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Je commencerai par une expérience fur les ra cines, que la nature a, par providence, eu foin de couvrir d'une espèce de couloir très-fin, & d'un tiffu fort épais & fort ferré; enforte qu'il ne peut rien paffer dans les racines, qui ne puisse aisément auffi paffer par les feuilles, & être rejeté par la tranfpiration, feul chemin que puiffent prendre les excrémens des végétaux.

EXPÉRIENCE XXI.

LE 13 d'août de l'année fort sèche 1723, je creufai à 2 pieds de profondeur, à la racine d'un poirier d'Angleterre, & je découvris une racine z (Pl. V. fig. 10.) de pouce de diamètre ; je coupai l'extrémité de la racine en i, & je mis le chicot i

n,

I

dans le tuyau de verre dr, qui avoit 1 pouce de diamètre & 8 pouces de longueur, le cimentant bien en r; je joignis à ce premier tuyau de verre un autre tuyau d, qui avoit 18 pouces de longueur, & de pouce de diamètre intérieu

rement.

Je tournai en haut le bout d'en bas de ce derpier tuyau dz, je le remplis d'eau; puis, en y appliquant mon pouce pour l'empêcher de fortir, je le remis dans fa première fituation, enforte que fon extrémité z trenpoit dans le mercure qui étoit dans la cuvette x; après quoi j'ôtai mon doigt qui bouchoit le bout du tuyau z;

La racine tira l'eau avec tant de vigueur, qu'en 6 minutes le mercure avoit monté dans le tuyau' d à la hauteur, c'eft-à-dire, à 8 pouces.

وح

A huit heures le lendemain matin, le mercure avoit baiffé de 2 pouces, quoique la racine i trempât encore de 2 pouces dans l'eau. Tandis que la racine tiroit l'eau, il fortoit un nombre infini de

.

bulles d'air en i, qui fe logèrent dans la partie r -la plus élevée du tuyau, lorsque l'eau l'eut quittée en s'abaiffant.

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LA XI. Expérience nous montre la grande force avec laquelle les branches tirent l'eau, puifqu'une branche avec fes feuilles a pour tirer une puiffance plus grande, & tire en effet l'eau avec plus de force qu'une colonne d'eau de 7 pieds de hauteur n'en a pour la pouffer dans le même temps à travers une longueur de 13 pouces de tige. Dans l'Expérience fuivante, nous aurons encore une plus grande preuve de leur force de fuccion.

Le 25 de mai, je coupai fur un jeune pommier vigoureux, une branche b (Pl. V. fig. 11.) d'environ 3 pieds de longueur, je lui laiffai tous les rameaux & toutes fes feuilles : le diamètre i de fa tige étoit de de pouce ; j'en mis l'extrémité dans le verre cylindrique er, qui avoit un grand pouce de diamètre intérieur, & 8 pouces de longueur; je liai & cimentai bien le tuyau en r, après avoir auparavant ajusté & plié une bande de peau de mouton tout autour de la tige, pour la faire joindre & s'adapter au tuyau en r; enfuite je cimentai la jointure avec un mélange de cire & de térébenthine, qui faifoit un maftic fort & gluant, en les fondant d'abord enfemble, & les laiffant refroidir: fur ce mastic, j'appliquai plufieurs veffies mouillées, liant bien le tout avec de la ficelle; & je joignis au tube er, un autre plus petit tube ez, de de pouce de diamètre intérieur, & de 18 pouces de longueur. L'épaiffeur de ce tuyau de verre doit être au moins de de pouce, autre1B ment il pourroit caffer en faifant cette expérience.

Ces deux tubes étoient cimentés ensemble en e, d'abord avec un ciment dur, & dont on fe fert ordinairement pour la machine du vide : je m'en fervois pour tenir ces deux tuyaux bien joints l'un à l'autre; mais ce ciment dur, tant par la longue humidité, que par les différentes dilatations & contractions du verre & du ciment, se séparoit du verre dans les temps chauds, & donnoit entrée à l'air pour prévenir cet inconvénient, j'appliquai fur la jointure le maftic de cire & de térébenthine, avec une veffie mouillée que j'attachai par deffus. Si l'on fe fert de craie pulvérisée, au lieu de poudre de brique pour faire le ciment dur, il en eft plus liant, & il ne fe délaie pas fi facilement dans l'eau.

Lorfque la branche fut ainfi fixée au tuyau, je la tournai en bas, & les tuyaux en haut; puis je les remplis tous deux d'eau, & j'appliquai le bout de mon doigt fur l'ouverture du petit tuyau; après quoi je la plongeai auffi vîte qu'il me fut poffible dans la cuvette de verre x, pleine de mercure & d'eau.

Lorfque la branche étoit perpendiculaire, comme dans la figure, fa tige trempoit de 6 pouces dans l'eau, favoir de r en i.

Cette eau fut tirée par la branche à fa coupe tranfverfale i; & à mesure qu'elle montoit dans les vaiffeaux féveux de la branche, le mercure montoit de la cuvette dans le tube ez, de forte qu'en une demi-heure le mercure étoit à, à 5 pouces de hauteur.

Cette élévation du mercure ne montre pas encore toute la force avec laquelle la sève eft tirée; car, tandis que la branche fuçoit l'eau, fa coupe tranfverfale étoit toujours couverte d'un nombre

infini de bulles d'air qui en fortoient, & qui s'efforçoient d'occuper un efpace qu'elles agrandiffoient à mesure que la branche tiroit l'eau: la. hauteur du mercure étoit donc feulement proportionnelle à l'excès de la quantité d'eau tirée par la branche, sur la quantité d'air qui en étoit forti par cette partie de la tige.

Si cette quantité d'air qui fortoit par la tige dans le tuyau, eût pu être égale à la quantité d'eau tirée par la branche, le mercure n'auroit point du tout monté, parce qu'il ne fe feroit point trouvé de place pour lui dans le tuyau.

Mais fi, fur douze parties d'eau, la branche en tire neuf, & qu'il ne forte en même temps de la tige que trois parties d'air dans le tuyau, le mercure doit néceffairement alors monter à 6. pouces ou environ, & toujours ainfi proportionnellement, felon les différens cas.

Dans cette Expérience & dans plufieurs autres: qui fuivent, & qui font de la même espèce, j'obfervai que le mercure montoit plus haut pendant un beau foleil que dans tout autre temps, & auffr que vers le fois il defcendoit de 3 ou 4 pouces, & remontoit le jour fuivant lorsque la chaleur revenoit; mais rarement s'élevoit-il à la même hau-, teur que d'abord, car j'ai toujours trouvé que les vaiffeaux féveux, après la coupe, perdent tous les jours de cette facilité qu'ils ont de laiffer paffer, l'eau ou la sève; car celle de la vigne n'entre jamais dans la tige avec tant de liberté trois ou quatre jours après la coupe, qu'elle le faifoit auparavant, c'est-à-dire, immédiatement après la cou-' pe, probablement parce que les vaiffeaux capillaires de la coupe font rétrécis par la réplétion extraordinaire des véhicules & des autres interftices.

eft une mefu

re de 3 pieds

En rognant le bout de la tige de r pouce ou 2, la branche tiroit mieux, mais cependant jamais avec tant de force ou de liberté, que lorfque la branche venoit d'être féparée de l'arbre.

Je fis cette même Expérience XXII fur un grand nombre de branches de différentes groffeurs & longueurs, & de différentes espèces, dont voici les principales.

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LE 6 & le 8 de juillet, je fis cette Expérience avec plufieurs rejetons de vigne de l'année, dont *La verge chacun avoit deux grandes verges * de longueur, Le mercure monta beaucoup plus lentement d'Angleter que dans l'Expérience fur la branche de pommier: par un beau foleil il s'élevoit plus vite & plus haut que dans tout autre temps; mais jamais ces branches de vigne ne purent le tirer plus haut de 4 pouces le premier jour, & de 2 pouces le troi

re.

fième.

Après le coucher du foleil, le mercure baiffoit* quelquefois entièrement, puis remontoit le jour fuivant, lorfque le foleil donnoit fur la branche.

Et j'ai obfervé que, lorfqu'il fe trouvoit quel-ques-unes de ces branches de vigne au nord d'un gros tronc de poirier, le temps de la plus grande élévation du mercure étoit à fix heures du foir, que le foleil commençoit à donner sur ces branches.

EXPÉRIENCE XXIV.

LE 9 d'août, à dix heures du matin, par un beau foleil, je fis la même expérience avec une branche de pommier de nonpareil, chargée de vingt pommes & de tous fes rameaux : elle avoit 2 pieds de longueur, & fa coupe tranfverfale étoit

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