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voir dans l'idée de l'efprit que ce doit être une substance diftinguée réellement de la fubftance étenduë : voir dans l'idée de Dieu, c'est à dire, dans l'idée de l'être parfait,qu'il faut neceffairement qu'il exifte: voir dans l'idée d'un triangle qu'il faut neceffairement que ces 3. angles foient égaux à deux droits. On n'a befoin pour cela que de comprendre que notre esprit a le pouvoir de refléchir fur fes penfées ; & lorfqu'il a une fois la perception d'un objet de le confiderer avec plus d'attention.

On n'en peut pas peut pas douter: & c'eft d'où dé-, pendent toutes les fciences, fur tout les abftraites, comme la Metaphyfique, la Geometrie, l'Arithmetique, l'Algebre. Car on n'y fait autre chose que de concevoir nette ment & diftinctement les objets les plus fimples, à quoi fervent les définitions. Ony joint les raports les plus faciles à connoître entre ces objets fimples, ce qui fait les axiomes. Et de la par de fimples reflexions fur ces premieres connoiffances (& non fur des êtres reprefentatifs imaginaires) on tire cette chaîne admirable de conclufions, qui force par leur évidence tous les efprits raifonnables à s'y rendre, en vertu de cet unique principe: Que tout ce qui eft contenu dans la vraye idée d'une chofe c'est-à-dire, dans la perception claire que nous en avons ) en peut être affirmé.

avec

avec verité. Et il faut que ce foit Dieu qui nous ait donné une inclination invincible d'aquiefcer à cela, & de le prendre pour le fondement de toute la certitude humaine ; puifque, s'il y a des gens qui peuvent dire de parole qu'ils n'y acquiefcent pas, ils ne laiffent pas d'y acquifcer en effet, comme il paroît en ce que les fciences, où l'on s'aplique uniquement à confulter ces idées, c'est-àdire, les perceptions naturelles nous avons des chofes, & à penétrer ce qui eft enfermé dans ces idées, telles que font l'Arithmerique, l'Algebre, la Geometrie, fe font recevoir par tout le monde pour indubitables.

que

Mais, comme mon principal but dans ce chap. a été de demêler l'équivoque du mot immediatement, je déclare ici que, fi par con cevoir immediatement le foleil, un quarré, un nombre cubique, on entend ce qui eft opofé à les concevoir par le moïen des idées, telles que je les ai définies dans le chap.preces dent, c'est-à-dire, par des idées non diftinctes des perceptions: je demeure d'accord nous ne les voïons point immediatement ; parce qu'il eft plus clair que le jour que nous ne les pouvons voir, apercevoir, connoître,que

par

que

les perceptions que nous en avons, de quelque maniere que ce foit que nous les aïons. Mais il eft clair auffi que cela n'eft pas moins vrai de la maniere, dont nous conce

vons Dieu & notre ame, que de celle dont nous concevons les chofes materielles. Que fi par ne les pas connoître immediatement on entend ne les pouvoir connoître que par des étres representatifs diftinguez des perceptions je prétens que felon cefens, ce n'eft pas feulement mediatement mais auffi immediatement que nous pouvons connaître les chofes materielles auffi bien que Dieu & notre ame,c'està-dire, que nous les pouvons connoître fans. qu'il y ait aucun milieu entre nos perceptions & l'objet : je dis nos perceptions, parce que j'avoue que nous avons fouvent befoin de la perception refléchie outre la perception di recte, pour les bien connoître.

Tout ce que deffus étant fupofé, je croi pouvoir démontrer la fauffeté de l'hypothefe de ces êtres reprefentatifs. Car pour cela je n'ai befoin que de faire deux chofes. L'une de prouver clairement & évidemment que tous les principes & toutes les preuves,fur lesquelles on a bati cet édifice des idées, n'ont aucun fondement folide. L'autre de montrer que nous n'avons nulle neceffité pour connoître les chofes que Dieu a voulu que nous connuffions de ces êtres reprefentatifs, distinguez des perceptions. Et c'eft ce que j'efpere que l'on verra par les demonstrations fuivantes,

CHA.

CHAPITRE VII.

Demonftrations contre les idées prifes pour
des Etres reprefentatifs, diftinguez des
·Perceptions.

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N

Propofitions à démontrer,

Otre efprit n'a point befoin pour connoître les chofes materielles de certains êtres representatifs, diftinguez des perceptions, qu'on prétend être neceffaires pour fupléer à l'abfence de tout ce qui ne peut être par foi-même uni intimement à notre ame.

I. DEMONSTRATION.

Unprincipe, qui n'eft apuïé que fur une expreflion équivoque, qui n'eft vraïe que dans un fens, qui ne regarde point la queftion qu'on veut réfoudre par ce principe, & qui dans l'autre fens fupofe fans aucune preuve ce qui eft en question, doit être banni de la veritable Philofophie.

Or tel eft la premiere chofe que l'Auteur de la Recherche de la Verité prend pour principe /de ce qu'il veut prouver touchant la nature des idées.

Il ne pouvoit donc pecher plus ouvertement contre fes propres regles, qu'en commençant par là fon traité de la Nature des

adées.

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Idées. Et il ne peut l'avoir propofe comme indubitable, que faute de l'avoir bien examiné, & pour s'être laiffé prévenir d'un fentiment communement reçu par les Philofophes, n'aïant pas pris garde que c'étoit un refte des prejugez de l'enfance, qui n'étoit pas mieux fondé que cent autres qu'il a rejettez.

On ne peut nier la majeure, & l'Auteur de la Recherche de la Verité le fera moins que perfonne, vu le foin qu'il dit par tout que l'on doit prendre dans les fciences, de n'admettre pour vrai que ce dont la Verité nous est clairement connuë, & de ne s'en fier fur cela à l'autorité de perfonne.

Il ne refte donc à prouver quela mineure ce qui eft bien facile, fes paroles font. Tout le monde tombe d'accord que nous n'apercevons pointles objets qui font hors de nous par euxmêmes. L'équivoque eft dans ces mots, par eux-mêmes? car ils peuvent être pris en deux fens. La premiere qu'ils ne fe font point connoître à notre efprit par eux-mêmes, c'est-àdire, qu'ils ne font point la caufe que nous les apercevons: & qu'ils ne produifent point dans notre efprit les perceptions que nous avons d'eux: comme on dir que la matiere ne fe meut point de foi-même ou par foi-même, parce qu'elle ne fe donne point à foi-même fon mouvement. Ce premier fens eft vrais mais il ne fait rien à la queftion qui eft de la

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Na

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