction de l'état élastique à l'état fixe; ce qui fe confirme en faifant attention que, dans ces opérations réitérées, l'on faifoit entrer autant ou prefque autant de nouvel air que az en pouvoit contenir, & que par conféquent le même efpace a contenoit les deux airs, & cela fans les avoir comprimés.

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9°. La vapeur du mercure en diffolution dans l'eau-forte, abforbe auffi le nouvel air qu'on fait entrer fous le vaiffeau ay.

10°. Les airs imprégnés des vapeurs de vinaigre & d'écailles d'huitres, d'huile de vitriol & d'écailles d'huitres, de vinaigre & de pierre bélemnite, n'absorbèrent point le nouvel air qu'on laissa entrer; mais l'air imprégné des vapeurs de l'efprit de nitre & de pierre bélemnite, en absorba, auffibien que les airs fortis par diftillation du tartre & du charbon de Newcastle; mais l'air forti de même de la dent d'un boeuf n'en abforba point du tout.

11°.Cette expérience nous fournit, comme l'on voit, bien des exemples d'une violente agitation dans l'air qui fe mêle avec de l'autre air imprégné de fumées fulfureufes; d'ailleurs, nous avons prouvé par plufieurs autres expériences l'action & la réaction des particules élastiques & fulfureufes;

ainfi, l'on peut expliquer par-là cette chaleur accablante que l'on fouffre quelquefois dans un temps couvert & étouffé: le mouvement inteftin de l'air & des vapeurs fulfureufes qui s'élèvent de la tezre, la produifent. Ce mouvement de fermentation ceffe dès que les vapeurs font également mêlées avec l'air; car c'eft ici comme dans toutes les autres fermentations, où l'on obferve que tous les différens fluides, & même les métaux en fufion, mêlent uniformément leurs parties conftituantes. L'obfervation commune que l'éclair rafraîchit l'air a donc quelque fondement, puifque l'éclair eft le plus violent, mais en même temps le dernier effort de la fermentation.

12°. Ne pouvons-nous pas conjecturer auffi que Anmation de l'éclair fe fait par le mélange fubit de l'air pur & ferein qui eft au deffus du nuage, avec les vapeurs fulfureufes que fouvent il contient en abondance ? Le nuage fait ici l'effet du verre renversé az, & fert de féparation entre l'air pur & l'air plein de foufre: celui-ci venant à passer par les interftices du nuage, fe mêle avec l'autre, & fait le même effet que nos deux airs fous notre verre. La fermentation dans l'air doit, dans ce cas, être bien plus violente que fi ces deux airs, fans obftacle & fans nuages, s'étoient mêlés doucement par degrés, & par une espèce de circulation entre les vapeurs fulfureufes les plus échauffées qui auroient monté, & l'air ferein plus frais qui feroit defcendu. Il eft vrai que dans mes verres il ne paroiffoit aucun accident de lumière lorsque les deux airs fe mêloient; mais il eft très-probable que dans l'air libre une beaucoup plus grande quantité de ces vapeurs fulfureufes peut acquérir affez de viteffe, par la force de la fermentation, pour s'enflaminer.

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