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13°. C'eft en détruifant l'élafticité de l'air dans les poumons des animaux, que l'éclair les tue; c'eft en détruisant cette élasticité près & en dehors des fenêtres, qu'il brise ces mêmes fenêtres. En quelque endroit endroit que les vapeurs fulfureufes fe trouvent, elles détruifent donc l'élafticité de l'air, ce qui doit caufer des mouvemens terribles dans l'air; car l'air qui environne celui qui vient d'être fixé, doit fe précipiter pour aller prendre fa place. M. Papin a fupputé que la viteffe de l'air qui entre dans le vide fous un récipient, lorsqu'il eft pouffé par le poids de toute l'atmosphère, eft telle, qu'elle lui feroit parcourir mille trois cents cinq pieds dans une feconde. Abrégé des Tranfactions philofophiques, par Lowtorp, vol. I. pag. 586. Cette viteffe eft un peu plus grandeque celle du fon, qui par-. court douze cents quatre-vingt pieds dans une seconde. On ne doit donc pas être étonné qu'un mouvement auffi violent produise des orages, des tourbillons, des ouragans & des tonnerres, fur-tout: dans les climats chauds, où les vapeurs fulfureufes & aqueufes s'élevant plus haut, doivent caufer de plus violens effets, & où l'on entend fouvent ces tonnerres après de longues féchereffes, & même de longues gelées, parce que les vapeurs s'élèvent alors de la terre en abondance.

14°.Si l'inflammation de l'éclair étoit caufée par les rayons du foleil, raffemblés dans un nuage comme dans un foyer brûlant, la nuit feroit exempte de tonnerres & d'éclairs; tout le monde. cependant fait le contraire: ainfi, l'on doit attri-buer le tonnerre de la nuit à la feule fermentation qui fe fait dans l'air, ce qui n'empêche pas que. cette fermentation n'augmente, & même ne puiffe. s'enflammer le jour par les réfractions & réflexions

des rayons du foleil dans les nuages, comme l'a obfervé le favant Boerrhave, dans fes Elémens de Chimie, vol. 1. pag. 232.

15°. Il me paroît que l'on ne doit pas attribuer, la caufe de ces fufées, faifant la croffe, qui accompagnent quelques éclairs, à une fuite de vapeurs fulfureufes qui s'enflamment fucceffivement; car, en frappant de la main un récipient de verre vide d'air, il s'en élève une petite flamme pâle qui fait la croffe, & qui n'a que cinq à fix pouces de longueur l'on ne doit sûrement pas attribuer cette croffe à la fuite des vapeurs fulfureufes qui s'enflamment, car cela arrivera toutes les fois que vous frapperez le récipient, foit que vous le teniez dans la même place, ou que vous en changiez avec lui. Je crois donc que le coup & l'effort de l'éclair fe fait tout entier dans l'instant même qu'ils s'enflamme, & que cet effort est plus ou moins grand, felon le plus ou le moins de vapeurs qui s'enflamment à-la-fois.

EXPÉRIENCE IV.

L'ON a vu dans la même Expérience XCVI, que le ininéral de Walton, qui eft une espèce de pierre vitriolique, abforbe plus d'air qu'il n'en produit lorfqu'on le mêle avec l'eau-forte, mais qu'au contraire il en produit plus qu'il n'en abforbe, quand on le mêle avec quantité égale d'eauforte & d'eau. J'ai fait de pareils effais fur un minéral vitriolique que l'on trouve au bord de la mer, près de Whiftable en Kent, & dont on tire la couperofe; mais les effets ont été différens; car un pouce cubique d'eau-forte, fur un demi-pouce ou 525 grains de ce minéral en poudre, produifit une fumée rouge, & remplit en fe dilatant un

efpace égal à 216 pouces cubiques; mais au bout de deux heures, cette expanfion disparut entièrement, & cent huit pouces cubiques d'air furent absorbés. Les vapeurs qui s'élevoient de ce minéral étoient absorbantes à un tel degré, que quand l'eauforte étoit délayée dans trois fois autant d'eau, elles abforboient cent quarante-quatre pouces cu→ biques d'air au-delà de celui qu'elles produifoient.

2°. L'expérience fuivante nous donne une nou→ velle preuve que ces vapeurs produifent & détrui fent de l'air en même temps.

Sous un grand récipient renverfé, dont l'orifice trempoit dans l'eau, j'ai placé cinq tuyaux de verre profonds & affez larges, chacun fcellé hermétiquement d'un bout, & tous joints & foutenus enfemble à la hauteur convenable au deffus de l'eau, par le moyen d'un bâton qui étoit au milieu des cinq tuyaux. Dans chacun de ces tuyaux, il y avoit un pouce cubique d'eau- forte, fur laquelle j'ai laiffé tomber du minéral de Whiftable pulvérisé, mais à différens temps; c'est-à-dire, je n'en ai laiffé tomber dans le fecond tuyau que deux heures après en avoir mis dans le premier, & dans le troifième tuyau, deux heures après en avoir laiffé tom ber dans le fecond, & ainfi de fuite; il arriva que, les deux premiers mélanges abforbèrent plus d'air qu'ils n'en produifirent, mais enfuite les trois autres en produifirent beaucoup plus qu'ils n'en abforbèrent; & cela, comme nous l'avons déja dit ailleurs, parce que l'air contenu fous le récipient étant fort imprégné des vapeurs fulfureufes des deux premiers mélanges, les vapeurs des trois autres ne purent plus abforber d'air; celui qu'ils produifoient fe reconnoiffoit à l'abaiffement de l'eau dans le récipient renverfé.

3°. L'huile de vitriol, l'huile de foufre, l'efprit de fel, chacun mêlé avec de l'eau, & versé féparément fur ce minéral vitriolique, causoient une grande chaleur, mais fans fumée & fans fermentation vifibles.

4°. Dans ces expériences, je me fuis fouvent fervi d'un grand récipient renverfé, au lieu du verre cylindrique (Pl. XVI. figure 34.): il étoit foutenu par une corde qui le lioit en l'environnant: je verfois auparavant l'efprit acide dans le verre ou grand tuyau, & enfuite je mettois au fommet de ce tuyau le col renversé d'une bouteille de Florence, ce qui formoit une efpèce de petit entonnoir, dont je bouchois légèrement l'orifice inférieur, foit avec du liège, du coton ou du lin; je rempliffois l'entonnoir avec les poudres, par exemple, avec le minéral de Whiftable pulvérifé, & j'y mettois dans le même temps un morceau de fil d'archal fort, qui étoit plus long de deux ou trois pouces que l'entonnoir: alors, plaçant le verre ou le grand tuyau fous le récipient renverfé, j'élevois l'eau dans le récipient à la hauteur convenable, par le moyen d'un fiphon; je foulevois enfuite avec ma main le verre ou grand tuyau, jufqu'à ce que le fil d'archal touchant & venant à preffer contre le fommet du récipient, le bouchon de liège ou de coton fortoit, & laiffoit tomber la poudre fur l'efprit acide.

5°. Mais lorsque je plaçois, comme ci-dessus, les cinq tuyaux à-la-fois fous le récipient, alors j'attachois au fommet de chaque fil d'archal une longue ficelle, afin de pouvoir déboucher tel tuyau que je voulois, & ne déboucher que celui-là feul.

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PUISQUE l'air eft un principe actif répandu dans la nature, puifqu'il fe trouve & qu'il agit fi puiffamment dans les animaux, dans les végétaux & dans les minéraux, il peut aifément nous fournir un grand champ pour faire de nouvelles expériences, & peut-être des découvertes importantes fur fon ufage pour la vie, & l'entretien des plantes & des animaux; car il contribue infiniment à leur fanté lorsqu'il eft pur, & leur nuit beaucoup dès qu'il eft fouillé ou altéré.

Je rapporterai ici les expériences de M. Muffchenbroek, fur un grand nombre de mélanges fermentatifs faits dans le vide & dans l'air, & qu'il nous a données dans fes Additamenta ad Tentamina Experimentorum naturalium captorum in Academia del Cimento.

1o. «Trois dragmes d'efprit de vin bien rec»tifié, & autant de vinaigre, n'ont produit au» cun mouvement vifible; cependant ce mélange » s'eft réchauffé affez pour faire monter le ther»momètre de Fahrenheit, de quarante-quatre » degrés à cinquante-deux.

2. » Dans le vide, ce même mélange a fait » une ébullition remarquable qui a peu duré, mais » qui a été accompagnée d'une chaleur qui a fait » monter le thermomètre de quarante-quatre à » quarante-neuf. Le mercure a baiffé de deux li»gnes dans la jauge qui le contenoit, & qui étoit » attachée au récipient. La grandeur de ce réci»pient étoit de cent quarante-deux pouces cu»biques du Rhin. Le mélange n'étoit pas bien » clair, mais tiroit fur le bleu. Le mercure eft » descendu dans la jauge, parce que dans l'effer

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