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L

OUIS par la grace de Dieu, Roy de France & de Navarre : à nos amez & feaux Confeillers, les gens tenant nos Cours de Parlement, Maitres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand-Confeil, Prevôt de Paris, Baillifs, Senechaux, leurs Lieutenans Civils & autres nos Jufticiers qu'il appartiendra. SALUT, notre bien amé ABRAHAM VIRET Imprimeur-Libraire à Roüen , Nous fait fupplier de lui accorder nos Lettres de ayant Permiffion, pour l'impreffion d'un Livre qui a pour titre, Des vraïes des faufles Idées, contre ce qu'enfergne l'Auteur de la Recherche de la Vervé, par M. Arnauld; Nous avons permis & permettons par ces Prefentes audit Viret, de faire imprimer ledit Livre, en tels volumes, forme , marge, carattere, conjointement ou féparément, & autant de fois que bon lui femblera, & de le vendre, faire vendre & debiter par tout notre Royaume, pendant le tems de trois années confécutives, à compter du jour de la date defdites Presen tes; faifons défenfes à tous Libraires, Imprimeurs & autres perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles foient d'en introduire d'impreffion étrangere dans aucun lieu de notre obéïssance ; à la charge que ces Prefentes feront enregistrées tout au long fur le Registre de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris, & ce dans trois mois de la date d'icelles ; que l'impreffion. de ce Livre fera faite dans notre Royaume & non ailleurs, en bon papier & en beaux caracteres, conformément aux Reglemens de la Librairie; & qu'avant que de l'expofer en vente, le manufcrit ou imprimé qui aura fervi de copie à l'impreffion dudit Livre, fera remis dans le même état où l'Approbation y aura été donnée és mains de notre très-cher & feal Chevalier, Garde des Sceaux de France, le Sieur Fleuriau Darmenouville, & qu'il en fera enfuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliotheque publique, un dans celle de notre Château du Louvre & un dans celle de notredit très-cher & feal Chevalier, Garde des Sceaux de France le Sieur Fleuriau Darmenouville, le tout à peine de nullité des Prefentes, du contenu defquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir ledit Expofant ou fes ayant caufe, pleinement & paifiblement fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons qu'à la copié defdites Prefentes qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin dudit Livre foi foit ajoûtée comme à l'Original. Commandons au premier notre Huiffier ou Sergent de faire pour l'exécution d'icelles tous aces requis & nécefiaires, fans demander autre permiffion, & nonobftant clameur de Haro, Charte Normande & Lettres à ce contraires Car tel eft notre plaifir. Donné à Paris le vingt-feptiéme jour du mois de Novembre l'an de grace mil fept cens vingtdeux,& de notre Regne le huitiéme. Par le Roy en fon Confeil.

LAMOLERE.

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Regiftré fur le Regiftre V. de la Communauté des Libraires Imprimeurs de Paris, page 262. N°. 394. conformément aux Reglemens, notamment à l'Arreft du Confeil du 13. Aouft 1703. A Paris le 22. Décembre 1722.

BALLARD, Syndic.

LES

I

DES

VRAY ES

ET DES

FAUSSES

IDEES:

Où l'on croit avoir démontré que ce qu'en dit l'Auteur du Livre de la RECHERCHE DE LA VERITE' n'eft apuyé que fur de faux préjugez, & que rien n'est plus mal fondé que ce qu'il prétend: QUE NOUS VOYONS TOUTES CHOSES EN DIEU.

J

E vous ai donné avis, Monfieur, du deffein que j'avois d'examiner le Traité de la Nature & de la Grace, & de donner au public le jugement que j'en ferois. Je n'ai point douté

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que vous ne fiffiez voir ma lettre à l'Auteur du Traité, & que vous ne jugeaffiez bien, comme vous avez fait auffi, que c'étoit pour cela même que je l'avois écrite, m'étant perfuadé qu'il étoit plus honête & plus chrétien d'agir avec cette franchife, que d'attaquer un ami comme en cachette, & en lui diffimulant que je ne devois p pas croire qui lui déplairoit, puifqu'il auroit falu pour cela que je l'euffe foupçonné de n'être pas pas fincere dans la profeffion qu'il fait d'aimer uniquement la verité.

Je me fai bon gré de n'avoir pas eu cette penfée de notre ami, & j'aprends avec bien de la joïe par votre réponse que je ne me Tuis pas trompé, quand j'ai cru qu'il étoit dans une difpofition toute contraire à celle, qui fait dire à S. Auguftin, que celui-là s'aime d'un amour bien déréglé, qui aime mieux que les autres foient dans l'erreur, que non pas que l'on découvre qu'il y eft lui-même: Nimis perverse feipfum amat, qui alios vult errare, ut error fuus lateat. Câr vous m'affurez lui que ayant fait voir ma premiere lettre, que vous aviez bien cru que j'avois écrite pour lui étre montrée, il vous a témoigné être dans les mêmes fentimens que pour ce qui regarde la maniere d'écrire contre les opinions de nos amis ; & qu'il n'étoit point fâché que j'écriviffe contre fon Traité.

moi,

Jo

Je fuis donc en repos de ce côté-là. Mais je crains que vous ne foyez furpris de voir, que ce n'eft pas encore l'ouvrage que vous attendiez, & que ce n'en peut être que le préambule. Voici ce qui en a été la caufe.

à

Notre ami nous a avertis, dans la feconde Edition de fon Traité de la Nature & de la Grace, que pour le bien entendre, il feroit propos que l'on fçût les principes établis dans le livre de la Recherche de la verité ; & il a marqué en particulier ce qu'il y a enfeigné de la nature des Idées, c'est-à-dire, de l'opinion qu'il a que nous voyons toutes chofes en Dieu.

Je me fuis donc mis à étudier cette matiere, & m'y étant apliqué avec foin j'ai trouvé fi peu de vraisemblance, pour ne rien dire de plus fort, dans tout ce que notre ami enfeigne fur ce fujet, qu'il m'a femblé que je ne pouvois mieux faire, que de commencer par-là à lui montrer qu'il a plus de fujet qu'il ne penfe de fe défier de quantité de fpeculations qui lui ont paru certaines, afin de le difpofer par cette experience fenfible à chercher plutôt l'intelligence des mysteres de la Grace dans la lumiere des Saints, que dans fes propres penfées.

Je me perfuade, Monfieur, que vous en conviendrez avec moi, quand vous aurez confideré combien il est différent de lui-mê

me dans cette matiere des Idees, & combien y a peu fuivi les regles qu'il donne aux au tres pour raifonner avec jufteffe,

Vous en jugerez par la fuite de ce Traité. J'ajoûterai feulement que fi j'y ai donné quelque jour à une matiere, qui a paru jusques ici fort obfcure & fort embroüillée, ce n'a été qu'en m'attachant d'une part aux notions claires & naturelles que tout le monde peut trouver dans foi-même, pour peu que l'on faffe d'attention à ce qui fe palle dans fon efprit, en obfervant de l'autre les régles fuivantes, que j'ai cru à propos de mettre d'abord, afin que fi on les aprouve,on puiffe entrer de foi-même dans les mêmes veritez en fuivant le même chemin,

CHAPITRE I

Regles qu'on doit avoir en vûë pour chercher la vérité dans cette matiere des Idées & en beaucoup d'autres femblables.

C

Es regles font, ce me femble, fi raisonnables, que je ne croi pas qu'il y ait aucun homme de bon fens qui ne les aprouve, & qui au moins ne demeure d'acord qu'on ne fauroit mieux faire que de les obferver quand on le peut, & que c'eft le vrai moyen d'éviter

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