dans fon mercure Philofophique fluide; & le tout étant mis à di gérer à la chaleur du fable en trois ou quatre jours, il fe réduifoit en argent-vif coulant avec la même facilité qu'un gros morceau de glace fe diffout dans de l'eau un peu

tiéde.

J'oubliois de faire observer qu'il faifoit trois opérations dif férentes: car il mettoit la grenaille d'or diffoudre feule, & celle d'argent de même, & il mettoit encore l'une & l'autre diffoudre ensemble. Ce qui me furprenoit davantage, c'eft que pour faire diffoudre la grenaille d'argent, ou bien la grenaillemoitié or moitié argent, il ne mettoit que parties égales de mercure, c'est-à-dire huit onces de grenailles avec huit onces de mercure mais pour diffoudre For feul, il mettoit le double de

mercure.

Les métaux étant diffouts, il prenoit ce mercure, & le mettoit dans une cornue pour le faire diftiller,& en une heure ou deux paffoit ou diftilloit une livre ou deux de ce triple mercure, fans qu'il reftât au fond de la cornue, qu'une dragme ou deux au plus de matiere, qui étoit plûtôt des impuretés adhérantes, que quel que chofe de leur véritable subftance.

Il a fait plufieurs fois en ma préfence ce mélange de la gre naille avec le mercure qu'il mettoit enfuite en diftillation, laquelle fe faifoit plus facilement que celle du mercure vulgaire. J'attribuois cela à ce que les corps du Soleil & de la Lune étant ouverts, leur chaleur intrinféque étant paffée de la puiffance à l'acte, elle agiffoit auffis fur le mercure commun auquel alle fe communiquoit ; & d'ail

:

leurs le mercure que j'appelle commun, n'étoit pas le mercure ordinaire je l'appelle commun par rapport aux autres plus préparés; car il étoit dépouillé d'u ne partie de fes impuretés groffieres, ce qui le rendoit beaucoup plus léger, & par conféquent plus volatil que le mercure commun qui fe vend chez les A poticaires. C'eft de ce triple mercuc'est-à-dire de ce mercure compofé d'égales parties d'or & d'argent, auquel il ajoutoit le même poids de mercure Philofophique, qu'il compofoit fa Pierre, de la maniere que nous. dirons dans peu.

re

Mais je ne puis m'empêcher auparavant de remarquer qu'il femble que cette maniere d'opé rer eft toute différente de celle de la plupart,& pour mieux dire, de tous les Philofophes, qui ont écrit qu'il ne faut pas mêler l'or

avec l'argent ; mais qu'il faut le mercure & l'or pour faire la Pierre au rouge, & le mercure & l'argent pour faire la Pierre au blanc. Pour notre Philofophe, il en ufoit tout autrement,car après la réincrudation de ces deux corps, comme j'ai dit ci-devant, il les fondoit enfemble; & les ayant jettés en grenaille, il les mettoit en égale quantité de mercure; & après leur diffolution, les ayant diftillés, il en réfultoit fon triple mercure dont il fe fervoit pour faire la Pierre, comme on le va voir.

Il mit ce mercure dans un petit matras de verre au feu de lampe: il s'embaraffoit peu que le vaiffeau fût trop grand ou trop petit, & même il vouloit qu'il reftât plutôt fept ou huit parties de vuide, que moins. 11 ne bouchoit fes vaiffeaux qu'avec un bouchon de liége, fans autre

façon; & dans toutes les différentes opérations, il avoit une facilité que je n'avois jamais vûe dans aucun Artifte: car il prenoit un creufet au milieu du feu le plus ardent, fans précaution & fans jamais le manquer: il manioit tous les vaiffeaux de quelques matieres qu'ils fuffent, avec une adreffe incompréhensible. Enfin rien ne l'embaraffoit, de telle maniere qu'il travaillât. Il ne s'attachoit pas non plus trop fcrupuleufement aux dégrés du feu, pourvû qu'il fût lent & pe

tit.

Ce fut le 25 Avril de l'année 1717, qu'il mit plufieurs vaiffeaux dans le four à lampe. Ces vaisseaux, comme j'ai fait remarquer, n'étoient bouchés que de liége, même affez négligemment: mais pour le four, il étoit bien fermé, hors très peu dé jour pour empêcher que la lam