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» les diffolvans agiffent plus fur certains corps » dans le vide que dans l'air, comme l'efprit de » fel fur le plomb & la limaille de fer, ou l'efprit » de nitre fur la tutie, nomb. 53.

93°. » Et qu'ils agiffent cependant fur d'autres » corps plus dans l'air que dans le vide, comme l'eau-forte fur le cuivre jaune.»

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94°. Il obferve auffi, que « dans les effervef»cences, foit dans l'air ou dans le vide, il fe » produit fouvent une matière élastique, fem» blable à de l'air. » Pour moi, je ne doute pas un inftant que ce ne foit de véritable air; car j'ai gardé ces airs factices pendant fix ans, que j'ai enfuite comme comprimés dans l'Expérience LXXVII, page 157; & j'ai trouvé qu'ils fe comprimoient tout de même & dans la même proportion que l'air ordinaire. J'ai fait le même effai fur de l'air produit la veille par le tartre du vin du Rhin, & je l'ai répété huit jours après; le quart de cet air avoit perdu dans ce temps fon élasticité, comme je m'en apperçus par l'afcenfion de l'eau dans le tuyau renversé où il étoit contenu.

Pour me mieux affurer des degrés de compreffion de ces différens airs, j'ai divifé les capacités de deux tuyaux égaux en quarts de pouce cubibique, en verfant à plufieurs fois un quart de pouce cubique dans les tuyaux, & faifant avec une lime déliée de petits crans fur les tuyaux, au deffus de la furface de l'eau. Par ce moyen, je voyois aifément l'eau comprimée monter dans les tuyaux, & je pouvois juger sûrement de la compreffion de l'air factice & de l'air commun, & des proportions qu'elle fuivoit dans tous les degrés & fous toutes les charges, depuis le zéro jufqu'à une charge égale au poids de trois atmof

phères; car je n'en ai pas effayé de plus fortes, de peur de faire crever le récipient.

95°. La mauvaise qualité de cet air produit par la fermentation, l'effervefcence ou la diftillation, ne doit pas faire douter que ce foit de véritable air, puifque l'on fait bien que l'air ordinaire est fouvent imprégné de vapeurs dangereufes & mortelles celles qui s'élèvent de la vendange & des vins lorfqu'ils fermentent, font à craindre ; & celles qui s'élèvent du foufre enflammé, font pernicieufes. D'ailleurs, M. Hawksbée a trouvé que l'air ordinaire se gâte en paffant dans des tuyaux échauffés de fer ou de cuivre, & qu'il eft pur & bon à refpirer après avoir paffé par un canal échauffé de verre. L'air chaud n'eft donc pas mauvais par lui-même, mais par les vapeurs qui s'y mêlent, comme celles de fer ou de cuivre. La plupart de ces vapeurs non élastiques qui s'élevoient dans le vide des matières, dans les expériences de M. Muffchenbroek, étoient fans doute bien mauvaises, & cela fans contenir de matière élastique, comme on le reconnoiffoit par l'immobilité du mercure dans la jauge. Il eft donc probable que la mauvaise qualité de l'air factice, foit qu'il foit produit par le feu ou par la fermentation, ou &c. & même celle de l'air ordinaire, doit s'attribuer aux vapeurs qui s'y mêlent, (Voyez Expérience CXVI. & non pas à la diminution de fon élafticité, puifque la même chofe arrive dans l'air ordinaire, qui n'eft pas fujet à diminuer d'élafticité comme l'autre.

96. On doit obferver que plufieurs matières, qui dans le vide faifoient de grandes effervefcences, ne produifoient cependant que peu ou point du tout d'air; & fans doute elles en pro

duifoient moins qu'elles n'auroient fait dans le ré cipient, (Pl. XVI. fig. 34.) où les mêmes matières ont produit beaucoup plus d'air que dans le vide de M. Muffchenbroek : ce qui me paroît affez naturel; car l'action & la réaction de l'air ordinaire avec les matières dans le temps de l'effervefcence, doivent en faire fortir plus d'air élaftique fous ce récipient que fous le récipient vide, où cette action & réaction ne fe trouve pas.

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1o. DANS l'Expérience CXVI, page 216, j'ai donné le résultat de plufieurs expériences faites fur l'air, en le refpirant dans des veffies; mais comme les vapeurs qui s'élevoient de ces veffies infectoient l'air, je me fuis fervi de la méthode fuivante pour effayer plus à mon aife, & avec plus d'exactitude, combien de temps je pourrois refpirer avec la même quantité d'air, & voir en même temps combien il perdroit de fon élasticité.

2o. A un trou pratiqué au fommet du récipient d'une machine pneumatique, j'ai maftiqué un robinet de bois; ce récipient avoit neuf pouces de diamètre : j'ai pris un grand vaiffeau au fond duquel il y avoit deux pouces d'eau, & j'y ai placé le réci pient, l'orifice en bas, de forte que l'eau pouvoit paffer par deffous en liberté. Dans cette fituation, la quantité de l'air contenu dans le récipient étoit de 522 pouces cubiques. J'ai fermé mes narines, & j'ai fait fortir de mes poumons, par une longue expiration, tout l'air que j'ai pu; & tout de fuite j'ai porté ma bouche au robinet, & j'ai refpiré les 522 pouces cubiques d'air pendant deux minutes & demie: après quoi, comme j'ai fenti

que la refpiration devenoit fort difficile, j'ai fait fortir, comme la première fois, de mes poumons tout l'air que j'ai pu, & au même inftant j'ai fait ́ figne à une perfonne qui étoit auprès de moi, de marquer la hauteur de l'eau dans le récipient avec un morceau de craie; & ayant mefuré, j'ai trouvé que 18 pouces cubiques d'air, c'est-à-dire la vingt-neuvième partie du tout, avoit perdu fon élasticité; à quoi même on doit ajouter quelque chofe, à cause de l'expanfion de l'air par la chaleur qu'il confervoit après être forti du pou

mon.

3°. Cette expérience nous montre que huit pintes d'air renfermé dans un récipient, dont il ne s'élève aucune vapeur, ne fuffifent à la refpiration que pendant deux minutes & demie : il n'eft donc pas étonnant que l'air s'altère, & cause par fon infection plufieurs maladies dans les lieux où on le tient renfermé, comme dans les prisons, où non-feulement la respiration, mais la transpiration de plufieurs perfonnes renfermées infectent l'air, & caufent une espèce de scorbut dangereux. On pourroit éviter en partie cet inconvénient, fi l'on conftruifoit ces lieux de façon à laiffer paffer l'air avec liberté, & l'on préviendroit par ce petit foin les maladies, & fouvent la mort des malheureux qui les habitent.

4°. Jai appris d'un vieux marin, que quand l'air qui eft entre les ponts du vaiffeau devient mauvais, & qu'il eft altéré par les vapeurs qui s'élèvent continuellement du corps de ceux qui y demeurent, on le purifie en lavant les parois des ponts & en arrofant par-tout avec du vinaigre: ceci s'accorde avec l'Expérience cXVI, où j'ai trouvé qu'en refpirant l'air à travers plufieurs diaphragmes

que

phragmes de flanelle trempés dans du vinaigre, il fe purifioit de telle forte, qu'il pouvoit fervir à la refpiration pendant une fois autant de temps l'air qui ne paffoit pas par ces diaphragmes. Je ne doute donc pas qu'un arrofement de vinaigre entre les ponts d'un vaiffeau, n'en rafraîchiffe un peu l'air; mais fi l'infection eft grande, cela ne peut pas être d'un grand fecours ; & même je penfe que l'effet ne peut s'en faire fentir que pendant un temps fort court: il faut du nouvel air & chaffer l'ancien, c'est le remède le plus sûr. Il y a long-temps qu'on regarde le vinaigre comme un fpécifique contre la pefte: on peut conjecturer qu'il fe fait une fermentation entre cet acide & l'air, peut-être trop alcalin, qui le rend neutre & plus falubre; car fouvent un acide & un alcali produifent un troifième, qui n'eft ni l'un ni l'autre.

5°. Voici comment j'ai trouvé la quantité d'humidité dont les 522 pouces cubiques d'air s'étoient chargés en les refpirant. J'ai pris le col d'une bouteille de Florence, dont l'orifice inférieur avoit

de pouce de diamètre; je l'ai rempli, jusqu'à un pouce du deffus, de cendres de bois bien brûlées; puis j'ai fait paffer à travers & jufqu'au fond des cendres un tuyau de verre; & j'ai recouvert le tout par deffous avec un linge fin, pour empêcher les cendres d'être foufflées hors du col de la bauteille par mon haleine; enfuite j'ai ferré mes narines, & j'ai refpiré par le tuyau de verre qui conduifoit mon haleine au fond des cendres: comme elles étoient fort sèches, & à peine refroidies, leur fel lixiviel a attiré l'humidité de mon haleine. J'avois auparavant pesé avec foin les cendres & le tuyau; j'ai trouvé, en les pefant une feconde fois, que le poids des cendres avoit

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