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faires de M. Descartes, qui n'ont point voulu demeurer d'accord de la folidité de fes preuves de l'existence de Dieu par l'idée de l'Etre parfait, fe font toûjours opiniâtrez à nier que nous aïons aucune idée de Dieu. C'eft une des ObjeЯions recueillis du gros Livre des Inftances de M. Gaflendy. Omnes homines Dei in fe ideam non animadvertere: Qu'il n'est pas vrai que tous les hommes puiffent trouver en eux l'idée de Dieu ,, A quoi M. Defcartes répond qu'en pre,, nant le mot d'idée, comme il l'a pris dans fes démonftrations, pour la perception que nous ,, avons d'un objet, perfonne ne peut nier qu'il

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n'ait en lui l'idée de Dieu, à moins qu'il ne di,, fe qu'il n'entend pas ce que veulent dire ces ,, mots la plus parfaite de toutes les chofes que nous puiffions concevoir car c'eft ce que tous les hommes entendent le mot de DIEU. Ör par ,, dire que l'on n'entend pas des mots auffi clairs ,, que ceux-là, c'eft aimer mieux fe réduire foi même aux dernieres extremitez, que d'avouer qu'on a cu tort de combattre le fentiment d'un ,, autre. A quoi je puis ajoûter qu'on ne peut ,, gueres s'imaginer de confeffion plus impie, que celle d'un homme qui dit qu'il n'a point d'idée de Dieu dans le fens que j'ai pris ce mot d'idée. Car c'est faite profeffion de ne le connoître ni », par la raison naturelle, ni par la foi, ni par quelque autre voie que ce foit ; puifque, fi on n'a nulle perception qui réponde à la fignifica

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tion du mot de DIEU ; il n'y a point de differen,, ce entre dire qu'on croit que Dieu eft, & dire qu'on croit que rien eft.

Et il ajoûte au même endroit, ce qui peut fervir de réponse à ce que dit cet Auteur, que rien de creé ne peut reprefenter l'être infini. Car c'étoit une inftance de ces mêmes Philofophes que nous comprendrions Dieu fi nous en avions l'idée. A quoi il répond que cette objection eft fans fondemens; car le mot de comprendre marquant quelque limitation, il eft impoffible qu'un efprit fini comprenne Dieu qui eft infini. Mais cela n'empêche pas qu'il n'en puisse avoir l'idée, c'est-à-dire la perception: comme je puis toucher une montagne, quoique je ne la puis pas embrasser. Et c'est auffi ce que cet Auteur reconnoit dans le lieu même que j'examine: Car il eft conftant, ditil, que l'esprit aperçoit l'infini, quoiqu'il ne le comprenne pas.

Je ne croi pas que l'Auteur même de la Recherche de la Verité puiffe rien trouver de plus plausible, › pour accorder les diverfes chofes qu'il dit de l'idée de Dieu, foit en l'admettant, foit en la niant: mais j'efpere qu'il en conclura luimême qu'il auroit bien mieux fait de s'en tenir à la notion que M. Defcartes en avoit donnée, qui eft la feule claire & diftin&te qu'on en puiffe avoir , que de s'en former une nouvelle, que nous avons fait voir par tout ce Traité n'être fondée que fur de faux préjugez, qui lui font

communs

communs avec les Philofophes de l'Ecole, mais qui l'ont engagé en de beaucoup plus grandes abfurditez, parce qu'il les a pouffez beaucoup plus loin qu'eux.

CHAPITRE

XXVII.

De l'origine des Idées. Qu'il n'y a aucune raison de croire que notre Ame foit purement passive, au regard de toutes fes perceptions, & qu'il eft bien plus vraisemblable qu'elle a reçu de Dieu la faculté de s'en former plufieurs.

I

L n'y a rien à quoi on doive plus prendre garde,pour bien traiter une matiere de science, que d'éviter la broüillerie & la confufion, qui arrive, quand on mêle ensemble des questions differentes. C'est ce qui m'a obligé de distinguer en plufieurs endroits de ce Traité ce qui regarde la nature des idées d'avec ce qui regarde leur origine, & de réserver à la fin à traiter de ce dernier point.

'Mais pour rendre la chofe plus claire, & prevenir des objections qui ne feroient point à propos, il faut remarquer deux chofes. L'une que je prens le mot d'idée pour perception, & dans le même fens que l'Auteur de la Recherche de la Verité l'a pris dans le 1. chapitre de fon Ouvrage. L'autre qu'il ne s'agit ici que des connoiffances purement naturelles, & non de la maniere dont le S. Efprit nous éclaire dans l'ordre de la grace. Cela

Cela fupofé, la question eft de savoir si toutes nos idées ou perceptions nous viennent de Dieu, ou s'il y en peut avoir, qui nous viennent de nous-mêmes.

L'Auteur de la Recherche de la Verité eft du premier fentiment, & il le foutient avec beaucoup de zéle en beaucoup d'endroits de fon Livre.

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Il fupofe dès l'entrée,, a que la premiere & la principale des convenances, qui fe trouvent ,, entre la faculté qu'a la matiere de recevoir dif,, ferentes figures & differentes configurations, & celle qu'a l'ame de recevoir differentes idées & differentes modifications, c'est que de même que la faculté de recevoir differentes figures & differentes configurations dans les corps eft entierement paffive, & ne renferme aucune ,, action: ainfi la faculté de recevoir differentes », idées & differentes modifications dans l'efprit ,, eft entierement paffive, & ne renferme aucu,, ne action.

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Et c'est la difference qu'il met entre l'entendement, c'est-à-dire, la faculté de notre ame, qui est capable de recevoir plufieurs perceptions : & la volonté, c'est-à-dire, celle de fes facultez, qui eft capable de recevoir plufieurs inclinations; en ce que cette derniere n'eft pas purement paffive comme la premiere.

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Car de même, dit-il, que l'Auteur de la Nature eft la caufe univerfelle de tous les mouvemens, qui se trouvent dans la matiere, c'eft

4 P. 3.

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auffi lui qui eft la caufe generale de toutes les , inclinations naturelles, qui fe trouvent dans les ,, efprits..... Mais il y a une difference fort

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confiderable entre l'impreffion ou le mouve,, ment, que l'Auteur de la Nature produit dans ,, la matiere, & l'impreffion ou le mouvement ,, vers le bien en général, que le même Auteur », de la Nature imprime fans ceffe dans l'efprit. Car la matiere est toute fans action : elle n'a ,, aucune force pour arrêter fon mouvement, ni le déterminer & le détourner d'un côté ›› pour plutôt que d'un autre. Mais il n'en eft », pas de même de la volonté, on peut dire en un fens qu'elle eft agiffante, & qu'elle a en ellemême la force de déterminer diversement l'in,, clination ou l'impreffion que Dieu lui donne. Car quoiqu'elle ne puiffe pas arrêter cette ,, impreffion, elle peut en un fens la détourner du côté qu'il lui plaît, & caufer ainfi tout le déréglement qui fe rencontre dans fes inclinations. Et c'eft ce qui lui fait dire dans les Avertiffemens, p. 483. Si l'on prétend que vouloir differentes chofes, c'eft fe donner differentes modifica tions, je demeure d'acord qu'en ce sens l'esprit peut fe modifier diversement par l'action que en lui.

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Dieu met

Voilà ce qu'il avoue au regard de la volonté, & de fes inclinations. Mais au regard des perceptions, il foûtient toûjours que notre entendement n'agit point, & qu'il ne fait que les recevoir

de

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