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Page 95.

de fon 1.

CXLIII.

Réfutation de ce qu'a écrit Mr. Baillet que j'ai fait un Recueuil de mes Eloges.

ONSIEUR BAILLET. Mais dans la peine où je me trouvois de pouvoir ramaffer tous les Eloges que Mr. Ménage a receus de différantes perfonnes, me fuis fenti tout d'un coup foulagé par la bonje ne nouvelle qu'un de mes amis vient de m'apprendre,& qui me fait connoître que Mr. Ménage travaille ferieufement à les recueillir lui-même, & à en faire un jufte Volume, pour en regaler le Public: dont il croit flater le goût, & procurer l'avantage par ce nouveau Service.

MENAGE. Ce que dit ici Mr. Baillet que j'ai fait le Recueuil de mes Eloges. eft une preuve incontestable qu'il m'a traité de Pédan, lorfqu'il a dit, C'est une pédanterie de fe croire fi pen faillible, & To, ch. 14. fi fort à l'épreuve de la cenfure, que de s'affurer que les libelles qu'on fait contre un homme qui travaille pour acquerir de la réputation, lui font plus glorieux que ceux qui ont été faits à fa louange: (Il devoit dire, que les Livres qui ont été faits à fa louange) ne laiffer pas de recueuillir tous les témoignages d'estime que les Savans ont rendus à son mérité, pour en tirer avantage & en entretenir fa propre vanité. Je fupplie mes Lecteurs de remarquer, que lorfque Mr. Baillet a dit de moi tou

tes

tes ces chofes injurieufes, je ne favois pas qu'il fût au monde. Mais où eft ce Recueuil de mes Eloges? Où a-t-il été imprimé? Qui eft celui qui l'a vu manufcrit? Il faut expliquer à Mr. Baillet ce que c'est que ce prétandu Recueuil de mes Eloges. Un de mes freres, qui étoit Lieutenant Particulier au Siége Préfidial d'Angers, étant mort à l'âge de 34. ans, quelques années après fa mort, je pris le deffein de faire les Vies de quelques perfonnes illuftres de fa famille & de celle de fa femme Madelaine Louet, & de les adreffer à Pierre Guillaume Ménage, fon fis, Capitaine au Régiment de Piémont, pour l'exciter à l'étude de la vertu. Je fîs imprimer en 1674 la Vie de Mathieu Ménage, Député par l'Evêque & par le Chapitre d'Angers au Concile de Bafle, & Député enfuite par les Peres de ce Concile au Pape Eugêne IV. Et quelque tans après, je fis imprimer la Vie de Pierre Ayrault, Lieutenant Criminel d'Angers, mon grand pere maternel: celle de Guillaume Ménage, Avocat du Roi d'Angers, mon pere: celle de Jan Des-Jardins, Médecin Ordinaire de François I. grand pere maternel de Guionne Ayrault, ma mere: & celle de Jofeph le Tellier, Général des Minimes, grand oncle de ma mere. A la fin de la Vie de mon pere, je m'engageai à écrire la mienne. Voici l'endroit: Hactenus de liberis GUILLELMI MENAGII, avi tui: nam de me, quem ad aliquam ingenii atque eruditionis famam perveniffe putant populares mei; liceat enim Tom. VII. Part. II. G

mibi

mihi apud te gloriari; aliàs ego ad te, fi vacat annales noftrorum audire laborum. Pour écrire ma Vie, j'ai û besoin de voir tout ce que les Auteurs avoient dit de moi, dans leurs Ouvrages en bien & en mal. N'aiant pas tous les Livres où il étoit parlé de moi en bien & en mal, car ces Livres font en fi grand nombre qu'ils pourroient compofer une petite Bibliothéque, je priai quelques uns de mes amis, qui avoient ceux que je n'avois pas, de m'extraire les louanges & les injures qu'on avoit écrites de moi dans ces Livres: ce qu'ils firent. Qu'est-ce qu'il y a à dire à cette action? Il y a deux mille perfonnes qui ont écrit leur propre Vie. Ac plerique fuam ipfi vitam narrare, fiduciam potiùs morum, quàm arrogantiam arbitrati funt. Nec id Rutilio & Scauro citra fidem, aut obtrectationi fuit; adeo virtutes iifdem temporibus optimè æfti mantur, quibus facillimè gignuntur, dit Tacite dans la Vie d'Agricola. Scribam ipfe de me, multorum clarorum virorum exemplo, dit Ciceron dans fa belle Lettre à Lucéius. Dicitur Lucilius vitam fuam fcripfiffe, & non fibi pepercise, dit le Vieux Commentateur d'Horace, Livre 2. chapitre premier.

Il eft aurefte à remarquer que les chofes injurieufes qu'on a écrites de moi, furpaffent celles qui ont été écrites à mon avantage. Et tous mes Ecrits font remplis des plaintes que j'ai faites au fujet de ces chofes injurieufes.

J'ai dit dans la Préface de mes Obfer

vations fur la Langue Françoise: Non feulement je n'ai jamais offanjé perfonne, Sans y avoir été excité par quelque outra ge, mais j'ai toujours rendu à tout le monde tout le fervice dont j'ai été capable: & j'ai été affez bureux pour n'avoir pas été inutile à plufieurs perfonnes; Cependant, par je ne fais quelle fatalité, on a fait des Bibliotheques de libelles contre moi.

J'ai dit dans ma Préface de Laërce: Si quis verò de erroribus meis privatim me atque amicè monere volet, næ ille magnam à me gratiam iniverit. Nec me tamen inimicum habebit, fi palàm atque acerbiùs reprehenderit. Sed fi minùs humanè mecum agere malit; nefcio enim quo fato; certè nullo meo facto; famofos libellos invidi ae malevoli bomines in me fcribere huc ufque non diftiterunt, &c.

J'ai dit dans la Dédicace de mes Aménitez de Droit à Mr. Nublé : Qui mihi koc negotium facefferunt, non tulijem olim juvenili calore inconfideratior. Illorum obtrectationes & maledicta fregiffem, atque retudiffem. Illos deridendus propinaffem. Illos denique ipfos altis vulneribus confo diffem.

Et nos tela, pater, ferrumque haud debile dextrâ

Spargimus, & noftro fequitur de vulnere fanguis.

Quin & ifto ipfo in genere fcribendi in que plurimùm fe poffe putant, eos nihil poffe, facilè oftendiffem. Verùm & mitiores &

G 2

me

meliores facti fumus accedente ætate: diuturnifque amicorum injuriis ad dolorem novum animus nofter obduruit. Ingrati erunt, Invidi, Malefici, maledici, donec homines. Illorum igitur, ingratum animum, invidias, injurias, Maledicta, dicteria, fcommata, immotus ut Philofophum & Chriftianum decet, fino præterfluere. Qui me ament, qui mihi faveant, qui mea tucantur, non deerunt viri honefti: quorum amicitia & ftudiis delectabor potiùs, quàm illorum injuriis aut maledictis laborabo.

Et enfuite: Hanc meam & Advocatorum munere fententiam fi perfpectam habuiffent Invidi ac Malevoli, qui me Advocatum fuiffe, ut mihi injuriam facerent, exprobrarunt, ab hac exprobratione, certò fcio, temperaffent. Illud verò pufilli animi fuit, & ipfa invidiâ ac malevolentiâ jejuni, quòd Presbyter ille & Concionator,

Quem tulit ad fcenam ventofo gloria curru,

In fronte libelli famofi, quem de Conftitutione Comedie adverfus me fcripfit, ut audio, (neque enim legi, neque legam) viginti & amplius annis, ex quo Foro vale dixeram mihi Advocati titulum affixit. Affixit verò injuriofis verbis, me Magistrum Ægidium appellando: quo nomine, non Proceres, non Rex ipfe, fi de me,aut ad me fcriberent, me appellarent.

J'ai dit dans ma Préface für Malherbe: F'aurois pu faire voir au Public que les Gazettes de ce nouvel Ariftarque qui vient

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