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commun, comme une demie-livre quand le mercure étoit chaud; il mettoit une portion convenable de fes deux poudres tranfmutatives blanche & rouge, c'est-à-dire qu'il mettoit ces deux différentes poudres en mê me tems; & augmentant le feu de plus en plus, autant de tems qu'il le jugeoit à propos, il retiroit le creufet du feu, & le laiffoit refroidir, après quoi il en tiroit une maniere d'œuf dur,où fe trouvoit une boulle d'or qui fembloit être un jaune au milieu de l'argent qui formoit le blancs & ce qui caufoit encore une autre furprise, c'est qu'en donnant un coup de marteau fur cet œuf, le jaune fe détachoit du blanc, de maniere que l'on avoit l'or pur d'une part, & l'argent pur de l'autre, fans aucun mélange de l'un avec l'autre.

Je croyois, avant que d'avoir

vû cette opération, qu'il n'étoit pas poffible de la faire à moins d'avoir fixé auparavant le mercure en or ; & qu'après l'avoir laiffé coaguler en diminuant le feu, on mettoit enfuite d'autre

mercure pour le fixer au blanc. Mais non: tout fe faifoit dans le même tems. Quoiqu'il prît beaucoup de précaution pour fe cacher quand il faifoit cette opé ration, qu'il a plufieurs fois faite en ma présence, & qu'il fit fon pollible pour que je ne viffe pas ce qu'il faifoit, afin apparemment de me rendre la chofe plus furprenante; je n'ai pas laiffé que de remarquer quafi toutes les fois qu'il l'a faite, qu'il y ajoûtoit une troifiéme poudre, qui fervoit fans doute à faire cette féparation, & à empêcher les deux différentes matières de fe joindre. Ce qui me confirmoit encore cela, c'eft qu'en faifant

fondre la terre d'une miniere où il y avoit diverses métaux, & même tous les métaux enfemble, il y jettoit une poudre qui me paroiffoit la même qu'il mettoit quand il faifoit fon œuf d'or & d'argent,dont je viens de parler; & on trouvoit, après qu'on avoit retiré du feu le creufet, & laiflé refroidir; on trouvoit, dis-je, tous ces métaux féparés par couche, l'or au fond comme le plus pefant,l'argent audeffus,le cuivre enfuite, après le plomb, l'étain fur le plomb, & enfin le fer, qui fe détachoient facilement les uns des autres, & étoient tous très épurés. Il n'y a point d'Or. févre ni d'Afineur qui ne voulût pofféder un tel fecret.

Paffons à quelque chofe de plus curieux & de plus effentiel, qui en faifant plaifir à la vûe, peut encore prouver que les métaux ont en eux une véritable fé

mence & un vrai efprit végétable, auffi-bien que les plantes; lequel agit de la même maniere quand il eft mis en liberté,& qui étant dégagé des liens de la corporéité trop épaiffe & trop re, peut agir & faire paroître fa vertu. Le nom de miniere que notre Philofophe donnoit à cette chofe, le fait affez connoître.

du

Il prenoit un bouteille ronde de cristal le plus blanc que faire fe pouvoit, de la hauteur d'un pied ou environ, & large à proportion, portant à peu près quatre pouces de diametre, & trèsforte. Comme il n'en trouvoit pas aifément chez les Fayanciers, il prenoit la peine d'aller à la Manufacture de Chaillot commander ces fortes de bouteilles, qu'il nommoit affez ordinairement flacons, & plufieurs autres vaiffeaux de diverfes manieres, dont il avoit befoin..

Dans le fond de cette bouteil, le ou flacon, il mettoit une maniere de terre minerale qui approchoit beaucoup du lapis la Zuli, du foufre commun préparé & d'autre foufre mêlé de mercure il versoit par-deffus deux fortes de mercure, d'or & d'argent, qui étoit le même triple mercure dont il fe fervoit pour faire la Pierre, & un autre mercure philofophique préparé à cet effet. Quelque chofe que. j'aye faite pour fçavoir fice mercure philofophique étoit le mê-, me que celui dont il fe fervoit pour diffoudre les métaux, il ne m'a pas été poffible d'y réuffir; & quoiqne je lui aye demandé plufieurs fois & de différentes manieres, il me répondoit toujours que non, & que celui qu'il

mettoit dans ce flacon étoit animé, de maniere qu'il étoit fpécifique pour la végétation. Il jetII

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