ai ufé de la forte, à l'imitation des plus célébres Poëtes, anciens & modernes (1). Ca pris de répondre à la Déclamation d'Agrippa de la Tanité des Sciences. Dadala mens hominum quicquid ferutata, quod aut osProtulit, artificum vel potuere manus, Agrippa hoftili totum laceraverat ore Aufus in Aonias fumere tela Deas. Cependant comme la Requefte des Dictionnaires a en gros quelque chofe d'original, que la plufpart des traits, & l'œconomie de la Piéce font de M. Ménage, ce qu'il y a d'imitation eft, pour ainfi parler, abforbé par l'invention. J'en dis autant des Poëmes de la plus courte espece quand on leur donne un peu plus d'étendue qu'à l'ordinaire, & que la pensée d'emprunt n'eft pas celle qui en fait l'ame & la conclufion. Ainfi dans le Madrigal Italien qu'a fait M. Ménage fur un baiser mal paié, quoique ces vers Che non è un bacio, nò quel che mi date La mia quafi non tocca Ma di bacio figura, Ah non è bacio, nò, dolce ben mio E fol d'un bacio un femplice defio. y foient visiblement imitez de ces Latins du mêmeJean Second, Da mihi fuaviolum, diɛebam, blanda puella, Litafti labris mox mea labra țuis, Inde velu: preffo qui territus angue refultas, Ora repente meo vellis ab ore procul. Non ho fuaviolum dare lux mea, fed dure tantum Eft defiderium flebile fuavioli, Néanmoins le Madrigal étant long & ne finiffant pont par te fens de l'Epigramme Latine tout joli qu'il eft, on auroit tort de reprendre M. Menage de n'avoir pas cire en tefte Jean Second. Je dis bien plus, quand on tireroit d'ailleurs P'invention entiere de fon Poëme, fi la compofition d'où on la tire eft d'un genre extrémement différent, comme feroit une Oraifon de Ciceron, un Traité de Séneque, un Roman, Padreffe de bien mettre en œuvre fuffit pour donner un air de nouveauté à l'Ouvrage, & peut en quelque façon tenir lieu d'invention. C'eft ce qui m'a empêche de comprendre dans le dénombrement particulier des copies de M. Ménage les trois Epigrammes fuivantes. MEN A G. Εἰς Φραγκίσκον βαβελαίσιον. · Γινώσκειν ἐθέλεις οἷς αβελαίσιο, έσπως Λυκιανὸς μεχθείς έσιν Αρισοφάνεια MENA G. Epig. cx1. O favos, o diros, o rabidos cruciatus L Ride, digna tuis res eft, Saracene, cachinnis, In fomnis magnos fecerar Hermogenes. Flet, Flet, gemit, & queftu Divo que hominefque fatigar, Pertafus vita con ituitque mori. Nec mora, cervici laqueum trabe nectit ab altå Continuo venasque fecant, & vina ministrant, ·Sesti etiam pretium funis, qui colla prémebas Pendentis, famulum folvere juffit berus. * Ou plûLa premiére eft tirée de Joachim du Bellay chap. tot au 1. 2. 21. de fon illuftration de la Langue Françoife, où du Courtiil dépeint ainfi Rabelais fans le nommer, Celui qui fan de Balfait renaitre Aristophane, & feint si bien le nez de Lu- tafar de cian. La feconde n'eft autre chofe qu'un extrait Chatillon. paraphrase de cet endroit d'une Lettre de Voiture à Un certain M. de Chaudebonne. La colique m'a donné depuis Religieux). peu une leçon de dixfept jours dont il me fouviendra long Auguftin temps, & m'a fait confiderer beaucoup de fois combien nommé Janous fommes foibles puifqu'il ne faut que trois grains de cob Magfable pour nous abatre. La troisiéme, quoi qu'imitée nus mort en partie de celle-ci de Lucien, au com mence ment du 15. fiécle rapporte 1. 10. Ποιήσας δαπάνην ἐν ὕπνοις ὁ φιλάργυρος Ερμων Εκ περιωδυνίας αυτὸν ἀπηγχόνισον. doit dans le fond fa véritable invention au chap. c. 2. de fon trezieme de la première partie du Roman Comi- Livre intique de Scarron. Mais quelque fenfible que foit tulé SopholePimi- gium un fait tout femblable, & en attribue l'invention à Seneque dans fes Déclamations. Cependant, quoique dans les extraits des controverfes de Seneque la premiére controverfe du Livres. ait pour fujet la plainte que fait en juftice un homme qui fe voulant étrangler avoit été fauvé par un autre qui avoit coupé la corde, la verité eft que certe plainte eft moins fondée fur la perte du licou que fur ce qu'en Voiez le coupant on forçoit un miferable à vivre malgré lui. auffi Bouchet ferée 31. pag. 569. & le Prologue du s. 1. de Rabelais, Catulle a traduit une Ode de Sapho (1);: qui eft la feule de Sapho qui nous refte. Il a traduit auffi une Elégie de Callimaque; qui eft celle que Callimaque a faite fur la chevelure de Bérénice. Et il n'a point mis au titre de fon Ode que ce fuft une traduction d'une Ode de Sapho; ni au titre de fon Elégie, que ce fût une traduction d'une Elégie de Callimaque.. Ammianus a fait une Epigramme Grecque de la fin d'une des Epigrammes Latines de Martial, fans dire que fon Epi-gramme fût une traduction. Voici l'endroit de l'Epigramme de Martial: Sit tibi terra levis, mellique tegaris arena, Voici P'imitation dans ces Epigrammes, je croi que par les raifons que j'ai dites M. Menage a pu fans fcrupule le difpenfer d'alleguer fes Auteurs en cette rencontre. La condannation ne tombe donc proprement que fur ces Ecrivains qui empruntant leur Ouvrage d'un autte de même nature ou a peu près. fuppriment le nom de l'Auteur qui la gloire de l'invention eft duë. Sur ce principe, on ne doit pas douter que dans les Poëmes en petit qui ne roulent d'ordinaire que fur une maitreffe penfée, tels que fout l'Epigramme, le Sonnet, nos Madrigaux, nos Chanfons, lors qu'on prend d'un autre Sonnet, Madrigal, Epigramme, où Chanfon l'unique ou prin. cipale penfée, qui compose ces petites Piéces, il ne foit indispenfable de marquer la fource où on la puife. Faute d'apporter ces diftinétions néceffaires, Jofeph Scaliger, dans une Lettre à Saumaise, a très mal à propos accufe Horace de larcin pour avoir emploie dans la Satire 2. du Livre 1. une peníée de Ĉalli, ma.. Voici l'Epigramme d'Ammianus; Liv. 2. de l'Antholo Ειη σοι κατὰ γῆς κερὴ κόνις, οικτρὶ Νέαρχα, Bic. Aufone a fait cette belle Epigramme, Armatam Pallas Venerem Lacedamone vifens, Et il l'a traduite de ces vers de l'Anthologie, Παλλὰς τὰν Κυθέξειαν ἔνοπλον ἔειπεν ἰδεσα, H' maque, qui encore, de la manière dont elle y eft placée. ne fauroit paffer pour un emprunt. C'eft avec plus de raison qu'il a traité de voleur ce Quintus Catulus ancien Poëte Latin que l'on a cru fi long temps Auteur d'une Epigramme dont il n'étoit que le traducteur. Sur quoi l'on peut remarquer de quelle conféquence il eft de citer les originaux, puifque fi les Anciens avoient pris ce foin nous fe rions plus en état de leur rendre juftice fuivant leur mérite, Aulu Gelle n'auroit pas été la dupe de ce Quintus Catulus, & nous ne le ferions pas encore aujourd'hui de tant d'autres qui jouïffent trop paisiblement d'un honneur qui ne leur eft point dû. 1. Eft ce que l'Hymne à Vénus que nous avons d'elle n'eft pas une Ode? Denis d'Halicarnaffe qui l'appelle ainfi fe feroit donc trompé Nous ne lifons pas que Sapho sait fait un Livre d'Hymnes féparé, & quand cela feroit, ces Hymnes, fuppofé qu'elles fuffent toutes en vers lyriques comme cele-là, feroient toûjours des Odes. |